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Assemblée plénière des évêques - Novembre 2019

Du 5 au 10 novembre 2019, les évêques de France se retrouvent à Lourdes, comme chaque année, pour une session de travail et de réflexion commune. L’Assemblée plénière est l’organe ordinaire d’expression de la Conférence des évêques et de son activité collective. Elle a le pouvoir de légiférer selon les normes prévues dans le décret Christus Dominus et tous les organismes qu’elle institue sont responsables devant elle.

Témoignages et réactions post-Assemblée

Comme l’ensemble des évêques présents à Lourdes, Mgr Denis Moutel est accompagné de Pierre Chesnot, agriculteur en élevage laitier bio à Bégard (22) et d’Elise Barreaud, membre du groupe de déploiement du label « Église Verte » sur la paroisse de Lannion.

Après l’assemblée de Lourdes :
l’urgence de la conversion écologique

Les 4 et 5 novembre 201, pendant 36 heures, il s’est passé quelque chose d’étonnant à Lourdes : l’assemblée des évêques de France s’est élargie de manière inédite. Nous avions accueilli deux invités par diocèse pour aborder la question majeure de l’écologie intégrale et de ses enjeux pour la sauvegarde de la création et pour l’annonce de l’Évangile. En nous serrant un peu dans l’hémicycle, nous sommes passés de 120 à 350 personnes.

Au terme de cette expérience heureuse, l’un des participants a pu dire tout de même : « Merci aux évêques ! mais bon courage à eux qui ont entendu tellement de choses pour la première fois et en si peu de temps. » Même si Elise Barreaud (paroisse de Lannion) et Pierre Chesnot (paroisse de Bégard) m’avaient largement préparé au cours du voyage vers Lourdes, je dois reconnaître que les plus jeunes (plus jeunes que moi en tous cas) sont largement plus éveillés aux dommages que nous causons à la planète et ils sont déjà acteurs de changements de bien des manières.

Cet éveil de la conscience -et la responsabilité qui va avec- est bien sûr porté par des informations qui sont maintenant accessibles à tous. Mais c’est toujours un choc de réentendre ensemble ce que nous avions pu recevoir -un peu- chacun de notre côté : quand la planète se réchauffe inéluctablement, quand les océans contiennent plus de plastique que de poisson, quand nous voyons disparaître massivement les insectes, quand la nature est sollicitée sans mesure pour produire les biens que nous demandons, quand il faut un emballage sophistiqué et de grande dimension pour vendre une modeste clé USB etc …

Mais les six témoins que nous avons pu entendre (ainsi que deux théologiens) ne nous ont pas laissés abattus ni sans espérance. Ils nous ont expliqué, en effet, qu’en changeant -un, peu, beaucoup, passionnément- leurs manières de vivre, ils ont pu vivre une expérience plutôt humanisante et même joyeuse. Au fond, la conversion écologique invite sans cesse à passer de la menace à la promesse, de la peur (ou de l’aveuglement) à la responsabilité, de la contrainte à des choix plus libres pour parcourir les chemins d’une sobriété heureuse : moins de biens mais plus de liens. Et c’est un autre prochain que l’on découvre alors, au-delà de nos familles et de nos voisinages, ceux qui sont loin et ceux qui viendront au monde demain. Nos modes de vie pèsent dès maintenant sur les uns et sur les autres.

Avec le cri des pauvres, le pape François nous appelle à entendre la clameur de la terre (voir l’encyclique Laudato Si). C’est notre responsabilité pour l’annonce de l’Evangile. Qu’allons-nous faire dans notre diocèse ? Je ne connais pas toutes les étapes de ce qui est engagé, mais nous aurons sûrement à vivre des pas de conversion : renouveler notre foi en Dieu créateur et Sauveur et faire l’examen de conscience de nos choix personnels et collectifs, en Église aussi, dans le sens d’un plus grand respect de « notre maison commune » et de tous les hommes qui l’habitent.

Merci à Elise et Pierre, les deux invités de notre diocèse. Ils vous disent aussi ce qu’ils ont vécu dans ces deux journées marquantes.

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Vers une théologie de l’écologie ?

En septembre dernier, j’ai répondu à la demande de Mgr Moutel de participer à la conférence des évêques de France. Pour la première fois dans l’histoire, la demande a été faite à l’ensemble des évêques de France de venir accompagnés de 2 laïcs.

« La transformation écologique et la mise en cause de nos habitudes de pensée et de vie, opportunité formidable de faire briller les lumières de la Révélation divine.« , tel était le thème des débats pendant un jour et demi.

J’ai donc été appelée à témoigner du travail porté par le groupe Eglise Verte de la paroisse de La Bonne Nouvelle. L’autre laïc invité était Pierre Chesnot, éleveur de vaches laitières en bio à St Laurent en Bégard, baptisé en 2015, acteur diocésain engagé pour le catéchuménat.

On peut regretter que l’Église se saisisse tardivement de cette thématique alors qu’elle devrait être la première pour la sauvegarde de la Création. C’est cependant avec joie qu’on peut accueillir la nouveauté de l’invitation des laïcs dans les débats.

A Lourdes, nous avons entendu six témoignages : acteurs sociaux, chrétiens, chercheurs, responsable d’entreprise. Ils ont parlé de leur prise de conscience, de leurs tiraillements entre foi chrétienne,  écologique et la réalité de leur vie, de leurs parcours de vie impliqués dans des actions écologiques, de leurs interrogations et l’urgence de questionner notre société de loisirs.

Ces  témoignages qui ont pu remuer certains ont été la base des échanges en diocèse (évêque + 2 laïcs) puis en plus grands groupes.

Des éléments de relecture ont été apportés par Eléna Lasida (professeur, économiste en lien avec la théologie) et Fabien Révol (théologien spécialiste de la Création) comme entre autres : La nécessité de la communion, avec le Christ, entre nous, mais aussi avec la Création, la nécessité d’une écologie de l’espérance à contre-courant du catastrophisme, inacceptable pour les chrétiens et la nécessité de définir le péché écologique (un acte qui s’oppose au projet du Créateur est négation de la sagesse divine).

Les travaux en diocèse qui ont suivi nous ont permis de dégager des suggestions pour notre diocèse :

  • un diaconat de l’écologie intégrale
  • un engagement du diocèse pour l’écologie intégrale, par la création d’une fonction pouvant interroger, le diocèse sur l’ensemble de ces projets
  • la proposition de formation à une théologie de l’écologie

Ces pistes sont à l’état de réflexion, elles feront l’objet de débats et discussions.

Pour le moment, il est prévu de nous retrouver encore à trois pour initier un projet ou un plan d’actions diocésain.

Alors que tous les évêques n’ont pas la même sensibilité ou degré d’information quant à la crise écologique actuelle, j’ai eu le sentiment fort que Mgr Moutel était ouvert à l’échange et prêt à entendre des avis divergents.

Les évêques dans leur ensemble ont convenu de la nécessité pour l’Église de s’emparer du sujet, en s’appuyant sur un support théologique qui est encore à construire.

Ces journées ont aussi été le lieu d’échanges nombreux avec les laïcs de toutes la France, dont les projets, les préoccupations, les modalités étaient tous passionnants à découvrir et à partager.

Sur la paroisse de la Bonne Nouvelle, cela nous renforce dans les projets sur lesquels nous travaillons déjà dont ceux pour lesquels vous avez voté lors de la kermesse : en priorité le travail sur nos déchets, sur nos fournisseurs, la nécessité de proposer des lieux d’échange et de formation/information.

Elise Barreaud
Responsable de la commission Eglise verte

J’ai été très heureux de participer à cette première expérience entre évêques et laïcs, réunis à Lourdes, pour parler d’un sujet qui me tiens à cœur depuis toujours, notre maison commune. Tout d’abord, il y a eu l’encyclique du Pape François, Laudato Si’, qui a été un cadeau du Saint-Esprit. Deux choses prenaient corps ensemble, l’Évangile et l’écologie.

Mgr De Moulins-Beaufort a ouvert l’assemblée en parlant de contrainte écologique. Je n’étais pas d’accord avec l’expression. Et de fait, après l’éclairage des différents intervenants, croyants ou non croyants, nous sommes passés de la contrainte, à l’opportunité d’une conversion à l’écologie intégrale.

Ce temps passé ensemble, dans la prière, l’écoute, l’échange, et les moments de repas très conviviaux, étaient habités  de sagesse. Le beau fruit qui en est sorti, même si l’avenir n’est pas sans difficulté en tout genre, c’est l’Espérance.

L’évangile est éminemment écologique. Que l’on conteste ou pas le changement climatique, notre prise de conscience et l’adaptation à ce qui arrive, demande une belle réponse et l’intelligence de notre cœur.

Pierre Chesnot
Agriculteur en élevage laitier bio

Discours de clôture de l'Assemblée plénière

Discours d'ouverture de l'Assemblée plénière

"Examen de conscience écologique" à Lourdes

Les clés de lecture de l’Assemblée plénière

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