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Retour sur la "Folle journée" organisée par le MCR à Tréguier

Le Mouvent Chrétien des Retraites en Côtes d’Armor a organisé, le 24 juin dernier à Tréguier, une Folle Journée sur fond de musique et de danses bretonnes autour du thème : « Un regard sur l’amitié sociale et sa puissance de vie ».

© Jean-Louis Kervizic

Tréguier, berceau de l'amitié sociale

La Folle Journée connaît ce jour-là une belle affluence à Tréguier et une certaine effervescence…  Quoi de plus naturel ! Ce n’est pas un hasard si la ville de Tréguier a été choisie pour accueillir la Folle Journée : n’est-elle pas le berceau de l’amitié sociale en Bretagne grâce à l’action de Saint Yves, qui en a été le précurseur et l’artisan ?

Des mouvements d’action catholique et associations de laïcs, associés à ce temps-fort, sont venus témoigner de leur manière de vivre l’amitié sociale dans leurs initiatives et questionner Éléna Lasida, professeur à l’Institut Catholique de Paris (ICP). « L’amitié sociale est fraternité quand elle est proximité avec les personnes fragiles. L’amitié sociale est culture de la rencontre quand elle est projet de société, quand elle fait lien avec la démarche synodale. L’amitié sociale est dialogue quand je me laisse déplacer par l’autre, quand j’apprends de l’autre. »

Paroles de témoin …

« Je remercie le MCR d’avoir organisé cette journée sur la question de la fraternité sociale et de l’avoir ouverte non seulement aux autres mouvements mais à toute personne intéressée.

Tous les ingrédients de cette journée ont été pour moi très stimulants. Je retiens notamment la créativité et le dynamisme dont les mouvements font preuve pour mettre en œuvre cette fraternité qui prend source dans notre vocation de baptisé.

J’ai trouvé également très inspirante la volonté de faire dialoguer les témoignages et la réflexion théologique et pastorale : le matin, entre les expressions des mouvements et les apports d’Elena Lasida, et l’après-midi, à travers l’intervention de l’abbé Guillaume Caous qui, à partir des paroles de témoins de la vie de saint Yves recueillies lors du procès de canonisation, a ouvert des pistes pour renouveler la qualité de notre fraternité aujourd’hui.

Enfin, je reçois l’invitation d’Elena Lasida à faire un pas de plus : non pas seulement inviter les autres aux événements que notre service ou notre mouvement organise, mais organiser quelque chose de nouveau ensemble. Il faut sortir de soi, lâcher ses certitudes et ses habitudes, pour oser rencontrer l’autre en vérité. « Le résultat du dialogue n’est pas le compromis mais la co-construction » (Elena Lasida). Le dialogue et la fraternité nous poussent donc à repenser nos activités et nos modes de fonctionnement. »

Jennifer Airault
Responsable du Service Diocésain de Catéchèse et du Catéchuménat.

Pour l’abbé Guillaume Caous, curé de Tréguier, Saint Yves est un modèle de fraternité. Il n’a de cesse que d’élargir sa famille au-delà des liens du sang. Il va à la rencontre des malades à l’hospice trop souffrants pour aller vers lui. « Il ne réserve pas son amour à ceux qui lui ressemblait ». Saint Yves est promoteur de la conciliation qui oblige à l’écoute, au dialogue. L’abbé Guillaume Caous a invité « à faire fleurir la fraternité, à se donner les moyens de vivre en frères et sœurs et à être des facilitateurs de l’amitié sociale ».

L'amitié sociale, de quoi parle-t-on ?

Les organisateurs de la journée nous donnent leur éclairage…

L’amitié sociale, une notion chère au cœur du Pape François. Ainsi, lorsqu’il était évêque à Buenos-Aires, il en parlait déjà. Dans ses écrits, dès le début de son pontificat, en 2013, il  la met en valeur dans Évangélli Gaudium, et plus encore dans Fratelli Tutti, dont il en fait une question majeure. Pourquoi cette insistance du Pape à vouloir promouvoir l’amitié sociale ? Face à un monde qui se délite, il y voit un moyen d’affronter ensemble les difficultés d’aujourd’hui et surtout de demain, de remettre en cause l’individualisme.

Pour le Saint Père, l’amitié sociale, c’est l’amour chrétien déployée dans les relations humaines. Quoi de plus naturel que les chrétiens soient les premiers à s’engager sur ce « faire ensemble ». Alors, on peut se demander pourquoi cet amour ne fait-il pas plus avancer les choses ? Une chose est sûre, le Pape croit en la capacité des hommes à construire dans l’amitié sociale un monde nouveau.

La Folle Journée de Tréguier a été l’occasion de découvrir que l’amitié sociale peut être portée par des femmes et des hommes de bonne volonté, quel que soit l’âge pourvu qu’ils se placent dans la logique de l’émerveillement, de la fragilité, de la puissance créatrice et de la solidarité.

Paroles de témoin …

« C’est avec grand plaisir que j’ai pu revoir bien des visages connus et d’en découvrir d’autres, tous animés par la joie de se retrouver et de partager nos riches expériences vécues au cours de cette campagne d’année.

La conférence sur l’amitié sociale, expression relativement nouvelle et si chère au Pape François m’a permis d’élargir les horizons de cette fraternité qui va bien au-delà de nos différences sociales, culturelles ou religieuses, elle dépasse la notion de solidarité au sens juridique du terme. Elle consiste à agir tous ensemble pour le bien du tout, à aimer l’autre sans limites même s’il nous apparait très éloigné de nos propres convictions. J’ai à l’esprit l’exemple de Madeleine Delbrêl (1904-1964), cette militante sociale qui a vécu à Ivry-sur-Seine auprès des communistes qui sont devenus ses amis. Ils ont travaillé de concert à l’amélioration de la condition ouvrière et à plus de justice sociale faisant éclater ainsi toutes les classifications habituelles.

Une autre belle figure de l’amitié sociale est Charles de Foucault, lui qui a vécu auprès des musulmans à Tamanrasset et qui disait « je suis ici non pas pour les convertir mais pour essayer de les comprendre ». Il a découvert que les frères que Dieu lui donnait à aimer, c’étaient ces Touaregs si différents de lui et c’est ainsi qu’il est devenu le frère universel.

Enfin, je fus particulièrement touchée par l’exposé sur St Yves, cet avocat des pauvres, pionnier des règlements amiables des conflits. Ses qualités personnelles, sa bienveillance faisaient que les parties en conflit s’en remettaient à lui car elles connaissaient son sens de l’équité. C’était un grand « faiseur de paix » évitant ainsi bien des tourments aux personnes qui venaient le consulter.

Un grand merci pour cette belle journée méditative et aussi festive grâce à la musique et la danse bretonne. J’y vois une invitation à ouvrir encore plus grand notre cœur. Dieu nous a créés pour la communion dans la différence. »

Marie Thérèse Paquereau
Responsable de l’équipe MCR de Moncontour-Trédaniel

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