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Le Pape François reprend ses voyages avec l’Irak en mars 2021

Ce sera le premier voyage du Pape depuis novembre 2019. L’annonce en a été faite par la Salle de presse du Saint-Siège, lundi 7 décembre. Le Pape François visitera cinq lieux irakiens, Bagdad, la plaine d’Ur, Erbil, Mossoul et Qaraqosh, du 5 au 8 mars 2021. Ce voyage apostolique historique est conçu pour laisser une empreinte de paix dans ce pays blessé. Le programme détaillé du voyage du Pape en Irak a été officialisé par la Salle de presse du Saint-Siège, lundi 8 février 2021.

Le programme du voyage officialisé

À son arrivée à l’aéroport international de Bagdad, vendredi 5 mars, le Pape François sera reçu par le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi. Il rejoindra tout de suite après le palais présidentiel pour une cérémonie officielle de bienvenue. Elle sera suivie d’un entretien de courtoisie avec le président de la République irakienne, Barham Salih. Puis, toujours au palais présidentiel, une rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique irakien aura lieu. Cette première journée sera conclue par une seconde rencontre d’importance, celle avec les évêques, prêtres, religieux et séminaristes du pays, en la cathédrale syro-catholique Notre-Dame-de-l’Intercession de Bagdad. Une cathédrale où 44 fidèles ont péri dans un attentat djihadiste en octobre 2010.

Le lendemain, samedi 6 mars, le Souverain pontife se rendra à Nadjaf à 200 km au sud de la capitale pour un échange inédit avec le Grand Ayatollah Ali Sistani, la plus haute autorité musulmane chiite en Irak, avant de participer à une rencontre interreligieuse à Ur au milieu des «plaines d’Abraham». Retour en fin de journée à Bagdad pour une messe avec le clergé chaldéen en la cathédrale latine Saint-Joseph.

Dimanche 7 mars, le Pape ira à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, mais aussi à Mossoul et Qaraqosh dans la plaine de Ninive à la rencontre des communautés chrétiennes ayant fui les exactions du groupe État islamique. Avant de repartir pour Rome, lundi 8 mars, clôturant ainsi quatre jours de proximité intense avec un peuple qui continue de souffrir de la guerre, et que le Pape Jean-Paul II avait rêvé, lui aussi, de visiter, François célébrera une dernière messe à Erbil en fin de journée dimanche.  

Réaction de Mgr Pascal Gollnisch

« Les liens entre les chrétiens d’Irak et l’Église de France sont intenses et anciens. Beaucoup de prêtres, devenus évêques, voire patriarche sont passés par le séminaire Saint-Jean, en Irak [ndlr : bâti par les dominicains en 1878 à la demande du pape Léon XIII] », explique Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient depuis 2010. L’annonce du « voyage du Pape nous a bouleversé, c’est important pour l’Irak tout entier mais aussi pour le Moyen Orient. C’est une lumière. »

Il y a dix ans, s’est tenu un synode qui a donné lieu à l’encyclique « Ecclesia in medio oriente » du Pape Benoît XVI aux patriarches, aux évêques, au clergé, aux personnes consacrées et aux fidèles laïcs sur l’Église au Moyen-Orient. « C’est un grand texte pontifical. Le Saint-Père avait voulu venir au Liban y rencontrer les évêques et leur remettre en main propre de ce texte. Je suis de ceux qui désirerais un nouveau synode aujourd’hui », en appelle Mgr Pascal Gollnisch.

Le directeur de l’Œuvre d’Orient assure que même si « les chrétiens sont peu nombreux au Moyen Orient, bien que dix millions en Égypte, leur rôle va bien au-delà de leur nombre. Ils sont des vecteurs d’espérance ». Mgr Pascal Gollnisch assure que « beaucoup de musulmans souhaitent cette présence chrétienne et une majorité aimeraient le retour des chrétiens à Mossoul. Quand les chrétiens quittent l’Irak, ce n’est pas avec plaisir. C’est crucifiant de quitter sa Terre ».

Réaction du Cardinal Sako

Réaction de Sa Béatitude le cardinal Louis Raphaël 1er Sako, Patriarche de Babylone des Chaldéens à la suite de l’annonce du prochain voyage du Pape François en Irak du 5 au 8 mars 2021. Après quinze mois d’interruption à cause de la pandémie, le Souverain Pontife reprend ses visites pastorales à travers le monde. Une manière pour le Pape de manifester sa proximité avec un pays marqué par les exactions de Daesh contre les chrétiens.

Réaction de Père Amir Jajé

« Le dialogue interreligieux est au cœur de cette visite du Pape François. En Irak, deux sortes de dialogues sont importants : un dialogue de vie et un dialogue du vivre-ensemble », souligne le Frère Amir Jajé, dominicain irakien, est membre du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux depuis 2012 et fondateur au Conseil irakien pour le dialogue interreligieux (2013). « Ce dialogue de vie a été blessé par les guerres et le sectarisme religieux. D’où l’importance que des institutions et des ONG ont pu favoriser ce dialogue. »

« Avant d’appartenir à une religion, nous sommes des Irakiens. Les jeunes sont révoltés face aux guerres de religions, ils veulent une souveraineté irakienne. Les jeunes en activité veulent changer les choses et recherchent la vie. On a assez de morts », insiste Frère Amir Jajé, qui fut 2011 à 2014 provincial du Monde arabe pour la Province dominicaine de France. Dans le cadre de son voyage, « le Pape François a choisi le thème de son encyclique ‘Tous frères’. Nous sommes tous frères, tous fils d’Abraham, que l’on soit catholique, musulman ou juif. Nous sommes tous disciples de cette même Église Universelle », rappelle-t-il.

Une volonté d’aller en Irak déjà en 2019

Ce voyage représente résolument un geste concret de proximité à toute la population de ce pays martyrisé. François avait clairement exprimé son intention de visiter l’Irak le 10 juin 2019, lors de l’audience aux participants à la Rencontre des œuvres d’aide aux églises orientales, la Roaco.  «Une pensée récurrente m’accompagne en pensant à l’Irak– avait-il déclaré, partageant sa volonté d’y venir en 2020- et souhaitant que le pays «puisse regarder vers l’avant à travers la participation pacifique et partagée à la construction du bien commun de toutes les composantes – y compris religieuses – de la société, et ne retombe pas dans les tensions venant des conflits jamais éteints des puissances régionales », avait déclaré le Saint-Père devant la ROACO (Réunion des Œuvres d’Aide aux Églises Orientales) de sa volonté d’aller en Irak en 2019.

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