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Portail ado 2022 : « La jeunesse : une terre sacrée ! »

Jeudi 10 et vendredi 11 mars, s’est déroulé le Portail Ados 2022 à l’abbaye de Saint-Jacut sur le thème « La jeunesse, une terre sacrée ! ». Cette session de formation annuelle est destinée aux animateurs, aux responsables de jeunes, aux diacres et aux prêtres accompagnateurs, mais aussi à toute personne intéressée par le sujet. Ces journées sont organisées en partenariat avec l’Aumônerie de l’Enseignement Public, le service de catéchèse, la Pastorale des jeunes et l’Enseignement Catholique de la Province ecclésiastique de Rennes.

Durant la journée du 10 mars, Madame Cholvy, professeur honoraire de théologie à l’Institut Catholique de Paris, a permis aux participants de réfléchir sur des notions d’anthropologie.

  1. « Quel sens, quel avenir ? » / L’humain promis à la vie de communion avec Dieu

La promesse de la vie avec Christ en Dieu (« aujourd’hui, tu seras avec moi au paradis », Lc 23,43) donne son orientation à la vie humaine, aussi difficile que soit cette dernière. Les images pour exprimer cette vie du Royaume sont nombreuses, mais dans leur diversité, elles doivent, pour être pertinentes, renvoyer au temps présent : regarder autrement la mort (ce n’est pas la fin de tout) ; s’autoriser à imaginer un autre monde (contre le fatalisme) ; écouter ses désirs de changement (ne pas sous-estimer l’élan de tout humain vers la vraie vie, la zoé et pas seulement la bios) ; penser et vivre un corps promis à la résurrection ; etc.

  1. « Quelle origine, quel fondement ? » / L’humain, un être vivant créé

Affirmer l’être humain créé et un Dieu créateur par sa Parole (cf. Gn 1) et qui maintient tout le réel par son souffle (énergie, dynamique…) consiste à se recevoir et à percevoir la dynamique du devenir, que ce soit pour la nature, pour l’histoire, et aujourd’hui pour la technique. Expérimenter et penser le réel et l’humain comme créés instaure à la fois une responsabilité humaine (réponse et actions de prise en charge) et l’intégration des limites comprises comme bonnes (cf. Gn 2,16-17).

  1. « Comment regarder lucidement le présent et vivre ? » / Difficile liberté, là où tout est grâce

Mais en fait, la relation entre les humains et Dieu est problématique. Elle est marquée par le refus des humains de l’alliance proposée incessamment par Dieu, ce qu’on appelle le péché. Notion complexe, qui va des actes peccamineux que nous posons librement, au constat que l’être humain est « un être-exposé au péché » qui peut refuser volontairement la proposition divine, jusqu’à la situation commune involontaire dans laquelle nous naissons tous. La lucidité chrétienne consiste à prendre la mesure de nos actes et de notre refus personnel et collectif. La foi chrétienne confesse que seul le Christ, par sa vie livrée (cf. l’hymne de Ph 2,6-11), délivre chacun et tous de cette situation, de sorte qu’il est possible de comprendre qu’aucune auto-justification n’est plus nécessaire car « qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1Co 4,7). Il n’est pas question de « mériter » son salut, c’est-à-dire la réconciliation avec Dieu, puisqu’elle est offerte par Jésus Christ ; il suffit d’y adhérer par la foi, qui est elle-même un don à recevoir et d’accueillir que c’est « pour la liberté que Christ nous a libérés » (Ga 5,1).

Cette journée s’est terminée par une veillée sous forme de récit biblique proposée par Virginie Mercier, membre du service de catéchèse et de catéchuménat du diocèse de Saint-Brieuc.

Durant la journée du vendredi, les participants ont pu suivre l’intervention de Ségolaine Moog, directrice du Service national pour la protection des mineurs auprès de la Conférence des Evêques de France, depuis 2022.

Celle-ci est notamment revenue sur la question des abus sexuels en Église. « Je vais essayer de vous donner quelques repères pour une attitude ajustée auprès des jeunes. Le sujet n’est pas anodin, il peut faire peur. Je vous invite, et je m’inclus dedans, à beaucoup de délicatesse », ainsi a-t-elle introduit son propos. « On est affecté par le sujet qu’il faut assumer collectivement. Collectivement aussi, nous avons une responsabilité. Ce n’est pas simple d’entrer dans cette réflexion. Notre pratique ecclésiale se doit être tournée vers la sollicitude du Christ, et non pas vers une toute-puissance. » Ségolaine Moog a tout de suite souligné l’importance et le poids des mots utilisés, et notamment le premier d’entre tous : les « abus ». « C’est le terme générique utilisé dans la presse, les débats, entre nous. Nous parlons de la crise des abus dans l’Église » ; rappelant qu’en France, « un abus est un excès » alors qu’ici, il n’en est rien de moins que « de la violence et de l’agression ». « Le Pape François désigne les lieux abusifs sur lesquels nous avons de vrais leviers d’action : l’abus d’autorité, l’abus de pouvoir, l’abus de conscience, l’abus de confiance et l’abus spirituel », rappelle Ségolaine Moog. « Mais attention, tout abus d’autorité n’amène pas forcément à la violence physique, mais 100% des violences physiques sur des personnes fragiles sont des abus de pouvoir. »

La directrice du Service national pour la protection des mineurs auprès de la Conférence des Évêques de France a redit que le propre même d’un enfant est qu’il est « en construction » et que toute forme de violence est « une trahison de la relation », soulignant aussi que l’emprise, d’une manière générale, était « un phénomène complexe » dont le but est de « mettre la main sur la liberté de l’autre à laquelle il n’a pas accès ». Ségolaine Moog a tout de suite ajouté que « l’emprise n’était pas la même chose que l’influence ». « Ne craignez pas l’influence positive ! Aussi, l’autorité n’est pas une mauvaise chose, c’est l’abus d’autorité qui mène à un mauvais chemin. » Celle-ci a appelé les participants à se former à l’empathie, « qui n’est pas une qualité mais une compétence ». « Être empathique s’apprend, c’est ce qui me permet de me connecter au registre émotionnel de l’autre. Éduquer à l’empathie est un bon levier pour lutter contre les violences ». Se former, donc, pour savoir agir face à des situations complexes selon elle, car « qu’on ait peur d’intervenir, peut-être ! Mais ne rien faire n’est jamais une solution. Nous devons apprendre à lire les signaux faibles ».

Après un temps en sous-groupes, qui a permis aux participants de se confronter aux bonnes pratiques face à un jeune public, Ségolaine Moog a souhaité donner des clés de compréhension face à cette relation entre enfant et adulte. « Un enfant est en capacité de comprendre que la règle n’est pas la même selon les différents cercles : à l’école, au club de sport, durant les temps d’aumônerie, au sein du cercle familial… ». Cette dernière a invité les participants à intégrer les parents dans le projet éducatif. « Les parents vous confient leurs enfants, vous avez à leur rendre des comptes. Aussi, à tous les âges, les jeunes sont invités à coopérer à l’œuvre de Dieu, on ne doit pas le faire à leur place. » En conclusion, Ségolaine Moog a souligné l’importance de la bienveillance au sein de chacune des missions pastorales, qui ne veut pas dire « de la gentillesse », rappelant qu’a contrario, une « proposition qui intègre la possibilité de la violence est une proposition qui a échoué. Dans une situation d’impasse, on s’arrête et on recule. On laisse la place à d’autres, il n’y a pas d’autre solution. »

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