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La famille ignatienne s’est retrouvée à Marseille le week-end de Toussaint

« Nous étions 90 compagnons de la Communauté de Vie chrétienne (CVX) de Bretagne occidentale (22, 29 et 56) à nous retrouver à Marseille, avec 7000 participants, pour les 500 ans de la conversion de St Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus », explique Edmée Dahirel. Pères jésuites, différentes congrégations religieuses, laïcs et diacres membres de la CVX, jeunes MAGIS et MEJ et des réseaux scolaires jésuites, partageant le même héritage spirituel, ne s’étaient pas rassemblés depuis 15 ans (à Lourdes en 2006). Retrouvez également ci-dessous les échos de Sœur Marie-Christine Landry (Sœurs du Christ) et des jeunes costarmoricains du MEJ.

Article d'Edmée Dahirel sur place

Samedi 30 : déambulations dans Marseille… sous la pluie !

Nous étions invités à aller au large, à la découverte des signes de fraternité dans un monde chahuté. À Marseille, ville cosmopolite et ouverte sur le monde, nous sommes allés à la rencontre des acteurs de terrain, œuvrant à l’annonce de la foi, au dialogue interreligieux, à l’accueil des réfugiés, à la lutte contre la misère…  Nous étions réunis en équipe de 9 à 10 personnes : nous nous sommes découverts faisant partie d’une même famille et avons fait route et prié ensemble…  Trempés par la pluie, nous ne nous sommes pas découragés… au contraire : la joie de la rencontre a primé !

Le soir, après le repas sur le vieux port, différentes soirées thématiques étaient proposées. Pour ma part, j’ai rejoint les témoins du dialogue islamo-chrétien, qui présentaient des initiatives très variées. J’ai été surtout frappée par l’expérience des écoles et collèges catholiques qui accueillent dans certains quartiers 90% ou plus de musulmans.

Dimanche 31 : congrès de la CVX (3000 participants)

Tous les 4 ans, la CVX-France se réunit en congrès, avec quelques compagnons étrangers. La journée s’est déployée au cœur de l’Eucharistie : célébration de la Parole le matin, et de l’eucharistie l’après-midi. Rencontre et découverte de tous les membres de la famille ignatienne.  Sous l’impulsion de Laudato Si’, qui place la question sociale au cœur de la réflexion écologique de l’Église, la CVX a mis en écho cette encyclique avec les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola. Comment se situer dans le monde sous le regard du Christ pour contribuer ainsi à un monde meilleur ?  La réflexion était menée par Cécile RENOUARD, fondatrice du Campus de la Transition écologique, lieu de recherche et d’expérimentation. Des témoins variés nous ont exprimé les défis et dilemmes auxquels nous sommes confrontés… en gardant l’espérance au cœur.

Le soir fut festif, grâce aux chants des Méjistes et à une pièce de théâtre un peu déjantée présentant la conversion de St Ignace.  Puis, veillée méditative… avant de retrouver nos hôtes aux 4 coins de Marseille.

Lundi 1er : fête de la Toussaint. Messe présidée par Mgr Aveline, évêque de Marseille, dans un climat de fête.

Quelques mots du Père Général des Jésuites : discernons dans les 2 épreuves que nous traversons, la pandémie et le rapport de la Ciase, 2 boulets (en référence à Ignace) qui nous invitent à la conversion : renouvellement de la Maison Commune et réparation de l’Eglise. Pécheurs pardonnés, dans la joie de l’Évangile, nous sommes envoyés au large.

Edmée Dahirel
Responsable CVX pour la Bretagne occidentale

Retour du Mouvement Eucharistique des Jeunes

Sur les 7000 personnes présentes, la Branche « Jeunes » a regroupé 1500 jeunes de 12 à 18 ans, leurs animateurs et les volontaires assurant la logistique. Ils ont vécu des temps de prière, de partage, des temps festifs, une veillée de témoignages ainsi que trois temps forts en communs avec les adultes : les déambulations dans Marseille, une veillée spectacle retraçant la vie de Saint Ignace et la messe de la Toussaint. Parmi eux, huit jeunes et adultes (volontaires et animateurs) du MEJ 22… Ils témoignent, encore portés par le souffle du large plusieurs semaines après :

Les déambulations en petites équipes ont permis de faire connaissance : « quand personne ne se connaît, c’est plus facile de s’intégrer », explique Elouan. Malgré une pluie diluvienne, ils ont pu témoigner d’une Église ouverte sur le monde, n’ayant pas peur d’aller aux périphéries, à la rencontre de l’Autre à travers des défis, des visites, des témoignages. Ils devaient, par exemple, prendre un selfie avec des Marseillais et leur expliquer la raison de leur présence, discuter avec la population.

Elouan et Goulven ont dépassé leur timidité et sont montés sur scène pour faire chanter et danser les 7000 jeunes et adultes réunis pour le grand spectacle (ignace2021.org) racontant comment le jeune Ignace, après avoir été cloué au lit par une blessure de guerre, a découvert Dieu et St François, accueilli au plus profond de lui-même ses émotions et comment il les a mises au service des autres, au service du Seigneur.

Que de moments forts ! « Prier à 7000 ! Et le Pape qui nous a envoyé un message personnalisé en visio ! », notent Goulven et Elouan. Servane n’est pas en reste : « C’était génial, inoubliable, intense, extraordinaire». Tous sont prêts à recommencer !

Loïc a vécu un véritable temps de service, à la sécurité, pour que les jeunes vivent le meilleur rassemblement possible, avant leur lever et jusque tard après leur coucher : beaucoup de fatigue mais tant de joie de partager sa foi ! Veronig témoigne d’une jeunesse capable de s’enflammer, exulter pour son Dieu et l’instant d’après, de faire silence, pour rendre grâce, accueillir cette joie profonde, pour s’ouvrir à demain. Servane et Goulven ayant déjà fait de nombreux camps d’été, cela leur a permis de vivre de belles retrouvailles.

En tant qu’aumônier du MEJ pour notre diocèse, Paul se réjouit de tout ce qu’il s’est passé à Marseille lors de ce grand rassemblement. Jeunes, moins jeunes, se retrouver à plusieurs milliers pour témoigner de notre foi en Dieu, pour prier ensemble, pour chanter ensemble, pour célébrer ensemble. Il souligne qu’il n’est pas certain qu’Ignace, alors soldat à la guerre quand il a reçu ce boulet de canon, pouvait imaginer que sa foi en Dieu aurait pu produire un effet comme ça un jour et remercie le Seigneur d’avoir fait vivre cette expérience aux participants afin de les aider à ouvrir leurs cœurs vers l’écoute de son prochain et vers son appel à le suivre. Saint Jean-Paul II disait : « N’ayez pas peur ! » et notre Pape François nous demande de sortir de notre canapé, de notre confort pour aller annoncer l’Évangile aux nations. Alors ensemble « allons au large, prenons le vent, quittons le port, osons rêver encore, allons au large, prenons le vent, le risque est grand mais Dieu nous rend vivant ! »

Message du Pape pour l’année ignatienne

Dimanche 23 mai 2021, une veillée de prière mondiale avait lieu pour l’ouverture de l’année ignatienne. Elle s’est conclue par la bénédiction du pape François. Avec des mots très forts, il rappelle l’importance du discernement et du cheminement à plusieurs : « Nous nous aidons mutuellement à trouver et à suivre la voie de Dieu ».

« Je suis heureux de me joindre à vous dans cette prière pour l’Année ignatienne, durant laquelle nous célébrons la conversion de saint Ignace. Je souhaite que tous ceux qui sont inspirés par Ignace, par la spiritualité ignatienne, vivent vraiment cette année comme une expérience de conversion. […] La conversion est une affaire quotidienne. Il est rare qu’elle ait lieu une fois pour toutes. La conversion d’Ignace a commencé à Pampelune, mais elle ne s’est pas arrêtée là. Il s’est converti tout au long de sa vie, jour après jour. Et cela signifie que tout au long de sa vie, il a mis le Christ au centre. Et il l’a fait grâce au discernement. »

Échos de Sœur Marie-Christine Landry

Le Conseil général des Sœurs du Christ ont souhaité que les sœurs pouvant se rendre disponibles participent à ce temps fort prévu à  Marseille et nous les en remercions vivement. Elles étaient huit à rejoindre le festival de la famille ignatienne : Elisabeth M, Marie-Bénédicte R, Angèle K, Marylise D, Evelyne R, Marie -Victorine R, Michèle M et Marie- Christine L. Voici, sous forme d’interview, quelques échos de ce grand rassemblement.

Angèle, tu arrivais de Lyon… quelle a été ta première impression ?

Pour moi, c’est découvrir la richesse de la famille ignatienne : tous ces mouvements, associations, congrégations liés à la spiritualité ignatienne ; ensuite c’est l’organisation formidable des équipes de pilotage. Tout a été ok depuis notre arrivée jusqu’ à notre départ.

Marseille est une ville propice au thème de ce rassemblement : « Avance au large, avec Ignace » car c’est une ville qui, par la mer qui la borde, nous fait embarquer, débarquer, aller, avancer. C’est une ville très cosmopolite et colorée.

Qu’as-tu préféré dans ce rassemblement ?

Les moments qui m’ont donné le plus de joie, il y en a eu beaucoup  mais c’est peut être celui de la déambulation par équipes dans la ville que je retiens : faire l’expérience d’une église en sortie, par petits groupes, pour découvrir un quartier de la ville. Evelyne, Victorine et moi avions rendez-vous  à la maison des Jésuites, rue Montolieu. Nous avons échangé avec des membres de JRS Welcome (association fondée par les jésuites, qui agit aux côtés des demandeurs d’asile et des réfugiés) ; sa vocation est de les accueillir et de défendre leurs droits. Plusieurs familles nous ont donné leur témoignage. Nous avons entendu aussi celui d’un jeune qui a réussi son parcours. Ayant  obtenu son statut de demandeur d’asile, il a appris le métier de peintre. Après ce temps de partage, nous sommes partis déambuler, malgré la pluie, au marché du soleil, véritable souk oriental où épices, vêtements, paillettes et bijoux scintillent. Comme il pleuvait encore lorsque nous nous dirigions  vers le vieux port, nous nous sommes arrêtés dans un petit bistrot, qui allait fermer, mais Tarik , le serveur a accepté de nous accueillir. Ce moment nous a permis de faire plus ample connaissance entre nous, venant de Dijon, de Bretagne, de Lyon, de Toulouse, et même de Belgique et du Luxembourg. Ce fut un moment riche de partage sur nos différents engagements. Tarik, le serveur s’est mêlé à notre conversation. Biologiste, musulman, il été mis à l’écart par la hiérarchie de son hôpital car il  refusait de se faire vacciner ; en attendant, il rend service au bistrot de son copain. J‘ai ressenti un beau témoignage d’hospitalité et d’accueil.

Marylise, tu arrivais de Bretagne… Peux-tu nous partager tes impressions ? Des moments qui t’ont marquée ?

Ce qui reste à ma mémoire, c’est le nombre impressionnant de participants, et, à ma grande surprise, beaucoup de jeunes ; c’est aussi la bonne humeur, les relations simples, bienveillantes qui se tissaient au fil du temps à travers les groupes qui nous étaient attribués. Ce rassemblement m’a fait découvrir la grande diversité de la famille ignatienne.

Le dimanche, pendant la journée dédiée à la CVX, les autres participants pouvaient participer à des conférences ou ateliers. Mon choix s’est porté sur le rapport de la CIASE qui m’a fait prendre conscience de son importance. Rien n’aurait sans doute bougé si le groupe de travail n’était pas partie de l’écoute des victimes. Ces personnes ont expérimenté qu’elles n’étaient plus seules !

Et toi, Marie-Bénédicte, qu’est-ce que ce rassemblement t’a permis de vivre ?

Je suis très heureuse d’être venue, pour bien des raisons : J’ai retrouvé mes co-novices : Pierre, Benoit, M Christine, Jyah et Claire. Nous avons partagé un peu et ce fut pour moi un beau cadeau.

Nouvellement responsable de l’aumônerie d’Issy les Moulineaux, j’ai été très étonnée qu’une paroissienne d’Issy m’ait repérée dans la foule, sous la pluie ! Elle m’a envoyé un SMS et nous avons pris le temps de déjeuner ensemble à la fin du rassemblement. Dans le train, au retour, j’ai fait connaissance d’un jésuite dont le papa est un de mes collaborateurs à la paroisse Ste Lucie, à Issy.

Le dimanche, pendant la journée des membres de la CVX, nous avons été envoyées dans des paroisses de la ville. Avec plusieurs sœurs du Christ, j’ai été accueillie à la paroisse St François Xavier. La messe, célébrée par le curé, était très chaleureuse. Le midi, nous avons déjeuné avec une famille membre de l’association « Tendre la main » qui a créé 80 écoles à Madagascar. Le secrétaire général des jésuites était des nôtres… échanges simples et fraternels.

Lors de notre inscription, nous étions invitées à privilégier trois veillées au choix parmi celles qui nous étaient proposées. A quelle veillée avez-vous participé ? Quelles découvertes ? Quels appels ?

  • Victorine : J’ai choisi le dialogue Islamo – chrétien pour la veillée. J’ai retenu que depuis des années, des groupes de dialogue se sont mis en place. Des représentants de l’Islam et quelques prêtres catholiques  se réunissent  régulièrement chaque mois. Les intervenants ont souligné que, quelle que soit notre différence de religion ou de culture, nous sommes tous frères. Nous pouvons dialoguer,  travailler ensemble mais nous devons respecter  la religion de chacun. Ce que nous devons éloigner de nous, ce sont les préjugés. Ceux qui appartiennent à la religion de l’Islam doivent laisser leurs  préjugés sur les catholiques et les catholiques doivent laisser leurs préjugés sur l’Islam. J’étais très contente d’avoir entendu tout cela à travers  le témoignage d’un rabbin et d’un prêtre Jésuite qui font partie du groupe Islamo- chrétien. Ils ont dit qu’ au début leur relation n’était pas facile, mais petit à petit, ils se sentent comme frères. Tout cela est un appel pour nous, Sœurs du christ : aller vers l’autre, respecter l’autre , l’aimer sans discrimination. Il est important de créer une relation fraternelle saine et de faire confiance en Dieu, là où nous sommes envoyées.
  • Evelyne : J’ai participé à la veillée intitulée : Quels visages d’Église pour demain ?  Une table ronde, animée par RCF Marseille, permettait à six intervenants de prendre la parole : deux religieuses, un jésuite, une femme Pasteure, un membre du MCC, un journaliste de la revue Projet.Au regard de tous les événements qui la bouleversent on peut se poser la question du devenir de l’Église catholique, afin qu’elle soit crédible et adaptée au monde. Plusieurs questions ont fait l’objet d’un échange : la participation des femmes dans l’Eglise, le rôle de la hiérarchie, la synodalité. Pour sœur Nathalie B. l’Eglise doit devenir synodale. Nous sommes le peuple de Dieu où tous doivent pouvoir être acteurs, appelés à être disciples missionnaires. Pour Anne Laure (Pasteure) l’Église est un événement ; proclamation de la Parole de Dieu, à la fois dans les mots et les gestes. Pour elle, les Eglises ont la responsabilité d’aider les croyants à devenir adultes dans leur Foi, pour rendre compte de leur Espérance. Pour moi, je suis appelée à nourrir ma Foi et à être visage d’Église, aujourd’hui et demain, dans ma communauté, ma congrégation, dans la société. C’est une conversion personnelle et communautaire qui nous est demandée. L’Église, c’est prier ensemble, discerner avec l’Esprit Saint, pour prendre des décisions de manière évangélique. Merci à notre Congrégation de m’avoir permis de vivre ce temps fort à Marseille.
  • Marylise : J’ai choisi la soirée sur l’écologie intégrale. J’ai découvert que les micro-actions concernent 20 %  du problème ; le reste est politique. D’où l’importance d’étudier les programmes avant les élections. Devenir le sel de la terre est aussi à vivre dans ce domaine. Quelle que soit l’action menée, nous pouvons en faire un acte d’amour et c’est une résurrection ! J’ai pris connaissance du mouvement d’Eglise qui se nomme « Eglise verte » : il existe déjà 600 communautés Eglise verte, engagées dans une démarche de conversion écologique. Si vous désirez en savoir plus : cliquer sur : https://w.egliseverte.org
  • Marie-Christine : J’ai choisi, moi aussi, l’écologie. Ce thème a été traité également pendant la journée CVX, grâce, entre autres,  à l’intervention de Sœur Cécile Renouard, religieuse de l’Assomption. Pour les membres de la Communauté Vie Chrétienne, ce temps de réflexion faisait suite aux universités d’été de 2016 : « Entendre le cri des pauvres, entendre le cri de la terre, agir ensemble ». Ces divers moments ont fait grandir dans la compréhension de l’encyclique Laudato si. J’ai été touchée par une approche qui associe la tête, le corps et le cœur, pour entrer dans une dynamique où comprendre pousse à agir. Sœur Cécile envisage les défis contemporains à travers six points de vue complémentaires qui sont comme un écho à l’encyclique de notre Pape François.
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