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Rencontre avec Mgr Denis Moutel dans le cadre de la sortie du rapport de la CIASE

Jeudi 27 janvier 2022, Mgr Denis Moutel, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, était invité par la paroisse Notre-Dame de Grande Puissance (Lamballe) pour évoquer la sortie du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase). Une cinquantaine de personnes ont répondu présents.

"Pour tout le monde, ce fut un choc, une déflagration"

En introduction à cette réunion publique, Mgr Denis Moutel, a remercié le Père Laurent Le Meilleur, curé de Lamballe, de son invitation, « c’est une bonne occasion pour moi d’avoir un dialogue profond, un échange sur ces questions graves et douloureuses ». Après une vidéo d’une vingtaine de minutes qui retrace le cheminement de Jean-Marc Sauvé, président de la CIASE, allant à la rencontre des victimes, les participants ont pris un temps de silence. Mgr Denis Moutel est intervenu dans un second temps, laissant la possibilité à la salle d’échanger avec lui.

« Jean-Marc Sauvé, nous l’avons vu dans ce reportage, à une grande capacité d’écoute. La qualité des témoignages des personnes victimes que nous avons entendus, dans leurs diversités, introduisent beaucoup d’expériences douloureuses que nous n’avions pas vues, que l’Église n’avait pas vues », explique l’évêque de Saint-Brieuc et Tréguier. « J’ai sous les yeux le rapport Sauvé, qui est très volumineux, plus de 500 pages. Il y a une dizaine d’annexes qui sont elles-mêmes des études particulières sur tel ou tel aspect. Il y a aussi ce livre« De victimes à témoins »qui est le recueil des témoignages qui ont été adressés à la Ciase. De victimes, ces personnes sont devenus des témoins pour que cela ne se reproduise pas, pour comprendre ce qu’elles ont subi. »

« Dans le diocèse de Saint-Brieuc, ont été répertoriés 39 prêtres ou religieux auteurs d’agression sexuelles sur mineurs depuis 1950, dont 25 prêtres diocésains », a rappelé Mgr Denis Moutel. Cinq cas ont fait l’objet d’un procès en justice civile. Ce qui explique ce chiffre relativement bas, c’est qu’effectivement, il n’y avait pas dans le passé de démarche suivie. Aujourd’hui, chaque plainte qui vient à la connaissance de l’évêque est portée à la connaissance du procureur. »

« Ce rapport, commandé en novembre 2018 conjointement par la CEF et la CORREF, a été publié le 5 octobre 2021. Pour tout le monde, ce fut un choc, une déflagration en raison de l’importance des chiffres », se souvient Mgr Denis Moutel. « A la fin du rapport plus de 250 préconisations afin de tout mettre en œuvre pour protéger aujourd’hui les mineurs et les personnes vulnérables. Ne nous satisfaisons pas du silence, du non-dit. » Pour l’évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, trois leviers sont à mettre en exergue : « la responsabilité institutionnelle à reconnaître, la formation des acteurs pastoraux et la prévention à travers l’aménagement des espaces afin d’éviter toute proximité ».

"Nous avons tous à porter l'espérance"

« Il y a dans notre diocèse une cellule d’écoute, formée de six personnes dont un ancien magistrat, un psychiatre et une psychologue, qui a déjà recueillie un certain nombre de témoignages, et qui continue à être active », a souligné Mgr Denis Moutel. « Cette cellule diocésaine a été pour moi une aide très précieuse en terme de conseil sur comment accueillir les personnes victimes. »

« Le diocèse de Saint-Brieuc a participé et abondé le Fonds SELAM à hauteur de 200.000 euros Ce fonds, qui vient de réunir 20 millions d’euro, est un fonds de secours et de soutien en vue de soutien de cette réparation« , a rappelé l’évêque de Saint-Brieuc et Tréguier. « Aujourd’hui, certes, on doit s’occuper de l’agresseur car ce sont avant tout des personnes humaines, mais nous considérons d’abord la personne victime. »

« L’Église doit porter l’espérance, nous avons tous à porter l’espérance. Il ne s’agit pas de se tenir à côté de la Croix mais accepter d’entrer dans cette épreuve », a souligné Mgr Denis Moutel. « Que chacun puisse avoir une parole à hauteur de sa vocation de baptisé, homme, femme, ministre ou non. Nous faisons partie d’un corps avec cette recherche permanente d’unité. La meilleure chose qui puisse nous arriver, au terme de cette épreuve, c’est qu’on arrête de se disputer et qu’on recherche toujours plus de liens. »

En savoir plus sur la CIASE

Après deux ans et demi de travaux, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, installée depuis le 8 février 2019, a rendu public son rapport le 5 octobre 2021.

Le 7 novembre 2018, lors de leur assemblée plénière à Lourdes, les évêques de France ont décidé, en complément des dispositifs déjà en œuvre, la création d’une commission indépendante destinée à faire la lumière sur le passé pour en tirer les conséquences et rétablir la confiance. La Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), lors de son Assemblée Générale à Lourdes le 12 novembre 2018, s’est pleinement associée à cette démarche afin que cette commission fasse « la lumière sur les abus sexuels sur mineurs dans l’Église catholique depuis 1950 » et de« comprendre les raisons qui ont favorisé la manière dont ont été traitées ces affaires ».

Les victimes de violences et d’agressions sexuelles dans l’Église catholique ont à leur disposition une ligne d’écoute nationale ouverte 7 jours sur 7, de 9h à 21h, au 01 41 83 42 17 (plus d’informations ci-contre).

Une cellule d’écoute est à votre disposition au sein du diocèse de Saint-Brieuc à cette adresse mail : paroledevictimes@diocese22.fr

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