Rentrée des chefs d'établissements de l'Enseignement catholique en Côtes d'Armor

En cette nouvelle année scolaire, un accent particulier sera mis sur l’excellence, et plus particulièrement vivre l’excellence pour tous et avec tous. Eric Le Maître, professeur de philosophie à Lannion, a notamment été invité à s’exprimer à ce sujet, une intervention remarquée et saluée par les chefs d’établissement.

« En quoi est-ce un problème aujourd’hui la question de l’excellence dans nos établissements ? Nous assistons à la mise en place d’un clivage. C’est un problème politique au sens noble du terme : comment vivre ensemble ? », a-t-il questionné l’assemblée. « La création de la substance, bonne parce que libre, libre parce que bonne, préside l’accomplissement des enfants, adolescents et jeunes adultes. La liberté est autoréalisatrice de soi. Nous devons encore croire en l’Homme, c’est vraiment le sens profond de cette citation de Hegel : Les hommes ont toujours commencé d’eux-mêmes ».

« Ma compréhension de la question, et l’enjeu de l’excellence pour moi, est de s’autoriser à donner la meilleure expression de soi. Car qu’est-ce que réussir ? Le travail philosophique est celui de s’autoriser à penser, à fabriquer des idées, à créer, partager… et ce n’est pas si simple », a souligné Eric Le Maître. « On ne peut pas aimer Dieu si on ne s’aime pas soi-même ou la Création. Nous devons être fiers de ce que nous faisons. Notre présence doit être témoignage d’une pastorale au quotidien attachée à la recherche du beau et du vrai. »

Eric Le Maître a rappelé que toute communauté était « traversée par des tensions », ce qui obligeait à toujours « rechercher le dialogue ». « Ce que je décris n’est pas un chemin parfait mais un chemin de sens ». Celui-ci a tenté de faire un parallèle entre la communauté éducative et la communauté chrétienne. « Être vivant, c’est grandir. Nos communautés chrétiennes sont appelées à cela. Cette prise de parole libre est un risque. Le christianisme n’a pas peur de la liberté. »

Le professeur de philosophie se souvient dans ses classes qu’il faut parfois « trois mois pour qu’un jeune s’autorise à exprimer sa pensée, et cela ne concerne pas seulement ma matière. Je peux dire ce que je suis et ce que je pense ! Nous ne pouvons pas dire à nos jeunes : non, il n’y a pas d’autres alternatives à ceci ou cela. Ce que nous montre le Christ, c’est qu’il n’y pas de limite à notre capacité d’aimer. Ceci, il faut le décider au cœur même de nos dispositifs pédagogiques. »