Découvrez la synthèse diocésaine dans le cadre du Synode 2023
Initialement prévue en 2022, la XVIème Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques s’ouvre en octobre 2021 sur le thème : « Pour une Église synodale : communion, participation et mission ». L’Église de Dieu est convoquée en synode pour un temps d’écoute, de dialogue et de discernement que l’Église tout entière entend mener afin de mieux répondre à sa mission : Annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ au monde entier. C’est un évènement important de l’Église locale et universelle, un évènement qui concerne tous les chrétiens fidèles laïcs, clercs et personnes consacrées. Voici la contribution du diocèse de Saint-Brieuc.
Déroulement de la consultation et expérience de la synodalité
- Contexte
Le diocèse de Saint-Brieuc a vécu un synode diocésain de 2015 à 2017 qui avait mobilisé environ 800 équipes de jeunes et d’adultes. D’autre part, à la suite de ce synode, les prêtres du diocèse ont participé de 2018 à 2021, avec leurs confrères du diocèse de Quimper, à une démarche de réflexion pour un renouveau du ministère presbytéral. C’est donc forts de ces deux expériences récentes que nous avons accueilli l’annonce du synode universel.
- Le synode 2023
Dès le mois de septembre 2021, Mgr Denis Moutel, a désigné deux référents pour conduire les travaux et trois autres membres pour constituer un bureau de cinq personnes. Il a été très vite envisagé que, dans le diocèse, la démarche ne s’arrêterait pas avec l’envoi d’une contribution au niveau national, mais qu’elle se poursuivrait par une étape diocésaine jusqu’à l’automne, à partir de trois sources : notre synode diocésain (2015-2017), les conclusions de la démarche de renouveau presbytéral, les remontées de l’étape diocésaine du synode universel.
Une cérémonie d’ouverture diocésaine (liturgie baptismale et de la Parole) du synode a eu lieu à la cathédrale le 17 octobre 2021. Un livret, réalisé par le bureau à partir des éléments fournis par le secrétariat général du synode, a été distribué et des équipes synodales ont été constituées.
Nous avons reçu environ 180 contributions d’équipes et une cinquantaine de contributions personnelles. On peut estimer à environ 1200 personnes le nombre de participants. D’une manière générale, les participants sont plutôt des gens impliqués en Église. De nombreuses équipes ont vécu leur participation comme une vraie expérience spirituelle. Elles ont une attente forte sur les fruits de ce synode universel qui apparait même à certains participants comme le ‘’synode de la dernière chance’’. Le thème, qui touche la vie en Église, n’a pas suscité l’intérêt des personnes plus en marge. Le vocabulaire utilisé par les documents romains a souvent paru compliqué.
A l’aide d’un tableur Excel, le bureau a classé tout le contenu des remontées dans des onglets thématiques, qui se sont affinés au fur et à mesure du dépouillement (par exemple : dialogue, écoute, ministères, gouvernance, société etc). Cela a permis de voir d’une manière objective les points saillants mais aussi les « petites voix’’.
Une Assemblée diocésaine a eu lieu le samedi 2 avril 2022 regroupant 150 personnes représentant les paroisses, les mouvements et services diocésains mais aussi des délégués des équipes synodales. Cette rencontre a permis de rendre public le processus de consultation et le contenu des remontées. La journée a été construite autour de trois axes : une communauté qui part en mission, une communauté qui se structure, une communauté qui vit ensemble. Pour chaque axe, il y a eu l’écoute d’expressions des équipes, des témoignages de ce qui se vit déjà, l’éclairage d’une théologienne et un travail de groupe qui permettait d’accueillir les points de vue des membres du groupe, de débattre puis de définir des priorités.
Un deuxième livret a été diffusé le 12 avril 2022 pour poursuivre la démarche à une échelle diocésaine. Une deuxième assemblée diocésaine aura lieu le 24 septembre 2022. Des priorités seront alors définies et authentifiées dans une lettre pastorale de l’évêque. Il est prévu de faire chaque année une assemblée diocésaine pour évaluer, réajuster ces priorités et inscrire un fonctionnement synodal régulier au niveau diocésain.
Ce qui ressort de manière significative
Dans les remontées des équipes, le bureau a repéré trois grands axes :
- Autour de la manière de vivre ensemble la mission, d’annoncer l’Évangile.
- Autour de la manière dont est organisée et structurée la vie pastorale, paroissiale et communautaire.
- Autour de la vie fraternelle. Ces grands axes expriment des expériences vécues positivement et dans la joie mais aussi des attentes parfois très fortes, des déceptions ou des insatisfactions.
- Une communauté qui part en mission, le « temps des audaces »
Dans les remontées, les participants ont témoigné de joies et d’expériences positives dans l’annonce de l’Évangile : « La mission nous met sur un chemin de croissance, de conversion. Lorsque nous démarrons une mission, nous nous mettons au service de la paroisse sans chercher un retour. Et pourtant c’est incroyable comme nous pouvons nous enrichir en donnant de son temps, de soi-même. Nous avons alors la joie de donner et la joie de recevoir. »
Mais ils ont aussi souligné les difficultés : « Ce ne sont pas que les prêtres qui manquent mais aussi des laïcs engagés dans l’Eglise. Les bénévoles dans nos paroisses fatiguent et s’inquiètent de ne pas voir de renouvellement. »
Quelques thèmes reviennent avec force :
« Que l’Église apporte plus de nourriture spirituelle, que celle-ci ne soit pas basée sur ces notions de bien et de mal et de péchés perpétuels mais qu’elle ouvre au chemin d’intériorité et de rencontre avec le Seigneur qui ne soit pas de l’ordre de l’illusion ou de l’idolâtrie. Il faut donc des guides. »
Exemple : Festival de la mission à Lamballe (cf. Annexe A)
« Une demande d’ouverture a été formulée. Nous avons besoin, en tant que jeunes, d’être ouverts sur les avis très divers des instances qui composent la société. Et au cœur de celles- ci, nous souhaiterions être davantage informés des points de vue de l’Église sur plein de questions actuelles : place de la femme, homosexualité… Il existe des lieux pour cela, mais peut-être trop peu. Et des documents comme le compendium de la doctrine sociale ou le catéchisme de l’Église Catholique ne sont pas peut être pas assez promus, en tous cas pas auprès de nous, jeunes, alors que nous sommes intéressés et assez intelligents pour les aborder. »
« Tous les chrétiens doivent être des disciples missionnaires visibles et témoins dans le monde. Être chrétien demande de s’engager dans le monde et d’y être actif, au service… Selon son charisme et ses aptitudes : être témoin en respectant et en faisant respecter l’environnement ; être témoin dans le monde associatif, dans la vie communale… »
« L’Église est experte en humanité.’’ Faire en sorte que cette expression soit toujours d’actualité »
Sortir, aller vers
« Que nous passions du temps à rendre visite à ceux qui ont besoin de chaleur humaine plutôt que de passer trop de temps en réunion voire en formation (même si nous avons besoin de formation et de réunions !) »
« Écouter c’est se mettre en capacité de se laisser déplacer… Devenus minoritaires, ne devrions nous pas grandir en liberté, portés par l’Esprit ? »
Plusieurs évoquent l’envoi des disciples deux par deux, des expériences d’annonces explicites (porte à porte, évangélisation sur le marché ou sur la plage…) comme une modalité pour rejoindre les périphéries. D’autres évoquent plutôt le fait de partager la vie et les engagements des personnes au quotidien (implantation dans les quartiers populaires, engagement syndical…).
« Être missionnaire est une chose qui ne se voit pas forcément de façon flagrante » Reste la question : comment vivre cette diversité comme une richesse sans jugements ni rejets ?
Accueillir, porter attention à ceux qui frappent à la porte
Beaucoup soulignent l’importance du premier accueil lors d’un contact avec la paroisse. On constate que depuis 2017 plusieurs paroisses ont engagé des actions de formation à l’accueil.
La réception des sacrements reste le motif principal des demandes adressées à l’Eglise ce qui implique l’importance de l’accueil puis de l’accompagnement. Un accueil ou accompagnement manqué crée des blessures et peut être un contre-témoignage.
La pastorale des funérailles apparaît comme un enjeu fort pour l’évangélisation.
« Je rêve que l’Église se simplifie : il y a trop de règles qui empêchent la vie. Par exemple : refus de baptiser ensemble des frères et sœurs car les rituels ne sont pas les mêmes en fonction des âges. Ça fait fuir ce genre de réponse à une demande de sacrement. »
Les participants suggèrent plusieurs lieux ou manières de les habiter qui favorisent l’annonce de l’Évangile : patrimoine (exemple : Maison Saint Yves – Cf. Annexe B), tiers lieux, Enseignement catholique… L’enseignement catholique apparait comme une opportunité pour une présence d’Église et une annonce explicite de l’Évangile. Une meilleure complémentarité avec la paroisse est souhaitée. Les nombreuses attentes exprimées traduisent aussi une méconnaissance de la réalité de la vie des établissements catholiques et de leur mission éducative.
« L’église (le bâtiment) devrait être un lieu de rencontre où on a envie d’entrer. – Notre église est toujours fermée. – Il faudrait qu’en entrant, ceux qui n’y connaissent rien puissent être évangélisés par ce qu’ils voient (ex : création de petites « expositions » qui disent quelque chose de la foi catholique). Il faut faire vivre le lieu, qu’il soit plus en lien avec l’époque ».
« Il faut développer des pôles spirituels car on aura moins de prêtres. Des endroits de formation et d’écoute, genre Abbaye, Centres spirituels, Communautés nouvelles… »
La messe reste le rendez-vous prioritaire, voire unique, des chrétiens pour revenir à la source. Elle suscite beaucoup d’attentes, parfois contradictoires (sensibilités, sens du sacré) ; les déceptions sont proportionnelles aux attentes. Cela reste souvent évoqué comme une expérience plus personnelle que communautaire. Le langage et les rites apparaissent pour beaucoup un obstacle à une pleine participation. L’expérience de la période Covid a amplifié une désertion des assemblées paroissiales, parfois au profit d’une communauté numérique.
« La messe est un lieu de ressourcement pour soi mais la communauté n’est pas ressentie. La messe devrait faire la communauté. Sans la messe, je me sentirais trop seule, je n’aurais que mes forces à moi. Je me dessècherais. »
« La messe est-elle le seul lieu pour réunir les gens ? peut être envisager de faire de temps en temps des « Se reposer la question des célébrations dominicales en l’absence de prêtres pour permettre aux chrétiens de se rassembler pour prier et pourquoi pas recevoir la communion »
« Personnellement, la messe, je la vis comme un spectacle qui ne me rejoint pas. Ce qui me rejoint quand même ce sont les textes. La Parole de Dieu. Ça au moins on peut l’entendre. …./…. Pour moi, ça a été une libération de pouvoir ne pas aller à la messe pendant le Covid. Je sors souvent de la messe plus seule, moins ressourcée que quand j’y suis entrée. Je n’y vais que par fidélité à cette église qui, à une époque, m’a permis de rencontrer le Christ »
Les contributions font apparaître le besoin de libérer les prêtres pour qu’ils soient davantage au service de la mission. Le désir de proximité comme « cœur » de la mission est très fortement exprimé par toutes les équipes (laïcs ou prêtres).
« Que le curé soit plus à l’écoute de ses paroissiens… qu’il soit pasteur avant d’être dans l’organisationnel… »
Les jeunes engagés en Église portent un souci missionnaire dans lequel ils sont prêts à s’investir au-delà des structures et des organisations existantes. Plus largement, dans les remontées, on sent une invitation à innover, à sortir du « on a toujours fait comme cela ».
« Sentiment que l’Église a peur des initiatives qui remettent en question et qui sont susceptibles d’ouvrir des petits courants en périphérie et qui reviennent à l’essentiel du message de l’Évangile »
« Exemple : semaine missionnaire de la Saint-Yves (cf. Annexe C) »
Au-delà de ces points relevés, des questions se posent :
- Que veut dire « mission » aujourd’hui ?
- Comment vivre un ministère de proximité ?
- Quels outils pour discerner ? pour faire des choix et vivre des renoncements ?
- Une communauté qui se structure, le « temps de la coresponsabilité »
Le deuxième axe, autour de l’organisation de la vie paroissiale et communautaire, est probablement celui où s’expriment le plus d’insatisfactions autour de la manière de collaborer et de « marcher ensemble ».
Quelques thèmes qui reviennent avec force :
Ce qui est surtout remis en cause dans la gouvernance, c’est le manque d’écoute et de participation de tous aux réflexions et décisions. Ces critiques disent un profond désir de prendre part ensemble à la responsabilité de la mission. Les personnes sont en attente de coresponsabilité en actes.
« Dans l’Église, il est dit que nous sommes coresponsables, mais la gouvernance, en tant que prise de décisions (après avis ou conseils des laïcs) est uniquement entre les mains du clergé. Peut-on parler alors de véritable coresponsabilité, synonyme de prises de décisions partagées et de responsabilité commune engagée ? Des changements profonds dans le mode de gouvernance seraient certainement difficiles à mettre en place mais seraient aussi un chemin de conversion de l’Église. La société civile peut, peut-être, nous aider à évoluer sur ce point. »
« Penser le mouvement avec tout le peuple de Dieu. Aux laïcs ne pas seulement confier des choses à faire mais penser avec eux. »
« Première mission : être fidèle à son baptême ; on est envoyé en mission pour dire l’amour du Christ ../.. Mais dans l’Église catholique, aujourd’hui, des baptisés sont en souffrance et aspirent à de vrais changements quant à la gouvernance de l’Église, quant à la manière de vivre en communauté. Il ne s’agit pas d’opposer clercs et laïcs mais de cheminer ensemble pour, ensemble, faire rayonner la Bonne Nouvelle. »
« Il faut resituer le rôle du prêtre, le ‘désacraliser’, lui permettre de trouver sa juste place. Il doit être parmi le peuple. Être prêtre, c’est être AU SERVICE. Le prêtre est le fédérateur de la communauté, au même niveau que les fidèles, car être baptisé, c’est pour chacun, participer au sacerdoce du Christ. »
« La paroisse ne devrait plus être sous la seule responsabilité du prêtre. Il ne peut tout faire et être compétent en tout. Il pourrait y avoir un noyau (3 personnes dont le prêtre) qui assure l’animation de la paroisse : gérer les hommes, les liens, réunir (= faire corps), célébrer »
« Donner davantage de missions aux diacres, aux consacrés, aux laïcs souvent plus proches du terrain que les prêtres. Ceux-ci, parfois débordés par leur mission, « fonctionnent » comme prêtres. Sont-ils vraiment à l’écoute ? »
Nous citons ici trois expériences diocésaines qui permettent d’expérimenter quelques dimensions de la coresponsabilité. D’abord le « délégué pastoral », laïc, associé plus étroitement à la responsabilité pastorale du curé. Ensuite le « conseil missionnaire diocésain », regroupant une trentaine de laïcs et ministres ordonnés, qui éclaire l’évêque sur des orientations opportunes. Enfin, la participation de laïcs y compris de femmes au « conseil épiscopal ».
Pour ces divers lieux, EAP, CPAE, sont questionnées : les modalités d’appel, la durée des mandats, la transparence (ordres du jour, comptes rendus), communication et sensibilisation de toute la communauté.
Les équipes qui ont fait l’expérience d’assemblées paroissiales plébiscitent ce lieu de consultation et de participation. C’est une invitation à développer, au niveau local et diocésain, des lieux et des espaces pour une liberté de parole, de confrontation, d’écoute de la pluralité…
« L’Église n’a pas une tradition d’écoute des fidèles, au contraire les fidèles sont appelés à se mettre à l’écoute de la parole. Aujourd’hui nous avons la perception que nous sommes à un tournant et que l’Église doit être plus à l’écoute des fidèles. »
Nous constatons une dichotomie entre des anciens très attachés à leur « clocher », freinant une manière nouvelle d’envisager la mission, et des jeunes, mobiles, qui rendent difficile une appartenance communautaire territoriale. Les remontées laissent percevoir une grande disparité entre le milieu urbain et le milieu rural (enjeux, ressources humaines, distances…). Les équipes qui ont affiché un vrai bonheur sont celles qui expérimentent une vie fraternelle en petits groupes (mouvements, fraternités autour de la Parole).
« La communauté paroissiale n’existe pratiquement plus : ce qui était hier un rassemblement des habitants d’un village dont les échanges se limitaient presque exclusivement aux autres villageois, est devenu un regroupement de personnes qui ne communiquent pas, qui ne se parlent pas en dehors de quelques formules convenues ».
« Favoriser des petites communautés géographiques ou d’intérêt qui s’autogèrent, définissent leurs orientations, organisent leur vie de prière. Dans le même temps, conjointement, repenser le modèle de la paroisse obsolète (territoire, organisation) en considérant les évolutions sociétales dans une recherche d’adaptation aux nouvelles formes de vie sociale. »
Les équipes disent leur attention aux conditions de vie et de ministère des prêtres et ont pris conscience de leur raréfaction.
« Plusieurs évoquent la solitude du curé… Plusieurs sentent que les curés souffrent et sont épuisés. »
« Suite au rapport de la CIASE, des questions émanent sur les conditions d’exercice des prêtres : Quel soutien psychologique ont-ils lorsqu’ils sont en difficulté avec des paroissiens ? Quel ressourcement spirituel, en plus de la retraite annuelle à laquelle les prêtres sont conviés ? Quelle relecture de leur mission ? Avec qui ? A quel rythme ? »
« Nécessité que les prêtres se forment régulièrement. »
Les diverses contributions témoignent d’un désir de trouver des solutions qui prennent en compte cette évolution. Les points suivants illustrent la diversité de leurs propositions :
« Permettre l’ordination d’hommes mariés »
« Les diacres qui ont un peu d’ancienneté ne pourraient-ils pas être ordonnés prêtres… même s’ils sont mariés ? »
« Développer les ‘ministères institués’ pour les laïcs, y compris les femmes : Chacun doit jouer son rôle de ‘simple serviteur’. »
« Aujourd’hui ce sont aussi des laïcs qui sont en responsabilité dans différents services pastoraux (pastorale familiale, pastorale de la santé….), et ce sont bien là, de fait, des ministères laïcs. »
« Formons des laïcs autorisés à baptiser. »
Les équipes reconnaissent que les femmes sont beaucoup plus présentes dans l’Église que les hommes. De très nombreuses équipes expriment des attentes fortes sur la place des femmes dans l’Église : place dans les lieux de responsabilité et de décision, ministères reconnus, accès à l’enseignement et à la prédication. Un courant assez général demande que l’Église avance dans l’accès des femmes au diaconat.
Quelques voix plus rares demandent que l’ordination presbytérale ne soit pas réservée aux hommes.
« Quand verrai-je une femme théologienne prêcher en lieu et place du ministre en place ? »
« Confier plus de responsabilités aux femmes dans la hiérarchie. Il existe des femmes prophètes comme Catherine de Sienne, Madeleine Delbrel. »
Des questions qui se posent :
- Jusqu’où la mission des baptisés peut s’exercer en termes de décisions, responsabilité ?
- Les conférences épiscopales pourraient elles avoir plus de pouvoir sur le territoire concerné, avec au moins un rôle de coordination plus effectif ?
- Quels moyens se donne l’Église pour lutter en son sein contre tous les abus de pouvoir et pas seulement d’ordre sexuel ?
- Comment la communauté paroissiale et les différents groupes et fraternités peuvent-ils s’articuler et faire communion ?
Dans cette partie, l’absence de référence aux jeunes nous interroge.
- Une communauté qui vit ensemble, le temps de la fraternité
La grande majorité des équipes souligne l’impression d’un manque de liens et l’importance des temps de vie fraternelle qui ne se limitent pas au seul temps de la messe.
« Nous cheminons côte à côte : sentiment qu’il y a beaucoup de cas où nous sommes côte à côte mais pas ensemble. »
Des équipes donnent des exemples d’initiatives existant déjà : « Cousinade » (rassemblement diocésain festif le 9 octobre 2021), petites fraternités, « Tables ouvertes » (repas partagés avec des personnes en précarité), verre de l’amitié, sorties ou pèlerinages paroissiaux…).
« Il y a à apprendre entre nous à se parler. Souvent on hésite à percer l’abcès. Si on a quelque chose à dire à quelqu’un, il faut le dire en toute liberté, en toute vérité. On n’ose pas entrer en conflit, conséquence on a des petites chapelles et on a du mal à faire Église »
« Nous souhaiterions apprendre à exprimer des désaccords. Comment débattre sans se battre, formuler des désaccords, des oppositions, les prendre en compte sans que cela ne divise ? Même dans les lycées catholiques, il est compliqué d’échanger paisiblement sur la foi. Nous n’osons pas toujours non plus, par peur de cette incapacité partagée à discuter sans conflits ou dénigrement. »
« Dans notre Église où se côtoient « tradis » et autres tendances, on a bien du mal à s’écouter. On a parfois l’impression de ne pas faire partie de la même Église. »
« Nous sommes tous différents (riches, pauvres, instruits, simples). Nous sommes invités à vivre ensemble avec cette diversité. Nous constatons la construction de barrières, une montée du communautarisme dans la société. Dans l’Église, il existe des groupes fermés avec une idéologie très marquée. »
« Dans notre communauté chrétienne locale, nous rencontrons des personnes venues d’autres continents. Quelle place nous leur donnons ? Nous avons à retravailler notre accueil et notre écoute des personnes »
Plusieurs équipes abordent le sentiment d’exclusion lié à certaines situations humaines et familiales, l’importance d’un accueil inconditionnel et le désir de voir évoluer l’enseignement de l’Eglise concernant la morale sexuelle.
« Permettre à chacun de trouver une place dans l’Église : tant de personnes ne rentrent pas dans les cases (célibataires, divorcés, homosexuels, sans famille, non baptisés, n’appartenant à aucune paroisse, n ‘allant pas à la messe etc). Il faut savoir se remettre en cause, ne pas apporter des solutions vis à-vis de ceux qui sont laissés en marge. Nous avons un devoir d’accueil inconditionnel, en sommes nous capables ? Il est important ce lien de partage et de soutien. »
Un certain nombre d’initiatives sont évoquées dans les remontées : « Escale Familles » (accueil de jour de familles sans logements. Cf. annexe D) ; « Skoazel » (liens d’échanges , de service, d’entraide dans la paroisse. Cf. annexe E) ; présence fraternelle dans les EHPAD…
« Qui laissons-nous en marge ? Des jeunes, beaucoup trouvent la messe triste et s’en éloignent. Les nouveaux arrivés qu’on ne sait pas accueillir Que fait-on pour les connaître ? Les gens des autres paroisses qu’on ne salue pas. Ceux qui vivent leur rapport à l’Église d’une façon différente (tradi). Quels pas sommes-nous invités à faire ? »
Conclusion
Quels appels entendons-nous ?
- Revenir sans cesse à l’Évangile, se recentrer sur le sens de la mission en se mettant à l’écoute de l’Esprit
- Un appel à un nouveau positionnement entre Église et société : inviter au débat, à l’esprit critique dans une recherche de la vérité, du bien commun, en apportant sa pierre sans surplomb.
- Repartir de la notion de Peuple de Dieu : mieux se connaître, mieux communiquer entre clercs et laïcs. Vivre une responsabilité partagée et nourrie de l’Évangile.
- Développer la fraternité. Se former à l’accueil et à l’écoute.
- Développer des moyens de relecture et apprendre à discerner.
- Vivre la synodalité à tous les niveaux comme une manière ordinaire de vivre en Église.
Ces appels relèvent d’une mise en œuvre locale. D’autres appels relèvent de décisions au niveau universel.
- Les questions liées aux ministères ordonnés ou institués
- Le positionnement de l’Église dans la société
- L’évolution de l’enseignement de l’Église en matière de morale sexuelle
- La place et la responsabilité des conférences épiscopales
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