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Témoignage de Konogan, infirmier en mission au Togo.

Konogan, jeune costarmoricain est parti en mission en tant qu’infirmier à Sokodé (Togo) au sein de la communauté du puits de Jacob. Retours sur son témoignage et son expérience sur place.

Présente dans 50 pays, la DCC accompagne chaque année près de 500 volontaires.

Comme dans la plupart des pays africains, le Togo est habité par une mosaïque de peuples appartenant à diverses souches. Ses 7,5 millions d'habitants sont répartis en une quarantaine d'ethnies.
Les Ewé et les Mina au Sud, les Kotokoli au Centre, les Kabyés et les Mobas au nord constituent les groupes majoritaires.

A l’occasion du centenaire de la promulgation de la Lettre Apostolique « Maximum illud » du Pape Benoît XV (30.11.1919), le Pape François, invite les fidèles catholiques à s’imprégner de la responsabilité missionnaire durant tout le mois d’octobre. Rappelons que le monde sortait d’un terrible conflit et qu’il était essentiel de recentrer le message et la manière d’évangéliser le monde. « Baptisés et envoyés », voici les deux verbes qui vont rythmer ce mois. L’Église est par nature missionnaire car elle est présente pour évangéliser.

Baptisé, oui, je le suis. Envoyé, oui plus ou moins, via la Délégation Catholique pour la Coopération (DCC). Cet organisme, créé il y a plus de 50 ans par la conférence des évêques de France, est pionnier dans l’envoi de volontaires dans le monde quel que soit le domaine de compétences. La frontière entre l’envoi d’un volontaire et la mission d’évangéliser est proche. Pour preuve, des termes comme « mission », « inculturation », « envoi » sont communs aux deux démarches. Je ne sais pas si j’ai « évangélisé » durant mon volontariat de 28 mois au Togo mais j’ai appris à dépasser toutes mes idées reçues ou préconçues. Mon travail d’infirmier me permet d’exercer un peu partout, quel que soit le public ou le lieu. Ainsi, j’ai pu mettre mes compétences et connaissances au service d’un centre médical tenu par la communauté du Puits de Jacob, issue du renouveau charismatique (Alsace).

L’Église vit une mission universelle, le dire ou l’écrire est simple, mais le vivre, c’est quelque chose de fort. J’ai découvert, par la paroisse ou par le travail, une manière de vivre différemment sa foi lors des célébrations ou lors des échanges avec les collègues soignants. Je ne vous cache pas que j’ai été plus que bousculé par cette manière de faire car mon histoire avec la foi ne s’y retrouvait pas toujours. J’ai ainsi appris ce qu’est le renouveau charismatique, mais aussi différents mouvements chrétiens comme les assemblées de Dieu par exemple.

« Aller à la rencontre de son voisin »

J’ai également découvert une infime partie de la religion musulmane. L’omniprésence de la religion dans le travail ou dans les diverses activités me pesait parfois. Le Togo est un état laïque, chacun peut vivre sa foi sans craindre une pression de son voisin ayant une religion différente. J’ai été impressionné et étonné par l’osmose interreligieuse au sein de la ville où je vivais. Alors que les trois-quarts des 120000 habitants de la ville de Sokodé sont musulmans, tous vivent en harmonie dans un respect de la religion de l’autre. Ça s’appelle recevoir une claque culturelle ! Le pape redonne la signification et le sens de la mission en encourageant à se retrouver dans la richesse à donner, à communiquer et à annoncer. J’ai énormément reçu, appris sur la foi mais aussi sur des manières nouvelles de la vivre. Dans le même temps, j’ai essayé et peut-être réussi à partager un peu de la façon dont j’ai été éduqué dans la foi. L’Église suscite aujourd’hui des dynamiques qui visent à aider, soutenir, et réconforter. Les termes de solidarité ou d’abnégation  peuvent prendre un sens renouvelé à l’occasion de ce mois d’octobre que le pape François souhaite résolument missionnaire : aller à la rencontre de son voisin, se faire bousculer par ses propres représentations sociales…

Quand j’ai annoncé mon départ, plusieurs proches ont eu des difficultés à comprendre ma décision. Je quittais mon emploi à durée indéterminée, ma situation sociale confortable et peut-être, par extension, certains de mes repères. Même si le cadre proposé par la DCC était rassurant, j’étais envoyé dans un endroit inconnu, avec une culture et des codes de communication bien différents. Choisir de m’abandonner, de me laisser porter malgré l’incertitude, de me retrouver à nu en quelque sorte, m’a forcé à me recentrer sur l’essentiel du sens de ma vie.

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