Retour sur l’Assemblée diocésaine vécue le 2 avril au Sanctuaire marial de Querrien
Le samedi 2 avril 2022, Mgr Denis Moutel a convoqué une assemblée diocésaine au Sanctuaire Notre Dame de Toute-Aide à Querrien (La Prénessaye), qui s’inscrit dans la dynamique du synode diocésain clôturé à la Pentecôte 2017, mais aussi à l’invitation du pape François dans le cadre du synode mondial 2023 sur le thème “Pour une Église synodale : communion, participation et mission”.
Les photos de la journée
Les objectifs et réflexions de la journée
Les objectifs de la journée étaient multiples :
- Prendre connaissance des retours des équipes synodales locales
- Accueillir des initiatives nouvelles et repérer ce qui est source d’avenir
- Discerner ensemble les déplacements que nous sommes appelés à vivre en Église
- Définir quelques priorités pour la suite de notre démarche diocésaine
Les 150 participants présents ont partagé leurs réflexions suivant trois directions :
- Une communauté qui part en mission : le temps des audaces
- Une communauté qui fait corps : le temps de la co-responsabilité
- Une communauté qui vit ensemble : le temps de la fraternité
- Elias : « On est souvent timides, on n’ose pas, on reste dans notre zone de confiance… même si ma raison d’être première en tant que chrétien, c’est annoncer la Bonne Parole !
- René : Nos paroisses sont vieillissantes. Les personnes veulent bien aider mais pas forcément s’investir, prendre en charge une équipe liturgique ou de funérailles. Personne ne s’impose finalement.
- Mélina : Comment aller vers ? Au MRJC, nous sommes engagés dans une même démarche que d’autres mouvements, comme le CMR par exemple. Il y a des jeunes qui s’engagent mais comment les rejoindre ? Peut-être que nos manières ne sont pas adaptées.
- Marie-Françoise : Une communauté qui part en mission oui, mais de quelle communauté parle-t-on ? Ça se construit dans le temps, ça s’enracine dans la Parole de Dieu.
- Père Gabriel Housseini : Qui fait partie de la communauté et comment faire partie de celle-ci ? Combien de temps va-t-elle tenir ? Il s’agit aussi d’aller vers les péripéties, sur des lieux où nous ne sommes pas attendus. Pour être missionnaire, il faut être en position d’écoute ; et pour écouter, il faut être disponible.
- Mylène : Quid des familles de notre temps. Comment répondre à leurs besoins et leurs attentes ? Je rattache cela à l’engagement. Les générations futures ne s’engageront pas de la même manière que les précédentes, peut-être que sur des actions précises.
« Comment humainement rester à l’écoute quand on enchaîne les réunions ? », s’est questionné le Père Mickaël Levacher, curé de Lannion. « Comment se donner des priorités ? A l’échelle d’une paroisse et du diocèse. » Pour Jennifer Airault, responsable diocésaine du service de catéchèse et de catéchuménat, « il est nécessaire de se redire ce qui est important. L’essentiel est le Christ et il nous faut partir léger pour annoncer Celui qui sauve. » Pour cette dernière, « il y a une conversion intérieure à vivre ».
Pour Yolaine Brouillet, engagée au sein du diocèse de Nantes (notamment déléguée épiscopale à l’initiation et la formation chrétienne jusqu’en 2019), « nous ne pouvons pas nous mettre à la place de l’autre, mais nous pouvons essayer de comprendre son point de vue ». Ce qui fait écho aux propos de Marie-Anne Le Bail-Giron, membre de la Conférence Catholique des Baptisé-e-s Francophones. « L’Église doit être en marche, et doit être synodale. »
La paroisse n’est pas le lieu unique de rassemblement des catholiques. Quoi qu’il en soit des formes d’organisation canonique, nous aurons toujours besoin d’un lieu ou d’une manière de nous organiser, qui sera une porte ouverte pour ceux qui viennent ou ceux vers qui nous allons. Une porte ouverte qui ouvrira vers d’autres lieux éventuellement : il y a des réseaux, il y a de la mobilité, il y a des territoires qui évoluent… L’Évangile de Saint Luc (10, 17-24) rapporte l’envoi en mission des 72 disciples. Jésus leur dit : « Réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux ». Moi-même je me réjouis de cette journée passée en votre présence. La question est posée sur ce que nous devenons nous-mêmes dans la mission. Si nous étions par malheur avec des pieds de plomb ou le cœur triste, nous ne pourrions pas vraiment être auprès du Christ. Lui est toujours auprès de nous pour nous relever, nous aider.
« Réjouissez-vous » de répondre à l’appel de Dieu pour la mission, c’est aussi une réponse au don premier qu’Il nous fait. Nous avons reçu de ta bonté Seigneur, nous avons envie et nous sommes heureux que Tu nous envoies en mission. Je note quelques points qui pourront être repris par l’équipe de suivi du synode pour confectionner ce cahier qui nous aidera à choisir des priorités pour la mission. Nous pouvons nous demander qui sont les invisibles, ou les invisibilités pourrions-nous dire, de nos missions : les personnes les plus pauvres, en grande difficulté, les enfants et les jeunes, le monde du travail, le monde de l’activité humaine en général… Comment pouvons-nous être au cœur de l’Église auprès de tous ceux qui œuvrent dans le monde, qui travaillent, qui sont là ?
Il a été dit que nous sommes attendus et qu’il faut parfois oser. Les modalités de la mission, c’est de considérer que nous ne sommes pas seuls, que nous ne sommes pas sans force. Alors, peut-être nous faut-il renoncer à multiplier les impossibilités : « ça ne va pas marcher… », « on a déjà essayé… » Quel est l’essentiel de la mission ? Cela a été dit : Dieu t’aime. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18,20). Être présents, simple présence, porter la joie de l’Évangile… Prendre soin des âmes, des personnes, de ceux qui ont reçu mission de l’Église, c’est un appel exigent, tellement fort.
Peut-être que dans notre diocèse, nos paroisses, nos mouvements, nos services d’Église et institutions chrétiennes – comme le Secours catholique ou l’Enseignement catholique -, quel est le groupe le plus fragile en ce moment ? Quelles sont les personnes avec qui nous avons le moins parlées ou rencontrées ? Parfois, nous nous connaissons à peine. Prendre soin de tous, ce sont également les assemblées paroissiales que nous pouvons multiplier, les rencontres inter-mouvements aussi. Le rassemblement « Terres d’espérance » – de la Mission Rurale en France – va nous rassembler nombreux, du 22 au 24 avril à Chateauneuf-de-Galaure. Nous y serons une dizaine du diocèse de Saint-Brieuc.
Le temps de la coresponsabilité suppose que l’on discerne les charismes sur la base de notre vocation baptismale commune, de notre égale dignité, de notre égale vocation. Il ne s’agit peut-être pas seulement discerner les charismes sur la base de « Nous n’avons plus personne, comment allons-nous continuer ? ». Il y a aussi des charismes pour des projets nouveaux. Nous pouvons porter ensemble un projet, nous qui sommes là, mais qui peut aussi intéresser des personnes qui ne sont pas là. Ce n’est pas forcément nous qui pouvons porter tous les projets nouveaux… L’identification de nouveaux charismes sert à ça aussi.
Le temps de la coresponsabilité, c’est aussi un appel très fort à préciser les contenus de la mission. Je n’aime pas trop le terme de « fiche de poste » mais je vois bien qu’il faut quelque chose pour préciser les contours de la mission, pour accompagner et relire. La fraternité se construit, on peut travailler à bien la recevoir, à y consentir et à l’accepter. Si ce n’est pas l’objectif, c’est un don à reconnaître et à ne pas passer à côté. Je ne perds pas de vue que nous vivons toujours des crises, bien sûr, nous en vivons une très importante qui doit être source de renouveau et de conversion, d’ouverture et de changement – parfois radical – de nos relations. Plus de domination ni de soumission, plus de séduction ni d’admiration, mais simplement humblement d’être frères et sœurs.
Quelques remontées des équipes synodales :
- Aller vers : Nous n’allons pas vers ceux qui ont quitté l’Eglise. Suggestion : redonner aux manifestations extérieures un vrai éclat, déambuler dans nos quartiers en frappant aux portes, relancer les personnes pour leur donner envie de revenir…
- Oser : Aller là où on ne nous attend pas, nous catholiques. Ne pas avoir peur et accepter le refus des personnes interpelles dans le cadre de l’évangélisation de rue.
- Quitter le monde exclusif des idées. Et si la mission, plutôt que de faire de grands discours, était d’abord de permettre à chacun, aux chercheurs de Dieu, et à tous ceux qui ne le connaissent pas encore de vivre une expérience de fraternité heureuse, de partage, de solidarité, de dialogue et d’écoute.
- Dans le quotidien : Nous sommes tous en mission par notre baptême et notre confirmation. Par notre vocation, notre prière, nos engagements associations et nos missions dans l’Église, nous essayons de transmettre ce que nous avons dans le cœur.
Expressions de prêtres dans le cadre de la « démarche de renouveau presbytéral pour la mission » :
- Appel à la conversion personnelle et communautaire qui consiste à sortir de notre « confort », il faut repenser la manière de vivre la mission.
- Une Eglise en sortie et en visitation qui s’allège de ses structures pour aller « le pas plus léger ». Un axe massif : la proximité comme coeur de la mission à travers un processus missionnaire inspiré par les disciples d’Emmaüs.
- Favoriser les lieux de parole où quelque chose de la vérité puisse s’exprimer. Oser aller dans l’inconfort hors de nos « bases » habituelles.
Quelques remontées des équipes synodales :
- La mise en place des Equipes d’Animation Pastorale (EAP) a permis aux prêtres d’être accompagnés dans la gestion et l’animation de la paroisse. Quelles sont les missions de l’EAP et comment sont-elles réparties au niveau des responsabilités ?
- Renouveler l’expérience des assemblées paroissiales comme une manière de faire participer plus les paroissiens. La paroisse ne devrait plus être sous la seule responsabilité du curé. Qu’il soit pasteur avant d’être dans l’organisationnel.
- Discerner et appeler selon les charismes et compétences de chacun. Accompagner les personnes qui s’engagent. Créer des lieux de relecture de la mission avec des personnes compétentes.
Expressions de prêtres dans le cadre de la « démarche de renouveau presbytéral pour la mission » :
- Redéfinir le « cœur de métier » des baptisés et des prêtres
- Développer la collaboration laïc/prêtre à travers de vraies délégations par l’appel aux compétences externes.
- Apprendre à déléguer, chercher les compétences là où elles sont, répartir les responsabilités en fonction des compétences.
Quelques remontées des équipes synodales :
- Au niveau paroissial : nécessité de créer un esprit de famille à travers l’organisation d’activités afin de favoriser la mise en relation des membres de la paroisse.
- Vie en équipes : Favoriser des petites communautés géographiques ou d’intérêt qui se gèrent, par la définition d’orientations, par l’organisation de leur vie de prière.
- Permettre à chacun de trouver une place dans l’Église. Dans notre communauté chrétienne locale, nous rencontrons des personnes venues d’autres continents : quelle place nous leur donnons ?
Expressions de prêtres dans le cadre de la « démarche de renouveau presbytéral pour la mission » :
- Comment creuser l’altérité (interculturalité, altérité générationnelle…) pour une pluralité au service de la communion ? Attention à ce qui pourrait devenir des communautés d’affinités.
- Ouvrir la fenêtre du dialogue en mettant des mots sur nos réalités. Aborder l’interculturalité du corps presbytéral comme une richesse. Échanger en confiance non pas les uns à côté des autres mais les uns avec les autres.
- Un chantier est ouvert, celui de la pastorale de proximité dans la fraternité. Soigner les liens de fraternité entre prêtres, avec les laïcs. Renouveler les moyens d’échange et de dialogue.
- Favoriser les petites fraternités chrétiennes locales centrées sur la Parole et la vie fraternelle.
aux baptisés (extrait)
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