Monseigneur Denis Moutel

Mgr Denis MOUTEL

Le pape Benoît XVI a nommé le Père Denis Moutel, vicaire général de Nantes, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier. Celui-ci a été ordonné en la cathédrale Saint-Étienne de Saint-Brieuc le dimanche 10 octobre 2010.

  • – Né le 06 janvier 1952
  • – Ordonné prêtre le 11 juin 1977
  • – Nommé évêque le 20 août 2010
  • – Consacré évêque le 10 octobre 2010
“ Puisque vous êtes aimés de Dieu ”
Photo Mgr Denis Moutel, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier
Mgr Denis Moutel
Évêque

Editos de
Mgr Denis MOUTEL

Pèlerins d’Espérance

Dans un mois Noël chantera. Avec la célébration de la Nativité du Seigneur, nous entrerons dans le grand Jubilé de l’année 2025.

Le pape François nous invite à renouveler notre foi, à nous immerger dans l’infinie miséricorde de Dieu, à suivre le Christ d’un pas plus décidé. Tous les 25 ans, l’année jubilaire, appelée aussi « Année Sainte », est un appel lancé à l’Église et à tous les peuples pour la justice et la réconciliation.

C’est une occasion unique pour renaître dans la grâce de notre baptême, pour nous laisser convertir, et pour vivre la joie de la communion. Je vous encourage à vivre votre mission avec ferveur durant l’année jubilaire, comme un nouveau départ, en portant le témoignage de l’Espérance, dans notre monde qui l’attend, parfois de façon inquiète ou angoissée. Nous ne chercherons pas à multiplier les rendez-vous mais nous mettrons, dans tout ce que nous vivons déjà, la couleur du jubilé : accueillir la joie d’être aimé de Dieu et nous mobiliser au service du bien commun, de la paix, de la fraternité.

Venez partager cette joie de l’Église en participant à l’ouverture solennelle du jubilé, en notre diocèse comme dans le monder entier, le dimanche 29 décembre à 15h30 à la cathédrale Saint-Étienne de Saint-Brieuc.

Le temps de l’Avent, qui s’ouvre maintenant, nous prépare à cet événement inouï de l’histoire, à cet avènement du Très Haut, conçu de l’Esprit Saint et né de la Vierge Marie, dans l’humilité d’une mangeoire.

Que Dieu vous bénisse et vous donne de vivre dans la confiance et l’espérance l’attente de Celui qui vient !

A Saint-Brieuc, le 25 novembre 2024

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Choisir ensemble

A la fin de ce mois, le 23 novembre, je vivrai une assemblée diocésaine avec les 150 représentants de nos paroisses, communautés, services et mouvements. Le sujet retenu pour cette assemblée annuelle nous concerne tous : comment discerner sur nos choix pastoraux ?

Autrement dit : comment s’y prendre pour poser des choix qui font du bien, pour prendre des décisions qui font progresser la communauté, chacune et chacun de nous dans ses engagements ?

Nous faisons l’expérience de nombreux choix dans notre vie la plus quotidienne. Ils peuvent être parfois précipités, soumis à l’air du temps ou trop solitaires. Ils peuvent être également heureux et nous faire progresser personnellement et avec les autres.

Comment choisir ensemble ?

Le synode de l’Église, qui vient de se terminer à Rome, nous donne une méthode pour veiller à la place de chacun dans toutes les décisions que nous prenons : la conversation spirituelle. Elle n’est pas nouvelle mais le pape François nous demande de l’approfondir pour une Église plus missionnaire :

« le discernement ecclésial pour la mission n’est pas une technique d’organisation, mais une pratique spirituelle à vivre dans la foi et n’est jamais l’affirmation d’un point de vue personnel ou de groupe, ni ne se résout en une simple somme d’opinions individuelles» (Rapport de synthèse du synode N° 81)

Chacune de nos rencontres en Église est un acte de foi. Nous voulons croire en l’Esprit Saint qui est à l’œuvre dans nos assemblées et dans la vie de tous les enfants de Dieu. Nous ne voulons pas oublier l’Esprit Saint, encore moins le congédier. C’est pourquoi le recueillement et la prière sont si importants dans nos rencontres les plus quotidiennes.

Ayant écouté l’Esprit, nous pouvons mieux entendre les autres : les écouter jusqu’au bout sans nous empresser de répondre, les écouter avec attention pour sortir des préjugés, les écouter avec charité pour que chacun soit encouragé à donner son avis.

Dans le contexte d’individualisme que nous connaissons, nous avons vraiment besoin de l’Esprit-Saint, qui unifie sans uniformiser, qui diversifie sans diviser.

C’est ainsi que nous sommes ajustés progressivement au Christ, en qui le Père nous a tout donné.

« Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes. » (Jn 3,1)

Dans la Toussaint, cette belle fête de l’espérance, nous recevons de nouveau notre dignité d’enfants de Dieu, aimés sans condition et appelés à aimer toujours.

A Saint-Brieuc, le 30 octobre 2024

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

La mission est pour tous

En cette rentrée pastorale, je suis impressionné par la disponibilité des personnes qui répondent à un appel pour servir dans la société ou dans l’Église.

A la Maison Saint-Yves, le jeudi 19 septembre, j’étais ému de remettre leur lettre de mission à des personnes qui prenaient la responsabilité de services diocésains importants. C’est la même chose quand je viens installer un prêtre dans sa nouvelle responsabilité de curé.

Chacun répond avec ce qu’il est, ses charismes et ses faiblesses. Certains hésitent ; ce n’est pas grave car les appels sont lancés plusieurs fois ; il viendra, le moment favorable.

Il est bon de prier pour les personnes qui reçoivent un appel à servir. Le mois d’octobre est le mois de la mission. Nous le marquerons particulièrement le samedi 19 octobre à Querrien dans une grande journée de rencontre et de prière : la Fête de la Mission.

Je vous propose trois attitudes pour la mission , avec trois mots que j’avais confiés aux pèlerins de Lourdes en forme d’envoi : s’étonner, changer, avancer avec les autres.

  • S’étonner

S’étonner du don de Dieu … de la beauté de la vie chrétienne, s’étonner de tous ceux qui cherchent un sens à leur vie. S’étonner de les voir s’approcher du Christ en nous demandant un peu de soutien. Garder son étonnement pour ne pas être blasé, habitué, devant les surprises de Dieu qui continue son œuvre dans le monde.

  • Changer

Changer, c’est-à-dire accepter de se convertir, de se laisser renouveler dans l’écoute de la Parole de Dieu et la célébration des sacrements. Comment pourrais-je annoncer l’Évangile si je n’accepte pas moi-même de me convertir ? Changer, c’est oser des chemins nouveaux pour être vraiment fidèle aux appels de Dieu.

  • Marcher

Marcher ensemble à la suite de Jésus. Avancer ensemble dans l’Église où chacun prend sa part pour le bien de tous. C’est le cœur du synode qui va se poursuivre à Rome, pendant tout le mois d’octobre : participation, communion, mission.

Nous confions toutes nos missions à Sainte Thérèse de Lisieux, dont la fête ouvre le mois de la mission.

A Saint-Brieuc, le 20 septembre 2024

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

La rentrée !

C’est la rentrée ! Nous en parlons comme s’il n’y en avait qu’une. C’est peut-être parce que la rentrée scolaire marque toutes les mémoires : encrier ou feutre, cahier ou tablette, le contenu des cartables ou des sacs à dos peut varier, mais le premier jour porte le même goût de curiosité et de découverte, d’inconnue et de crainte, quelles que soient les générations.

Il faut pourtant parler des rentrées puisqu’elles se déclinent dans toutes les activités, professions et associations. Et l’on y retrouve les attentes mais aussi les craintes des premières semaines de l’écolier. Nous savons la rentrée politique incertaine. Dans nos familles, les budgets sont regardés de près pour éviter les dérapages. Des événements ou des engagements vont nous solliciter.

Toutes nos rentrées sont des moments d’espérance. Elles sont l’occasion de rencontrer des personnes que l’on ne connaissait pas et qui apportent un renouvellement de nos habitudes, un enrichissement de nos pratiques.

Dans l’Église aussi, il est bon de prendre soin de nos rentrées. Deux images me viennent à l’esprit pour soutenir notre courage et notre confiance.

  • Le mouvement, avec la procession que nous vivons cette année à Lourdes depuis le calvaire des bretons jusqu’à l’église Sainte-Bernadette marque le commencement du pèlerinage. C’est une nouveauté du pélé 2024 ! La vie chrétienne est procession, une mise en route, un mouvement communautaire, pour suivre le Christ en prenant soin les uns des autres sur le chemin.
  • La joie, avec la fête de la Mission que nous préparons pour le samedi 19 octobre prochain. Ce sera un grand événement pour manifester la diversité des formes de mission dans notre diocèse.

C’est la rentrée ! Les tentations de l’immobilisme et de la morosité ne manqueront pas, alors mettons-y surtout les ingrédients du mouvement et de la joie.

A Saint-Brieuc, le 26 août 2024

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Les rendez-vous de l’été

Nous savons que l’été 2024 sera marqué par une forte incertitude politique en notre pays.

Nous vivrons aussi l’événement mondial des jeux olympiques qui se dérouleront à Paris du 26 juillet au 11 août ainsi que les jeux paralympiques un peu plus tard. L’Église a souhaité apporter une dimension spirituelle à ces JO avec diverses propositions (Holy Games) que vous retrouverez sur le site du diocèse et de l’Église de France.

Cette newsletter nous propose des rendez-vous plus proches, en notre diocèse. Ils nous aideront à reprendre souffle et à découvrir les richesses de notre patrimoine spirituel et culturel.

Au moment où j’écris ces lignes, les petits chanteurs de St-Brieuc et de Lannion commencent une tournée dans cinq cathédrales et églises de Bretagne. Je les rejoins ce mardi 2 juillet à Saint-Brieuc, dans la cathédrale Saint Étienne, pour le concert exceptionnel de la Passion celtique : une œuvre unique et une beauté rare.

Cette invitation à l’émerveillement et au ressourcement se répète chaque fois que nous nous laissons toucher par les trésors de notre art religieux ou saisir par la force d’un événement culturel.

Les pèlerinages et pardons sont nombreux et nous convoquent aux rendez-vous de la foi, par la marche et les processions, les messes festives et les rencontres fraternelles. Ce sont des moments forts à vivre en famille ou avec des amis de passage.

Je vivrai avec une intensité particulière le rendez-vous de la journée missionnaire inter-églises qui aura lieu à Lannion le mardi 9 juillet. En accompagnant des prêtres qui viennent en service d’été, nous pouvons nous replonger dans la dimension universelle de notre vie avec les autres : nous faire proche de ceux qui sont loin sans nous éloigner de ceux qui sont proches.

Que Dieu bénisse chacune et chacun de vous, vos familles et vos communautés, en cette période estivale.

A Saint-Brieuc, le 1er juillet 2024

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Quand passe la flamme olympique

Chacun se souvient de l’arrivée de la flamme olympique à Marseille, le 8 mai dernier. Au-delà de l’événement lui-même, les observateurs ont été impressionnés par la foule venue en très grand nombre et par la ferveur communicative qui a rassemblé des personnes de divers horizons. Ainsi, au moins ce jour-là, dans cette grande ville dont on nous présente souvent la part obscure, Il y a eu une sorte de communion entre des personnes très différentes.

Et le parcours de la flamme continue dans tout le pays, de ville en ville, traversant aussi des petits villages, jusqu’à l’ouverture des jeux le vendredi 26 juillet. Nous pouvons penser que tout cela coûte bien cher, nous pouvons aussi ne pas nous sentir trop concernés par le sport, surtout si nous en retenons les excès, liés à l’argent ou à la performance à tout prix.

Mais, quoi qu’il en soit, l’événement mobilise l’attention et reçoit, malgré ses zones d’ombre, l’approbation globale de nos concitoyens. Quand passe la flamme, beaucoup de personnes se parlent plus facilement, des sourires sont sur les visages, une certaine joie reste possible.

Nul ne peut dire d’où vient ce désir soudain de communion, mais chacun sent combien le train-train du quotidien, les soucis trop envahissants, les épreuves persistantes, nous font désirer autre chose, un second souffle, une autre lumière, une espérance.

Les épreuves sportives se dérouleront au cœur de l’été. Certains prendront la lumière, d’autres resteront dans l’anonymat et beaucoup travailleront plus pour le service et la sécurité de tous. Ne boudons pas l’événement s’il nous permet de nous ouvrir à d’autres pays, de découvrir des parcours sportifs étonnants, de goûter à l’universel et à ce qui unit les hommes et les femmes entre eux.

La lumière et le passage de témoin nous renvoient assez aisément à notre baptême et à tout ce qui fonde notre foi. Veillons à entretenir en nous la flamme du Christ ressuscité ! Demandons à Dieu la grâce du courage et de la persévérance, pour porter joyeusement cette flamme autour de nous. En Église, comme dans le monde sportif, c’est le soutien des autres et l’esprit d’équipe qui sont notre force.

A Saint-Brieuc, le 3 juin 2024

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

 

Un souffle nouveau pour l’Europe

Le jour où j’écris ces lignes, l’Église célèbre la fête de sainte Catherine de Sienne, co-patronne de l’Europe.

Avec celle qui a tant œuvré pour l’ouverture à Dieu et pour l’unité entre les hommes, au XIVème siècle, ils sont au nombre de six, celles et ceux que l’Église a choisis comme figures inspirantes pour l’Europe : saint Benoît (480-547), proclamé patron de l’Europe par Paul VI en 1964, saint Cyrille et Méthode (IXème siècle) proclamés co-patrons en 1980 par Jean-Paul II et trois saintes proclamées co-patronnes de l’Europe en 1999 par Jean-Paul II : sainte Brigitte de Suède (1303-1373), sainte Catherine de Sienne (1347-1380) et sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein 1891-1942).

A quelques semaines des élections européennes, le 9 juin prochain, il est utile de comprendre pourquoi ces figures de sainteté sont associées à l’Europe.

L’union européenne en effet n’est pas qu’une union économique ou commerciale. Elle est une aventure humaine et spirituelle. Nous n’avons pas fini d’explorer nos sources pour fonder la liberté de conscience et le respect d’autrui, le service du bien commun et des moins favorisés, l’accueil de l’étranger et la solidarité, le respect de la création reçue de Dieu et du travail des hommes. Le vote relève de la grave responsabilité de chacun. Qu’il porte nos engagements à servir les autres, qu’il porte notre espérance.

En ce mois de mai, je n’oublie pas saint Yves que nous fêterons le 19 mai, jour de la Pentecôte. Il est prêtre, acteur de justice et ami des pauvres. Que sa vie donnée aux autres nous inspire, suivant le thème du Grand Pardon : « A l’appel de saint Yves, viens Esprit consolateur ! »

A Saint-Brieuc, le 29 avril 2024.

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Soyons libres !

Dans les jours qui suivent la fête de Pâques, nous entendons les récits des apparitions de Jésus ressuscité.

L’expérience que font les témoins de la résurrection n’a rien d’une évidence : les femmes, les apôtres, les disciples ne croient pas, du moins dans un premier temps ; ils ne reconnaissent pas Jésus. Il faudra du temps et une rencontre personnelle avec le Christ pour que leurs yeux s’ouvrent.

Ce qui ressort de l’événement central de notre foi peut être étendu à toutes les choses essentielles de notre existence : nos rencontres, nos relations, nos opinions, nos conversations. Avec le temps, c’est une profonde liberté qui nous est donnée.

Ainsi la confiance ne peut s’offrir comme une obligation. La recherche de la vérité est bien autre chose que l’évidence.

Quand nous discernons ensemble ce qui est juste, ce qu’il convient de décider, nous avons besoin de quitter nos évidences spontanées.

Nous connaissons bien d’expérience ces moments où les choses sont présentées comme indiscutables, autrement dit : « puisque c’est ce que je crois, c’est vrai », sous entendu « ça devrait être vrai aussi pour toi ». Il nous est arrivé aussi de souffrir dans des réunions où une conduite, musclée et bien arrêtée, faisait apparaître la conclusion avant même que la réflexion ne soit commencée.

Il en va de même pour les choix publics ou de société quand la pression d’un lobby ou l’évidence d’un sondage voudraient nous dicter le « prêt à penser ».

« C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés » (St Paul aux Galates 5,1)

Soyons libres !

A Saint-Brieuc, le 3 avril 2024

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

L’école des catéchumènes, chemin de Pâques
Accorde-nous une plus grande générosité !

Chaque année, à la faveur du carême, nous reprenons, avec les catéchumènes, notre apprentissage de la vie. Nous repartons plus résolument à l’école du Christ.

Leur désir est clair : « je souhaite le baptême car je veux vivre avec le Christ.»

Leur expérience est forte : « je suis libérée de mes chaînes de peine et de tristesse pour être enveloppée de l’amour de Dieu. J’accueille la paix, la sérénité, la douceur de Dieu dans ma vie. »

Leur confiance est réelle : « il y aura toujours quelqu’un présent dans nos cœurs pour nous aimer et nous donner de l’amour, pour nous faire aller de l’avant sans baisser les bras. »

Ils nous disent volontiers qu’ils ont besoin de nous pour demeurer fidèles mais, par un étrange retournement, ils deviennent nos entraîneurs et nos supporters.

  • Quand nos médiocrités nous découragent, ils nous disent qu’ils ont rencontré des personnes accueillantes, chaleureuses et engagées.
  • Quand nos modes de vie nous éloignent parfois de vraies rencontres, ils multiplient les occasions d’échanges avec des paroissiens et ils s’en trouvent heureux.
  • Quand nous n’osons pas exprimer explicitement notre foi, ils disent « Jésus », « le Père », « l’Esprit Saint ».

Ainsi, avec les nouveaux chrétiens, l’Esprit Saint nous tire en avant, ne traînons pas les pieds. Il réveille notre soif d’eau vive, n’en faisons-pas un marécage. Il ouvre nos yeux à sa lumière, ne soyons pas aveugles devant les appels de nos frères et sœurs.

« Nous t’en supplions, Seigneur, à mesure qu’approche le jour où nous fêterons notre salut, accorde-nous une plus grande générosité pour nous préparer à célébrer le mystère pascal. » (Prière du jeudi de la 3ème semaine de carême)

A Saint-Brieuc, le 4 mars 2024

+ Denis MOUTEL Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Février 2024 : un jour de plus !

Voici un jour de plus mais aussi tant de jours de lumière dans ce mois de février que l’on trouve parfois un peu obscur.

  • 2 février… en forme de lumière et d’offrande. Bonne fête à toutes les personnes consacrées.
  • 11 février… jour d’attention et de prière pour toutes les personnes malades et dimanche de la santé. C’est le moment favorable pour rendre visible le lien si précieux qui existe entre malades et accompagnants. Voici un dimanche pour approfondir le sens de la « présence fraternelle », au cœur de toutes nos missions.
  • 14 février… c’est le mercredi des cendres. On change tout !

– par le jeûne ou la sobriété, car il est bon d’alléger le poids de nos agitations et de « dépolluer » notre vie intérieure,
– par l’aumône ou l’ouverture aux autres, car nous sommes faits pour exercer la bonté et pas pour nous regarder le nombril,
– par la prière puisque nous sommes appelés dès maintenant à aller vers Dieu en nous unissant au Christ et en écoutant l’Esprit Saint.

  • 18 février… c’est la sainte Bernadette ! Comment ne pas nous réjouir avec les nombreuses personnes qui ont pu voir, à Rennes le 28 janvier, le spectacle « Bernadette » ? Quelle force dans sa fragilité : « J’aurai toujours assez de santé mais jamais assez d’amour. » (Carnet de notes intimes – 1873)
  • 18 février… c’est aussi le jour de l’appel décisif de 77 catéchumènes. Voici que 30 adultes et 47 jeunes de 14 à 18 ans recevront les sacrements de l’initiation chrétienne dans la nuit de Pâques. Portons les dans notre prière dans ce beau mois de février.

A Saint-Brieuc, le 2 février 2024

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

L’inquiétude d’Hérode et la joie des mages.

Au jour de l’épiphanie, l’évangile de St Matthieu nous invite à choisir entre Hérode et les mages , entre l’inquiétude d’Hérode et la joie des mages.

Il ne s’agit pas de l’inquiétude légitime liée aux soucis ou aux épreuves de la vie. L’inquiétude d’Hérode, c’est autre chose : c’est le tourment d’un cœur qui est loin de Dieu, loin des autres. C’est la peur de perdre sa position, c’est la crainte de se voir dérangé dans sa vie et ses habitudes. La voyez-vous, l’inquiétude d’Hérode .

  • quand l’autre est perçu comme une menace, un rival, un intrus…
  • quand le manque de générosité ou le vide d’amour nous laissent comme des machines qui tournent à vide et qui sonnent le creux…
  • quand le manque de prière éloigne de nous l’essentiel et nos raisons de vivre.

Le récit de l’Épiphanie, en saint Matthieu, nous parle de la « très grande joie des mages ». Il n’en parlera qu’une autre fois : c’est la joie des femmes quand elles apprennent, au matin de Pâques, la Résurrection du Seigneur.

La joie est donnée à ceux qui acceptent de bouger à cause de l’Évangile. La joie est donnée quand on se met en route pour chercher la vérité, pour partager ce qu’on a reçu, pour donner un pardon. La joie est donnée à ceux qui acceptent de faire confiance au Christ et à sa Parole, sans connaître le terme du voyage.

A vous tous, paix et bonne espérance dans le Seigneur en cette année 2024.

A Saint-Brieuc, le 5 janvier 2024

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

De la colère de Jonas à la paix de Noël

« Je suis en colère ! » Depuis des mois ou quelques années, il semble qu’il y ait un usage abusif de ce vocabulaire dans les journaux et sur les plateaux. Si l’on y regarde de plus près, on peut pourtant établir que la personne n’est pas vraiment fâchée « tout rouge » et qu’elle manifeste finalement assez calmement sa désapprobation.

Si le recours à la colère est assez traditionnel pour porter des revendications collectives (la colère… des agriculteurs, des commerçants, des pompiers, des vignerons, des usagers du métro), il devrait être plus rare pour l’émotion individuelle.

« Il était hors de lui, elle est sortie de ses gonds ! » L’une et l’autre attitude portent en elles une certaine instabilité (allez donc tenir debout si vous n’êtes plus sur les gonds !), un désordre intérieur, une division qui touche même au corps (hors de lui). Pourquoi donc un tel abus de langage ? Peut-être s’agit-il de renforcer un désaccord ou d’attendre la reconnaissance qui a pu manquer.

C’est le bon moment pour repenser à ce que Dieu dit à Jonas : « As-tu vraiment raison de te mettre en colère au sujet de ce ricin ? » (Jonas 10,9). Il dit que oui puisqu’il a failli mourir d’insolation quand Dieu a condamné le ricin qui le protégeait des brûlures du soleil. C’est sérieux tout de même d’avoir risqué la mort.

Mais que valent ces colères au regard des émotions immenses qui devraient nous saisir devant les vrais drames du monde, à côté desquels nos désagréments ne sont que broutilles.

Tant qu’à se mettre en colère, faisons le contre la guerre et son cortège de barbaries, contre l’injustice et les inégalités, contre les menaces qui touchent à la vie, contre les désordres qui touchent à la création de Dieu. Y aurait-il alors une sainte colère ou une juste indignation ? Oui et peut-être n’en avons-nous plus la force ni même l’idée à force de placer nos colères là où elles ne devraient pas être.

Et la paix dans tout ça ? Si la colère nous désarticule et défait les conditions du dialogue, la recherche de la paix passe par l’unification de notre être, avec la quête de la sagesse qui remet à leur juste place les raisons de la colère.

Alors pensons à préparer le chemin de la justice et de la paix pour aller à la rencontre de Celui qui vient : Jésus, le Sauveur du monde, le Prince de la paix.

A Saint-Brieuc, le 30 novembre 2023

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Espérer en novembre

Dès le mardi 10 octobre, face à l’engrenage de la violence qui déferle sur Israël et la bande de Gaza, les responsables religieux français ont uni leur voix, , pour appeler à l’apaisement. « Juifs, catholiques, protestants, orthodoxes, musulmans, bouddhistes, nous suivons avec effroi et tristesse les actions de mort menées par le Hamas depuis la bande de Gaza et les réactions qu’elles entraînent qui ont lieu en Israël et dans la bande de Gaza ». Le pape François a exprimé lui-même sa douleur à plusieurs reprises, demandant de relâcher les otages kidnappés et de cesser les attaques meurtrières.

Nous nous sentons très démunis devant cette effusion de sang, avec l’impression de revenir plus de 70 ans en arrière, au moment où les membres de la communauté internationale n’ont pas trouvé une solution juste pour que les deux peuples d’Israël et de Palestine puissent vivre en paix.

Que pouvons-nous faire ? A vue humaine, tout semble perdu, l’horizon est fermé. Comme croyants cependant, nous ne pouvons pas désespérer. Il nous faut toujours attendre du neuf et de l’inimaginable. C’est la part de Dieu, c’est la part de notre prière. Qu’elle soit fidèle et forte pour que vienne enfin ce jour de la paix.

A Saint-Brieuc, le 31 octobre 2023

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Suis-je un climatosceptique ?

Au moment où j’écris ces lignes, nous venons de recevoir un texte du pape François qui revient sur l’encyclique « Laudato Si » écrite il y a huit ans. Cette lettre commence par la louange, à la manière de St François d’Assise : « Louez Dieu pour toutes ses créatures » (François Exhortation apostolique « Laudate Deum » LD N°1). Mais très vite, le pape dit son inquiétude et ses profondes préoccupations concernant la sauvegarde de la Maison commune, après les huit années écoulées : « Je me rends compte au fil du temps que nos réactions sont insuffisantes alors que le monde qui nous accueille s’effrite et s’approche peut-être d’un point de rupture. » (LD N°2)

Il déplore les résistances et les scepticismes, voire l’hostilité et les moqueries, qui conduisent beaucoup, y compris au sein de l’Église catholique, à fermer les yeux sur les conséquences désastreuses de certaines interventions de l’homme sur la nature. Il s’en explique longuement, pousse une sorte de cri d’alarme, en apportant aussi des encouragements :

« L’effort des ménages pour polluer moins, réduire leurs déchets, consommer avec modération, crée une nouvelle culture. Ce seul fait de modifier les habitudes personnelles, familiales et communautaires nourrit l’inquiétude face aux responsabilités non prises des secteurs politiques et l’indignation face au désintérêt des puissants. Nous remarquons donc que, même si cela n’a pas immédiatement un effet quantitatif notable, cela aide à mettre en place de grands processus de transformation qui opèrent depuis les profondeurs de la société. » (LD 71)

Vient alors la question du titre de cet édito : « Suis-je un climatosceptique ? » Non sans doute car j’écoute, je m’informe, j’ai envie de soutenir ceux qui s’engagent pour le respect de la création, mais je ne fais pas beaucoup.

Dans notre diocèse, nous vivons beaucoup d’initiatives personnelles, mais nous portons trop peu collectivement cette responsabilité.

J’attends que, dans le synode sur l’Église, l’Esprit Saint nous réveille pour l’action et pour le bien commun, dans notre Maison commune : « Face aux visages des enfants qui paieront les dégâts de leurs (ndlr nos) actions, la question du sens se pose : quel est le sens de ma vie ? quel est le sens de mon passage sur cette terre, quel est le sens en définitive de mon travail et de mes efforts ? » (LD 33)

Si nous portons ces questions, ce n’est pas avec un esprit de peur mais avec la louange et la paix qui sont au cœur de notre vocation de créatures aimées de Dieu, suivant le titre de l’exhortation apostolique : «Louez Dieu ».

A Saint-Brieuc, le 4 octobre 2023

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Équipement pour la rentrée

Dans ces jours de rentrée, notre lettre mensuelle d’information nous parle de quelques rendez-vous diocésains importants, depuis le pèlerinage de Lourdes jusqu’à la « Cousinade à la mode de Bretagne ». Chacun se tourne aussi vers les moments à venir de toutes nos reprises scolaires, professionnelles ou associatives.

Rentrer, se retrouver, reprendre, recommencer… quels sont nos sentiments dans ce moment particulier, si habituel et pourtant toujours inédit ? Confiance et appréhension, générosité et lassitude ?

Il est bon de renouer avec nos relations familières. Nous prenons des nouvelles les uns des autres,  avec les vacances heureuses et les temps éprouvés, les rencontres familiales et la possible solitude des personnes qui ne sont pas parties. Quoi qu’il en soit de la diversité de nos expériences de l’été, cet échange des nouvelles constitue un moment fraternel où nous sommes enrichis par l’autre.

Avec la rentrée vient aussi la question de notre « équipement » : qu’allons-nous mettre dans notre cartable, notre sac du pèlerin, notre caisse à outils ? De quoi avons-nous besoin ? pour notre vie personnelle, pour nos relations aux autres et pour la mission que Dieu nous confie au service des autres ?

Le meilleur « sac à provision » c’est un cœur disponible, un cœur ouvert à l’action de l’Esprit Saint. Je vous confie, dans ce sens, trois formes d’engagement que les jeunes ont désiré recevoir et partager au cours des belles JMJ de Lisbonne :

  • Servir la paix et l’unité, dans notre entourage, dans la société et dans l’Église. Nous ne pouvons rien faire de bon sans la justice et la vérité, sans l’amour et le pardon mutuel.
  • Servir les plus petits d’entre nous, les plus pauvres et les plus souffrants. Avec nos propres pauvretés, le Christ nous rend capables de proximité près de ceux qui en ont le plus besoin. Il soutient notre présence aimante, personnelle et communautaire, là où il nous envoie.
  • Servir l’annonce de l’Évangile. Dans le respect des diversités de notre entourage, nous pouvons oser le témoignage, particulièrement quand on nous le demande et quand la fréquentation du Christ Jésus nous conduit à tenir, malgré tout, une conviction, un engagement, une fidélité.

Je viens de vivre moi-même une session de rentrée, les 28 et 29 août, avec une équipe épiscopale en partie renouvelée. Ces deux journées ont été denses et passionnantes pour mieux servir en notre diocèse. C’est avec eux que je vous souhaite une très bonne année pastorale : P. Hervé LE VÉZOUËT, P. Pierrick JÉGONDAY, Mme Sabine de VILLARTAY, Mme Angèle GUINARD , M. Hervé GUÉVELLOU, diacre.

A Saint-Brieuc, le 30 août 2023

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Le repos et les rencontres

Avec les catholiques du diocèse de Saint-Brieuc, avec les personnes qui habitent et travaillent dans les Côtes d’Armor, je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue.

Si vous êtes en vacances, c’est le moment de changer de rythme, de souffler, de se « désencombrer ». Ce n’est pas toujours simple quand la maison est bien remplie ou quand nous avons prévu un peu de trop de choses. Vous trouverez, je vous le souhaite, les lieux, les personnes, les sites remarquables, les églises qui vous apporteront le ressourcement et la paix. La beauté de la nature, la richesse du patrimoine religieux et les rencontres inattendues vous reposeront et vous enrichiront.

Ce renouvellement personnel, loin de nous enfermer, nous appelle à soigner toutes les relations qui nous relient les uns aux autres. Ce sont des liens affectifs et familiaux, des rencontres d’affinité et de voisinage, des proximités inattendues et peut-être de nouvelles solidarités. C’est le bon moment pour résister au « chacun-pour-soi » si envahissant. C’est une bonne nouvelle quand nous sommes capables de dire : « j’ai besoin de toi, j’ai besoin de vous ». Oui, nous ne pouvons pas vivre heureux sans les autres, sans la table, sans le marché, sans la musique, sans le soleil, sans la fraîcheur du soir, sans toi, sans lui, sans vous, sans eux. Nous voulons recevoir avec gratitude, les personnes que Dieu nous donne comme amis éphémères et pourtant si précieux.

A l’église, les catholiques du diocèse ont le désir de bien vous accueillir. Merci de les aider aussi, pour une messe, un pardon, et plus. Nous sommes toujours heureux de la musique partagée aux célébrations, d’un échange organisé ou spontané après la messe, d’une prière vécue dans une chapelle, de votre sourire et de votre foi vivante.

Merci de venir nous visiter !

Que Dieu vous bénisse et vous donne sa paix.

A Saint-Brieuc, le 1er juillet 2023

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Porter secours au lieu de regarder

L’accumulation des événements violents marque nos esprits et nos conversations. Aux blessures infligées par les guerres s’ajoutent les atteintes aux personnes en notre pays, même contre des enfants. L’information est absolument nécessaire mais elle peut faire de nous des spectateurs impuissants ou pire des « voyeurs » fascinés par l’horreur que déversent des directs sans retenue.

L’antidote au découragement, c’est l’engagement des prophètes : porter secours plutôt que regarder, préparer la paix et ne plus attiser la haine, tenir nos consciences en éveil et prier en tout temps.

Beaucoup de rencontres, de fêtes, et de pardons nous donnent l’occasion de nous rapprocher les uns des autres. Ne laissons pas passer cette chance.

Parmi les événements qui vont compter, en ce mois de juin, il a l’ordination d’un prêtre pour notre diocèse, Pierre-Emmanuel DORÉ. Qu’il porte joyeusement, avec tous les baptisés et pour eux, le signe du Christ, Prince de la paix et Sauveur du monde.

A Saint-Brieuc, le 8 juin 2023

+ Denis MOUTEL
Evêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Marche avec nous, Marie !

Dans ce mois de mai, nous aimons inviter la Vierge Marie et marcher avec elle vers Jésus, le Sauveur.

Mère du Christ et Mère de l’Église, elle est notre Mère. Elle veille sur nous. Elle nous apprend à aimer. Nous pouvons lui confier beaucoup de choses.

Chaque année, le 13 mai, des pèlerins affluent vers Notre-Dame de Fatima et les familles portugaises de notre région lui font honneur en se rassemblant à Saint-Brieuc : belle fidélité !

Ce même jour, se tiendra au sanctuaire de Notre-Dame de Toute Aide un pèlerinage modeste et peu connu, mais important à mes yeux. Il réunit, chaque année, des malades et des personnes en souffrance. Que viennent-ils chercher et que trouvent-ils ? … le repos de l’esprit et du cœur, une écoute spirituelle qui prend son temps, la rencontre des autres, la prière et bien d’autres choses encore.

Je suis souvent saisi d’admiration à Querrien, quand des frères et des sœurs s’approchent doucement du Seigneur parce qu’il semble que Marie leur ait donné cette idée. Ils viennent sans façon, avec leurs pauvretés Et moi, comment je fais avec les miennes ? J’ai le sentiment que l’humanité entière est là, d’une certaine manière, avec tant de blessures ouvertes, d’espoirs déçus et de chemins incertains.

La guerre fait des ravages en bien des pays, tout particulièrement dans l’Ukraine agressée. Même préservés, nous connaissons aussi chez nous des batailles, dans la vie sociale, ecclésiale ou familiale. Plus que jamais, en ce mois de mai, nous sommes appelés et envoyés pour la justice et pour la paix. Quand les conflits, inévitables et parfois nécessaires, apparaissent, nous pouvons faire la part du feu plutôt que souffler sur les braises. Nous pouvons oser la rencontre plutôt que proférer ces mots haineux qui finissent par empoisonner la vie publique et nos relations les plus quotidiennes.

Confions-nous les uns les autres à l’intercession de saint Yves ami des pauvres et chemin d’espérance. Confions-nous à la Vierge Marie pour chanter avec elle : « le Seigneur fit pour moi des merveilles, Saint est son nom ».

A Saint-Brieuc, le 4 mai 2023

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous ?

« Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous ? » Ce verset de l’Évangile de saint Luc (24,32) nous dit l’expérience de deux disciples quand ils ont parlé avec Jésus entre Jérusalem et Emmaüs.

A quelques jours de la grande semaine sainte et du temps pascal, nous voulons demander la grâce de ce cœur brûlant, tandis que nous allons écouter les grands récits de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ. Ce n’est pas une information sur Jésus qui nous est donnée mais un véritable appel à vivre intensément, en le suivant, Lui que toutes les Écritures ont annoncé et nous présentent comme le Vivant, le Sauveur.

En célébrant, chaque dimanche, la résurrection du Seigneur nous proclamons la victoire de l’amour infini sur la haine, de la communion sur la division, de la vie sur la mort :

  • Les ténèbres du monde et les obscurités de nos vies seront dissipées un jour. Et c’est déjà commencé.
  • Les graves blessures de la guerre ou les lassitudes de nos vies nous accablent mais le crucifié de Jérusalem ne les a pas refusées. Dans les lieux de la mort, il a porté jusqu’à l’extrême l’amour et la vie. Dans la résurrection du Christ, le ciel s’est ouvert, la vie éternelle est déjà commencée ; nous pouvons toujours renaître à la fraternité et à la vie.

Bonne semaine sainte et bon temps pascal !

A Lourdes, le 29 mars 2023

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Fidèles aux sacrements qui les ont fait renaître.

Le texte liturgique d’une préface de carême nous unit particulièrement aux catéchumènes qui sont entrés dans la préparation ultime de leur baptême, la nuit de Pâques. Voici venir les sacrements où ils vont renaître. Le pluriel est là pour ne pas oublier la Confirmation et l’Eucharistie.

«  … Car chaque année, tu accordes à tes fidèles de se préparer aux fêtes pascales dans la joie d’un cœur purifié ; de sorte qu’en s’adonnant à une prière plus fervente et à une charité plus active, fidèles aux sacrements qui les ont fait renaître, ils soient comblés de la grâce que tu réserves à tes enfants … » (1ère préface du Carême)

Si nous pensions seulement à un carême « tristesse », la Parole de Dieu vient le démentir en nous appelant plutôt à la joie et à la renaissance. La liturgie nous rappelle les trois chemins entendus dans l’Évangile du mercredi des Cendres.

  • Le cœur purifié, c’est le jeûne, la simplification de nos modes de vie, la délivrance des chaînes qui nous entravent, pour une meilleure relation à Dieu et aux autres.
  • Une prière plus fervente est le deuxième pilier du Carême.
  • Le troisième, c’est une charité plus active, c’est l’aumône, pas ce petit rien que l’on donnerait au pauvre, mais l’attention, l’écoute et le soin tels qu’on les pratique dans les « aumôneries » d’écoles, des hôpitaux ou des prisons, et aussi le partage de notre argent.

C’est ainsi que, nous aussi, nous pouvons être « fidèles aux sacrements qui nous ont fait renaître », en solidarité active avec les catéchumènes et en réponse à la grâce dont Dieu comble tous ses enfants.

Merci de prier pour ceux qui recevront les sacrements de l’initiation chrétienne à Pâques. Ils nous étonnent toujours par leur grande confiance et ils comptent sur nous pour les soutenir et les accompagner.

Bon carême et bon chemin vers Pâques.

Unis dans l’Espérance.

A Saint-Brieuc, le 24 février 2023

+ Denis MOUTELÉvêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Ô Eglise, combien tu m’apparais contestable …
et cependant combien je t’aime !

Au cours d’une journée de formation avec les prêtres et les diacres du diocèse, ce 1er février, j’ai pu réécouter l’homélie que Mgr André Dupuy avait donnée le dimanche 7 novembre 2021 devant les évêques réunis en assemblée à Lourdes, dans une période très lourde de révélation des abus. Il avait longuement cité Carlo Caretto, disciple de Charles de Foucauld. J’aime reprendre de temps à autre sa méditation sur l’Église et je vous la livre ci-dessous.

A Saint-Brieuc, le 2 février 2023

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

« Ô Église, combien tu m’apparais contestable, et cependant combien je t’aime ! Combien tu m’as fait souffrir et cependant combien je te dois ! Je voudrais te voir détruite, et cependant j’ai besoin de ta présence. Par toi, sont arrivés tant de scandales, et cependant tu m’as fait comprendre la sainteté. Je n’ai rien vu au monde de plus obscurantiste, de plus compromis, de plus faux, et je n’ai rien touché de plus pur, de plus généreux, de plus beau. Que de fois j’ai eu le désir de te fermer au nez la porte de mon âme, et que de fois j’ai prié pour mourir entre tes bras qui offrent toute sécurité. » (Carlo Carretto, J’ai cherché et j’ai trouvé, Paris, Cerf, 1983 p.159)

« Non, ce n’est pas mal de critiquer l’Église quand on l’aime. C’est mal de la contester quand on se tient sur la touche comme des purs. Non, ce n’est pas mal de dénoncer le péché et ses dépravations, mais c’est mal de les attribuer aux autres seulement et de se croire innocents, pauvres, bons. » (op. cit., p.163).

Soyons dignes de l’espérance chrétienne

La joie des bergers de Noël s’est prolongée dans la joie des mages de l’Épiphanie. La fête du baptême de Jésus a apporté la signature de cette manifestation de Dieu dans l’enfant né à Bethléem. Ces trois « théophanies » (manifestations de Dieu) ouvrent l’année nouvelle.

La fête de la Nativité a tourné notre attention vers le tout-petit. L’enfant Dieu, né de la Vierge Marie, porte tout l’amour de Dieu. Ne passons pas à côté de la beauté, de la bonté, qui sont données dans la fragilité. C’est ce que j’ai vu à Djougou au Bénin. Dans la maison de « l’oasis d’amour », des prêtres, religieuses et laïcs prennent soin quotidiennement des personnes malades psychiatriques qu’ils ont sorties de la rue. Combien ils étaient fiers de nous montrer la boulangerie et le salon de coiffure où leur vie reprenait de belles couleurs. Je vous souhaite de vous encourager dans l’amour, de servir la fraternité.

La fête de l’Épiphanie est la manifestation de Dieu pour tous les peuples. A la ferme-école de Monsourou, conduite par le père Prosper Gbaguidi qui a fait, chez nous, des études d’agriculture, des peuples se sont unis pour apporter soutien et subventions à la porcherie et au poulailler ! Nous avons fait un peu les rois mages, avec les dons de l’association CACIB, mais, surtout, nous avons vu les visages illuminés de ceux qui nous ont accueillis. La bonté de Dieu est pour tous, nous pouvons être des acteurs de vie, nous pouvons « sortir pour la mission ». Cherchons à partager ce que nous avons reçu ; cherchons à témoigner de la Bonne Nouvelle, à aller vers ceux que nous ne connaissons pas.

La fête du baptême du Seigneur rappelle ce moment du Jourdain où l’Esprit descendit sur lui, nous révélant qu’il est le Fils bien-aimé du Père. Au Bénin et au Togo, j’ai éprouvé la vitalité de la foi.

Accueillons les appels de l’Esprit pour « marcher ensemble ». Poursuivons nos efforts pour que la participation de chacun soit confortée dans la mission de l’Église. Regardons le travail des autres avec bienveillance, encourageons-nous les uns les autres.

Je cite en conclusion les mots qu’un évêque émérite m’a adressés au moment des vœux :

« L’état du monde, de la société, de l’Église est bien préoccupant. Comment rester réaliste sans se laisser grignoter par un pessimisme systématique indigne de l’espérance chrétienne ? Comme ne pas se laisser endormir non plus par l’optimisme imbécile du ‘on en a vu d’autres’, argument des paresseux et des égoïstes ».

Dans la joie de Noël, je vous adresse à vous et à vos familles, à tous ceux qui vous sont chers mes meilleurs vœux de paix, d’espérance et de courage pour l’année 2023, en vous souhaitant aussi la meilleure santé possible.

A Saint-Brieuc, le 10 janvier 2023

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Il se lève à l’Orient

C’est le soleil bien sûr qui se lève à l’orient, c’est-à-dire à l’est. La rose des vents indiquait aux marins d’autres points de repères : au nord l’étoile polaire, et la croix du sud pour naviguer au-delà de l’équateur. Si l’ouest peut évoquer, avec le couchant, une certaine fatigue du poids du jour, le soleil levant est à coup sûr le signal de l’éveil de la nature et de toutes les créatures.

Mais la liturgie désigne un autre soleil, que la nuit ne peut contenir et qui ne connaît pas la fin du jour. Il est « l’astre d’en-haut qui vient nous visiter » (Luc 1,78). Il est le Sauveur Jésus, le Fils éternel de Dieu, né de la Vierge Marie. Il est vivant.

Dans les récits de la Nativité, l’orient est nommé une nouvelle fois avec les mots des mages :

« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » (Mt 2,1-2)

Eux-mêmes sont « désorientés », ils cherchent leur route et se renseignent pour connaître celui qui est « la lumière venue dans le monde ». Nous aussi, nous sommes parfois désorientés, c’est-à-dire que nous avons perdu de vue le Christ qui est venu pour nous.

Voici l’appel du temps de l’Avent et de la fête de Noël, nous orienter ! Orienter nos passions, nos énergies, nos générosités pour qu’elles ne soient plus seulement les nôtres mais portées par le Sauveur, lumière d’en-haut venue dans nos obscurités.

Voici la joie du temps de Noël, quand les plus petits gestes sont orientés, renouvelés, embellis dans l’Amour de Dieu.

A Saint-Brieuc, le 30 novembre 2022

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Quand dans ma vie il faisait froid

Après un mois d’octobre particulièrement doux et même presque chaud, voici novembre où il va bien falloir rallumer chaudières, radiateurs et cheminées. Que sera cette période et les mois qui suivront ? Nous ne le savons pas. Les appels à la sobriété rendent plus nécessaires que jamais les gestes de solidarité. Tout près de nous mais également loin de nous, certains auront plus froid, de même que d’autres ont eu à souffrir d’une extrême chaleur en d’autres saisons.

C’est alors que revient dans ma tête la chanson pour l’Auvergnat (1954) de Georges Brassens : « quand dans ma vie il faisait froid ».

« Elle est à toi, cette chanson
Toi, l’Auvergnat qui, sans façon
M’as donné quatre bouts de bois
Quand dans ma vie il faisait froid »

L’auvergnat qui a donné du bois et l’hôtesse qui a offert du pain sont-ils de ce coin de Paris où le poète avait trouvé refuge sous l’occupation ou bien de ce café du Cantal où il avait traîné un moment sa misère ? Nous ne le savons pas, mais sa chanson ne cesse de porter des actes de solidarité et des désirs de communion dans bien des chaumières.

Pour les chrétiens, le mois de novembre s’ouvre dans la belle communion célébrée dans la solennité de tous les saints. Ils sont nombreux ces bienheureux et ils nous accompagnent, ceux que l’amour du Christ a saisis dans leur quotidien et pour l’éternité.

Et ce mois de novembre s’achèvera ou plutôt il s’ouvrira avec le temps de l’Avent et de l’attente de la pleine lumière. Revenons alors à l’Auvergnat et à ce feu de l’âme que l’humble l’offrande d’un peu de bois a rendu possible.

« Ce n’était rien qu’un peu de bois
Mais il m’avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
À la manière d’un feu de joie »

A Saint-Brieuc, le 28 octobre 2022.

+ Denis MOUTEL
Evêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Euthanasie… sortir du silence.

Sortir du silence, c’est accepter de parler, de se parler, y compris quand nous constatons un désaccord, même sur des sujets graves, avec lesquels nous nous sentons mal à l’aise.

Ceux qui demandent une nouvelle loi s’expriment et veulent aider à « mourir dans la dignité ». L’immense majorité des soignants impliqués dans les soins palliatifs demande plutôt que l’on puisse aider chacun à « vivre dans la dignité » jusqu’au bout de sa vie. Ils ajoutent souvent : « le médecin ne peut pas être celui qui tue ». On a retiré à la justice ce pouvoir, ce serait fou de le donner à d’autres.

« Comment peut-on appeler fraternel le geste qui donne la mort à celui qui le demande ? », questionne Mgr Pierre d’Ornellas. Être une sœur, un frère, pour celui qui va mourir, c’est lutter contre sa souffrance et l’apaiser autant qu’il est possible. Les soignants s’y emploient avec une grande responsabilité et de façon concertée. Mais c’est aussi être simplement là parce qu’il ou elle n’est pas de trop, parce que sa fragilité n’est ni indécente ni indigne.

A l’heure de notre mort, nous espérons que quelqu’un sera là pour nous tenir la main, pour nous dire cette parole aimante : « je suis là ».

Prenons le temps de réfléchir, osons aborder cette question entre nous, sans jugement mais sans peur d’aller à contre-courant des discours ambiants et des sondages. N’acceptons pas que d’autres parlent et pensent à notre place. Recevons personnellement cette question de conscience : « et toi, qu’en dis-tu ? » et que fais-tu pour aimer maintenant et à l’heure de la mort ?

Oui, il est temps de se réveiller … maintenant !

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Va te mettre à la dernière place !

Dans ce dernier dimanche du mois d’août, nous avons entendu l’invitation pressante du Seigneur à ne pas rechercher les premières places. La parabole de Jésus nous invite à la conversion : elle vient projeter la lumière de l’Évangile sur nos programmes, nos projets de rentrée.

Participant à la bénédiction de la statue de sainte Jeanne Jugan à la vallée des saints avec de nombreuses petites sœurs des pauvres, je retiens sa parole lumineuse à l’abbé Auguste Le Pailleur, qui s’était emparé de son œuvre : « Vous m’avez volé mon œuvre ; mais je vous la cède de bon cœur ! » Comme elle ressemble à Jésus « ma vie, personne ne la prend, mais c’est moi qui la donne ».

Celui qui a choisi de suivre le Christ entendra souvent cet appel : « va te mettre à la dernière place ». Les missions que nous recevons, les services que nous rendons, nous voulons les vivre dans la simplicité, sans mise en valeur de nous-mêmes. Ce qui est donné ainsi n’est jamais perdu. La vraie liberté, c’est de servir en se laissant conduire par l’Esprit Saint.

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Le temps des rencontres

Nous sommes entrés dans l’été avec l’événement heureux de l’ordination de trois prêtres : Mathieu Corson, Paul-Hervé Moy et Mathieu Colin. Je redonne volontiers le nom de chacun car c’est ainsi que nous prions les uns pour les autres, en portant un visage, une personne, une mission confiée, en présence de Dieu.
La joie de l’ordination nous aidera au cours de l’été à servir l’unité et la paix afin de rechercher d’abord ce qui peut apaiser et relier les personnes entre elles. Nous en avons tellement besoin. Je reconnais avec vous que c’est bien difficile.

Comment s’y prendre ? J’aime relire un passage de l’encyclique « Laudato Si » (N° 228) où le pape François tient ensemble la préservation de la nature et la gratuité de l’amour fraternel :
« La préservation de la nature fait partie d’un style de vie qui implique une capacité de cohabitation et de communion. Jésus nous a rappelé que nous avons Dieu comme Père commun, ce qui fait de nous des frères. L’amour fraternel ne peut être que gratuit, il ne peut jamais être une rétribution pour ce qu’un autre réalise, ni une avance pour ce que nous espérons qu’il fera. »

Bel été pour rechercher la paix et servir l’unité dans toutes nos rencontres.

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Le « Bouquet de la Mission »

A l’occasion du tricentenaire de la mort de Jean Leuduger (1722), j’ai découvert ses écrits spirituels dans le « Bouquet de la Mission », dont des extraits sont publiés dans un ouvrage préparé par les Filles du Saint Esprit. C’est en effet ce prêtre diocésain qui accompagna Marie Balavenne et Renée Burel dans la fondation de la Maison de la Charité du Légué en 1706, devenue plus tard la congrégation que nous connaissons bien.

Du 3 au 25 juin, on pourra découvrir Jean Leuduger et son intense charité pastorale dans l’exposition qui lui est consacrée à la médiathèque de la Maison Saint-Yves : « Jean Leuduger, missionnaire diocésain au XVIIème siècle »

Le bouquet de la mission.

C’est parce qu’il aimait profondément les gens, de l’amour même de Dieu, que Jean Leuduger a voulu s’adresser au « peuple des campagnes », au-delà du monde instruit ou aisé de son temps. Il voulait parler à tous, en leur donnant le meilleur de la Parole de Dieu et de la vie chrétienne et pas seulement un « abrégé ». Il ne comprenait pas que soit caché ou raccourci ce que le Seigneur veut révéler aux tout-petits.

Trois prêtres pour la mission.

Ce sont trois prêtres diocésains, Mathieu, Paul-Hervé et Mathieu, que l’Église se prépare à recevoir, le 3 juillet à 15h30 en la cathédrale saint Étienne de Saint-Brieuc, comme elle avait reçu Jean, prêtre diocésain que Mgr Denis de la Barde avait ordonné en décembre 1673.

Nous ne serons jamais à la hauteur du don de Dieu, mais que notre prière et notre accueil des futurs prêtres soient forts. Un événement marquant doit être marqué. Je demande à chacune de nos communautés chrétiennes de se poser la question : comment nous préparer à vivre la joie de ces ordinations ? Comment répondre aussi à l’appel que Dieu adresse à tous les baptisés ? La vocation, c’est pour tous !

A la veille de la Pentecôte, nous sommes heureux de recevoir l’Esprit Saint, le don de Dieu, brise légère ou vent de tempête qui vient rallumer sans cesse le feu de la charité.

A Saint-Brieuc, le 1er juin 2022

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Mai, mois de Marie, mois en sortie
 
« En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée » (Lc 1,38). Ce sont les premiers mots de l’Évangile de la fête de la Visitation de la Vierge Marie, le 31 mai. Ils me suggèrent le rapprochement suggéré plus haut, dans le titre : Marie en sortie !

Vous avez reconnu l’un des mots favoris du pape François : sortir pour une transformation missionnaire. C’est dans le premier chapitre de sa première exhortation apostolique :
« Tout chrétien et toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile ». (N° 20 de « La joie de l’Évangile », 24 novembre 2013).

Le chemin du mois de mai, c’est une invitation à sortir un peu plus de chez nous pour visiter et rencontrer les voisins. Pour Marie, il y avait un peu de route, de Nazareth aux montagnes de Judée. Pour nous, cela peut être plus près, tout près.
Le chemin du mois de mai, c’est la prière que nous pouvons adresser ensemble à la Vierge Marie, avec le chapelet, dans nos maisons, une église, une chapelle. Nous disons merci pour la grâce dont elle est comblée, toute aimée de Dieu, et nous avec elle. Nous demandons la grâce de la conversion, de la sortie de nos péchés. Nous la prions aussi avec tous ceux qui souffrent de la guerre en Ukraine, avec notre pays et les choix à faire, avec nos vies de chaque jour. Nous savons que nous pouvons tout lui dire, nos souffrances, nos doutes, nos attentes.

Je confie à la Vierge Marie, première missionnaire, la transformation pastorale de notre diocèse avec la question posée dans les équipes synodales et nos communautés et mouvements (page 6 du cahier de la consultation diocésaine / 2ème étape) [1] :
« Pour un nouvel élan missionnaire, imaginer les pistes possibles et concrètes à mettre en œuvre dans la vie d’une paroisse, d’un mouvement, d’un service ou du diocèse. » 

Que la Vierge Marie porte notre élan.
Que l’Esprit Saint nous montre comment nous devons marcher ensemble. 
 
A Saint-Brieuc, le 3 mai 2022
 
+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier
 
[1] Vous pouvez vous procurer ce cahier dans les paroisses ou à la Maison Saint-Yves.

Il est le premier-né,
Nous sommes la multitude de ses frères et sœurs

« Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20). Cette promesse de Jésus nous dit sa résurrection et sa présence toujours offerte à l’Église pour le monde. Il est avec nous mais nous demande aussi d’être avec Lui pour témoigner de Lui.

Être avec Lui, c’est tout le sens de notre vie chrétienne : laisser la puissance de la résurrection se déployer en nos vies pour dissiper nos ténèbres, engloutir les puissances du mal, pardonner nos péchés. Dans la nuit de Pâques, nous célébrons l’amour de Dieu plus fort que le péché, le mal et la mort.

L’événement de Pâques n’est pas une information que l’on pourrait se transmettre sans en être touchés. Une information qui nous ferait dire : « Oui, il est arrivé quelque chose à Jésus mais c’est loin et puis… Cela ne nous concerne pas ».

Cette nouvelle ne concerne pas que Jésus. Le Christ ressuscité n’est pas un miraculé de l’humanité, dont nous pourrions contempler à distance le destin heureux, comme on regarde un exploit que l’on ne saurait atteindre. Non il n’est pas seul, nous sommes avec Lui, Il est pour nous comme l’aîné, « le premier-né d’une multitude de frères ». (Romains 8,29)

On peut mettre en doute la Résurrection du Christ. On ne peut pas raisonnablement mettre en doute que des chrétiens s’assemblent encore aujourd’hui à cause de Jésus Christ. L’assemblée dominicale est le rappel permanent de cet événement inouï de la Résurrection.

  • Les ténèbres du monde et les obscurités de nos vies seront dissipées un jour… et c’est déjà commencé.
  • Ce pardon que nous ne pouvons pas encore donner, ces échecs d’une vie un peu en désordre, cette lassitude ou cette souffrance qui peuvent nous accabler, tout cela, c’est notre histoire, ce sont nos blessures et c’est la mort qui est à l’œuvre, mais c’est là que le Christ est passé, c’est là qu’il se tient, sur la croix et dans sa mort, pour allumer le feu de son amour.
  • Il vient illuminer cette part de notre histoire qui attend encore la lumière. Il nous communique sa vie et son amour pour que, avec Lui, nous puissions mener une vie nouvelle, dans la justice et la charité, dans le service de nos frères, sans exclusion.

Soyons heureux de la liturgie de Pâques. Avec les nouveaux baptisés, nous comprenons que notre vie est une traversée, un passage avec le Christ, que l’amour et la vie auront le dernier mot.

A Saint-Brieuc, le 4 avril 2022

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

« Ne nous lassons pas de faire le bien » (Gal. 6,9)

C’est le titre du message du pape François, emprunté à la lettre de St Paul aux Galates. Les premiers mots sont importants puisqu’il y a un risque de lassitude : après deux ans de crise sanitaire, voici la terrible réalité de la guerre au cœur de l’Europe.

Le carême est un temps de grâce pour ne pas baisser les bras, suivre le Christ, nous relever, aller vers les autres, quitter les chaînes injustes, reprendre le mouvement de l’Esprit Saint.

Suivre le Christ, être avec lui, c’est se rapprocher du Père qu’il nous donne et des frères et sœurs qu’il nous confie. Quatre proximités me viennent à l’esprit.

  • Le pape François nous appelle à être proches, ce mercredi des cendres, des souffrances du peuple ukrainien, à nous sentir tous frères et à demander à Dieu la fin de la guerre. Prier pour la paix, cela nous conduit à combattre, en nous-mêmes et dans nos communautés, les rancunes, les divisions, et à choisir la justice, la compassion, le pardon. Qui sait la force de cette forme d’engagement du cœur ? La conversion commence ici, chez nous, en nous.
  • Tout près de nous, il y a nos voisins. Voici le temps favorable pour porter un peu plus d’amitié, de chaleur, voire de soutien à ceux qui en ont besoin. L’attention à notre prochain comporte aussi notre participation au moment démocratique des élections à venir.
  • Le dimanche 20 mars, 3ème dimanche de carême, nous vivrons, comme partout en France, une journée de prière et de mémoire pour les personnes victimes de violences et d’agressions sexuelles au sein de l’Église: « si un membre du corps souffre, tous les membres partagent sa souffrance. » ( 1 Cor 12,26). Ne détournons pas notre regard, vivons le temps de la conversion, soyons nombreux ce dimanche 20 mars dans nos églises et à 17h00 à la cathédrale Saint-Étienne de Saint-Brieuc.
  • Nous nous faisons proches enfin des 30 catéchumènes que j’appellerai le dimanche 6 mars à l’étape décisive de leur préparation aux sacrements de l’initiation chrétienne. Encourageons les et portons les dans notre prière.

En conclusion de son message pour le carême, François nous appelle à « ne pas nous lasser de semer le bien : le jeûne prépare le terrain, la prière l’irrigue, la charité le féconde. »

C’est bien ce que nous voulons vivre ensemble. Ce « nous » de l’Eglise qui veut suivre son Seigneur sera manifesté dans l’assemblée diocésaine qui se tiendra le samedi 2 avril, avec 150 délégués, en relation avec le synode. Je confie cette rencontre à votre prière.

A Saint-Brieuc, le mercredi des cendres, 3 mars 2022

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Prière pour les chemins d’hiver

Quand il fait froid, quand la nuit semble encore bien longue, quand le brouillard nous enveloppe, fais-nous la grâce, Seigneur, de te chercher.

Dieu notre père, nous savons que tu nous aimes infiniment. Nous le découvrons aussi dans notre fragilité, quand c’est l’hiver. Mais, nous t’en supplions, aide-nous à ne pas nous replier sur nous-mêmes. Apprends-nous à annoncer la Bonne Nouvelle, à porter les difficultés les uns des autres, à agir pour le bien de tous.

Seigneur Jésus, devant ta croix, nous ne voulons pas nous comporter en curieux, en simples passants. Fais-nous entrer dans ta miséricorde. Aide-nous à ne pas nous laisser écraser par un regard qui ne ferait qu’observer, caricaturer, simplifier. Purifie nos yeux et garde les ouverts sur ce qui est beau, toi le pur Amour.

Esprit Saint, tu nous conduis vers l’Unité entre les chrétiens et la paix avec tous les hommes. Dans les divisions ou les déchirements, donne-nous de choisir les lieux de la rencontre et les moyens du dialogue.

Dieu trois fois Saint, que la nuit ne vienne jamais sans que nous n’ayons rendu grâce pour le bien que nous avons vu au long du jour.

A Saint-Brieuc, le 1er février 2022

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

« Il dit la bénédiction »

Avec la fête du baptême du Seigneur, ce dimanche 9 janvier, nous venons d’inaugurer, dans notre diocèse, la nouvelle traduction du missel romain. Les changements sont minimes mais certains peuvent porter notre méditation et même nos vœux pour la nouvelle année.

« Jésus prit le pain, il le bénit » … c’est ce que nous entendions jusqu’ici. Désormais nous entendons que Jésus « dit la bénédiction ». Ce changement de forme souligne que Jésus lui-même ne se pose pas comme la source de la bénédiction. Il reçoit toutes bonnes choses du Père : la beauté de sa création, sa proximité, sa miséricorde.

En nous associant aux mots de Jésus en ce début d’année nous pouvons manifester, nous aussi, que nous ne sommes pas la source de notre vie. Dire la bénédiction de Dieu, c’est nous rappeler tout ce que nous recevons, c’est renouveler pour tous les jours notre capacité d’émerveillement. Pas d’autre programme, chaque matin, que de répondre du mieux que nous pouvons à cette bénédiction de Dieu, par la justesse de nos paroles et la droiture de notre vie.

Dire la bénédiction avec le Christ, c’est aussi l’étendre à tous ceux que Dieu aime, en leur souhaitant de bon cœur une bonne année, une bonne journée, un bon accomplissement de leurs projets.

“Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute sortes de bénédictions spirituelles dans le Christ!” (Eph 1,3)

A Saint-Brieuc, le 10 janvier 2022

+ Denis MOUTEL
Evêque de Saint-Brieuc et Tréguier

L’arc-en-ciel

Avez-vous aperçu ces derniers jours ces arcs-en-ciel accrochés sur les horizons un peu chaotiques de l’hiver commençant ? Vous savez, c’est quand le soleil rasant s’invite entre les nuages et la pluie. Ce dégradé de couleurs nous enchante.

En revoyant les nuages très noirs qui n’avaient pas quitté l’horizon, je repensais à une personne qui venait de me confier une épreuve très lourde. Nous recevons aussi tant de nouvelles du monde, de l’Église … elles sont parfois si accablantes et si noires que nous nous décourageons comme cette foule « désemparées et abattues » (Mt 14, 13-21) que Jésus a nourrie et aimée. Faut-il attendre que tout aille bien pour recevoir la lumière d’en-haut ? Non.

Comment partager alors l’espérance avec quelqu’un qui porte un lourd fardeau ? Faire silence et être là, c’est déjà beaucoup. C’est ce que nous vivons quand nous acceptons de demeurer un moment auprès de ceux qui souffrent. C’est ce que vient de faire François, ce dimanche 5 décembre, sur l’île grecque de Lesbos. Son regard s’est porté longuement sur « les yeux remplis de peur et d’attente » de tant de personnes migrantes qui survivent dans des camps. Le pape n’a pas les solutions mais il attire la lumière vers ces personnes désemparées.

Guetter la lumière d’en-haut et chercher la beauté en toute vie, dans la fragilité surtout, là où on ne l’attend pas, c’est essentiel. Comme l’arc-en-ciel, le don de Dieu n’est pas programmé, il est promesse. Dans la Bible, ce phénomène naturel porte le signe du Salut donné après l’épreuve, après le déluge qui aurait pu engloutir définitivement le peuple de Dieu.

« Dieu est là… il vient nous sauver… tout être vivant verra le salut de Dieu », c’est ce que nous entendons pendant l’Avent de dimanche en dimanche. Ce sera bientôt la joie de Noël, la venue de l’Emmanuel, « lumière d’en-haut qui vient nous visiter ».

Puisque l’arc-en-ciel relie aussi de manière improbable deux points éloignés de la terre, nous pouvons bien faire alliance avec nos proches mais aussi avec ceux qui nous semblent plus loin, Nous ne fabriquons pas la lumière mais nous pouvons participer activement à des relations qui unissent, à des initiatives qui consolent, réparent et guérissent.

Je vous souhaite aujourd’hui de beaux arc-en-ciel, au plus haut des cieux et dans la profondeur des cœurs.

A Saint-Brieuc, le 6 décembre 2021

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Prière pour le Peuple de Dieu qui est en France,
tout spécialement les victimes.

A Lourdes, au cœur du travail de l’Assemblée plénière des évêques de France, Mgr Denis MOUTEL s’associe particulièrement aux paroles prononcées par le pape François, le 5 octobre dernier, jour de la publication du rapport de la CIASE présidée par M. Jean-Marc SAUVE.

« Les pensées du pape François se tournent en premier lieu vers les victimes, avec un immense chagrin pour leurs blessures et gratitude pour leur courage de dénoncer. Elles se tournent aussi vers l’Église de France, afin que, ayant pris conscience de cette effroyable réalité et unie à la souffrance du Seigneur pour ses enfants les plus vulnérables, elle puisse entreprendre la voie de la rédemption », affirme encore Matteo Bruni. « Par ses prières, le Pape confie au Seigneur le Peuple de Dieu qui est en France, tout spécialement les victimes, pour qu’Il leur accorde le réconfort et la consolation et afin que, avec la justice, puisse s’accomplir le miracle de la guérison ».

De cousinade en synode : une seule famille !

Avec la belle ordination de trois diacres et la cousinade du samedi 9 octobre, nous reprenons contact avec « la famille ». Elle est large, très large !

En effet, le dimanche 17 octobre à 15h30 à la cathédrale de Saint-Brieuc, nous allons répondre à l’appel du pape François en ouvrant le synode de l’Église dans notre diocèse.

« L’Église de Dieu est convoquée en Synode. Ce cheminement, sous le titre « Pour une Église synodale : communion, participation et mission », s’ouvrira solennellement les 9-10 octobre 2021 à Rome et le 17 octobre suivant dans chaque Église particulière. » (Document préparatoire N°1)

L’équipe de suivi prépare activement la célébration d’ouverture du 17 octobre ; merci d’y participer ou de veiller à ce que vos paroisses, communautés et mouvements, équipes synodales, y soient représentés.

Dans cette expérience universelle d’un synode nous nous rappelons que nous sommes membres d’une famille humaine secouée par la pandémie de la Covid-19 et bien des injustices, mais portée aussi par l’espérance. Dans notre pays, au moment de la rude interpellation du rapport de la CIASE, nous n’oublions pas non plus les blessures profondes des personnes victimes d’abus sexuels au sein de l’Église.

Nous n’entrerons pas sur ce chemin synodal pour nous évader ou passer à autre chose. Nous demanderons à l’Esprit Saint de nous inspirer les voies d’une profonde conversion pour une Église capable de communion et de fraternité. Merci de prendre la route avec courage et confiance.

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Votre espérance tient bon !

Pour ce temps de rentrée, je me rappelle les paroles de l’apôtre Saint Paul, reçues ces jours-ci dans la liturgie :

« À tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous, en faisant mémoire de vous dans nos prières. Sans cesse, nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père. » (1 Thess 1, 3-5)

Notre ferme espérance, ce n’est pas la certitude de tout réussir, de voir tous nos projets réalisés, de ne connaître aucune pénombre.

Notre espérance se nourrit de la confiance et de la bienveillance des autres. En nous appuyant les uns sur les autres, en étant partie prenante du corps du Christ, qui est l’Église, nous faisons l’expérience de ce que le pape François appelle « l’amitié sociale » dans sa lettre encyclique de l’automne 2020 « Fratelli Tutti ».

Il nous faudra le courage de l’espérance pour accueillir lucidement et jusqu’au bout, au début du mois d’octobre, les conclusions du rapport de la CIASE (commission indépendante sur les abus sexuels au sein de l’Église).

Il nous faudra le courage de l’espérance pour que nos légitimes différences en politique n’entament pas le respect de l’autre ni le désir de dialoguer, à l’approche des échéances électorale de 2022.

Il nous faudra le courage de l’espérance pour continuer de témoigner de la vie du Christ ressuscité, de l’amour du Père et de la force de l’Esprit Saint.

« A qui irions-nous, Seigneur ? Tu as les paroles de la Vie éternelle. »

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

L’été des grands parents

Chers grands-pères, chères grands-mères ! …

C’est ainsi que commence le message du pape François pour la « Journée mondiale des grands parents et personnes âgées ». Ce n’est pas trop difficile pour nous, en Bretagne, de nous réjouir de cette journée puisque François la relie très explicitement à la fête de Sainte Anne et Saint Joachim, le 26 juillet.

Le pape François n’a pas peur de se compter lui-même parmi les personnes âgées et il fait explicitement référence à ce moment où il a reçu « l’appel à devenir Évêque de Rome au moment où j’avais atteint, pour ainsi dire, l’âge de la retraite et je ne pensais plus pouvoir faire grand-chose de nouveau ».

Son message est donc plein d’attention pour ceux qui sont seuls et qui ont souffert pendant la pandémie. Il rejoint aussi avec réalisme « ces nombreuses nuits sans sommeil, pleines de souvenirs, de soucis et de désirs, auxquelles beaucoup d’entre nous sommes habitués ».

Mais, surtout, le pape dit aux grands-parents que nous avons besoin d’eux pour construire dans la fraternité le monde de demain car « il n’y a pas un âge de retraite pour la mission d’annoncer l’Évangile, de transmettre les traditions aux petits-enfants. Il faut se mettre en chemin et, surtout, sortir de soi pour entreprendre quelque chose de nouveau ».

L’expérience des épreuves surmontées peut porter les personnes plus âgées à annoncer que « la vie est devant ». Ce ne serait pas rendre service aux plus jeunes que de leur dire que « c’était mieux avant », que « la vie est décidément bien rude », et que « nous avons mal partout ». Comment pourraient-ils avancer et choisir leur vie si nous leur laissions entendre que la route est barrée, que l’horizon est bouché ?

Non il n’est pas très utile de leur raconter par le menu toutes les embûches que nous avons rencontrées, Le meilleur cadeau à leur faire c’est plutôt de leur dire, si nous le pouvons, que la voie est libre, dégagée, qu’ils peuvent s’y avancer sans peur.

Quant à nous, nous croyons à la résurrection des morts et à la vie du monde à venir. Et c’est beaucoup !

Alors, de bon cœur, je vous souhaite un bel été de vie et d’espérance.

+ Denis Moutel
 Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

« Vous serez mes témoins »

Tandis que les restrictions liées à la crise sanitaire semblent se desserrer, nous sommes heureux de pouvoir souffler, sortir, retrouver ceux qui nous ont manqué. Le temps de l’été portera, peut-être plus que d’habitude, la marque de la liberté et de la gratuité.

Dès maintenant mais aussi pour le temps de la rentrée, nous recevons l’appel du Christ ressuscité quand il envoie ses disciples en mission :

« Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Actes 1,8)

Ce temps nouveau, pour Dieu et pour les autres, pour le témoignage et la vie de nos communautés, nous ne pouvons pas l’aborder sous le signe de la contrainte ou de la tristesse. Nos agendas se remplissent vite en effet et nous pourrions empiler les « devoirs à faire » avec la volonté inconsciente de « repartir sur les chapeaux de roue » ou de « se cacher encore un peu de temps dans nos tanières », suivant les tempéraments.

Je veux rapprocher des événements qui nous invitent à porter ensemble, avec tout le peuple de Dieu, un engagement renouvelé pour l’Évangile.

  • Nous aurons à l’automne des ordinations diaconales, joie de l’Église !
  • Nous vivrons une « COUSINADE à la mode de Bretagne » le samedi 9 octobre à la Ville Davy à Quessoy pour des retrouvailles simples et joyeuses. C’est une initiative des jeunes familles, mais nous serons nombreux en invitant largement !
  • Les prêtres des diocèses de Saint-Brieuc et Quimper poursuivent avec les deux évêques une « démarche de renouveau presbytéral pour la mission » qui connaîtra une étape importante dans une session commune, les 19 et 20 octobre prochains. Nous en reparlerons. Les prêtres connaissent des fatigues, les vôtres et les nôtres propres, mais nous sommes fondamentalement heureux d’être chrétiens avec vous et prêtres pour vous ; et plus encore quand notre disponibilité de temps et de cœur nous porte vers vous, dans des relations fraternelles et missionnaires, sans être saturés par l’organisation sous toutes ses formes.
  • Enfin, le pape François convoque un synode pour l’Église universelle entre le 10 octobre 2021 et octobre 2023. Comme tous les diocèses du monde, nous vivrons une célébration d’ouverture le dimanche 17 octobre, après-midi, dans la cathédrale Saint Étienne de Saint-Brieuc.

Le titre du synode de l’Église est très inspirant : « Pour une Église synodale : communion, participation et mission ». Vous serez mes témoins… ensemble !

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

C’est le mois de mai qui compte !

Visitant un prêtre à la fin du mois d’avril, j’ai commencé la conversation avec lui dans le jardin. En montrant la pelouse et les premières plantations de pomme de terre, il se désolait un peu : « ça manque d’eau ! ». Puis il a très vite ajouté : « mais, c’est la pluie du mois de mai qui compte ». J’avais déjà entendu le proverbe : « petite pluie de mai, tout le monde est gai » et qu’après les « saints de glace », il faut quand même de l’eau, n’en déplaise aux sportifs de plein air ou autres randonneurs. Et ce prêtre, d’expérience, m’a expliqué : « vous comprenez, il y a un peu plus de racines en mai, alors ça part vite ! ».

Si nous revenons sur le terrain de la mission, nous pouvons nous demander à quelle pluie bienfaisante nous allons exposer nos racines spirituelles et pastorales. Ces dons de Dieu sont encore un peu enfouis ou en attente. Je veux parler, par exemple, de notre synode diocésain et de ses orientations et décisions, mais aussi du renouveau missionnaire que nous désirons pour l’automne en espérant sortir de la crise sanitaire : reprises d’activités dans nos paroisses, pèlerinage à Lourdes, cousinade diocésaine, ordinations diaconales etc, …

Et puisque « c’est le mois de mai qui compte », je veux confier nos plantations et nos racines au regard maternel et encourageant de la Vierge Marie, Notre Dame du mois de Mai. C’est le mois de Marie, « Mère pleine de grâce » ; c’est aussi l’année saint Joseph, « Père au courage créatif » (voir la lettre apostolique « Patris Corde » du pape François – 8 décembre 2020).

Avec eux et par leur intercession, ne manquons pas de nous laisser imprégner, détremper, habiter par la Parole de Dieu pour aller de l’avant dans la mission. On dit, je crois, que la bonne pluie ne doit pas trop durer. Ce n’est pas le cas pour la pluie et la rosée qui viennent d’en-haut. Dieu se donne à tout instant et à tous ses enfants, fidèlement, pour que nous portions de beaux fruits, dans la grâce de notre baptême et de notre confirmation.

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Message de Pâques de Mgr Denis Moutel
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

C’est Pâques, la plus grande fête de l’année pour les chrétiens. Avec la pandémie toujours présente, les grands rendez-vous de la fête se trouvent bouleversés. Les horaires sont inhabituels et beaucoup ont pu être empêchés de se joindre aux célébrations de la Semaine Sainte.

Mais les paroisses ont tout mis en œuvre pour que nous puissions suivre le Christ, à son dernier repas, sur son chemin de croix, dans le silence du tombeau, jusqu’à la joie éclatante du matin de Pâques.

Je salue la grande responsabilité de ceux qui pratiquent leur foi en acceptant les contraintes sanitaires dans un esprit de simplicité et de respect de tous. Je veux remercier tous ceux qui accueillent, avec gentillesse et efficacité, aux portes de nos églises.

Plus que jamais nous percevons la fragilité de nos existences personnelles et collectives Nous voulons porter dans la prière ceux qui traversent des épreuves dans leur santé, dans leur perte d’activité, dans leurs doutes sur l’avenir. Même notre espérance en Dieu peut parfois être atteinte.

Pourtant les chrétiens partagent la joie de Pâques. Nous croyons qu’en Jésus, le mal et la mort ont été vaincus. Avec lui, l’Amour et la Vie ont définitivement remporté la victoire.

Même si nous sommes encore sur des chemins douloureux, nous voulons dire notre confiance en la vie, nous croyons que l’amour est possible, nous mettons notre espérance en Dieu. Il nous invite à la Vie qui ne finira pas. Il nous relève toujours. Il nous donne le courage d’exister pour servir les autres.

A tous, mes vœux de paix et de joie : bonne fête de Pâques !

+ Denis Moutel
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Les fleurs du carême

Avec un peu d’avance, nous voyons les premiers signes du printemps dans le fleurissement des camélias, mimosas, narcisses et jonquilles et tant d’autres végétaux.

Saurons-nous cueillir les « fleurs du carême », ces signes modestes du renouveau promis et réalisé dans le Christ ?

Laissez-vous réconcilier ! Dans une rencontre avec des jeunes catéchumènes, la conversation est venue sur la difficulté du pardon. Je leur demandais s’ils se disputaient. La réponse n’a pas tardé : Oui ! Mais alors, comment faites-vous ? L’une d’entre eux s’est lancée : « le soir, j’écris sur mon carnet ce que j’ai sur le cœur et je retrouve la paix. Et puis quand je vois que j’ai écrit des choses vraiment méchantes, je déchire la page et je la mets à la poubelle. » Voici, dans la vie des plus jeunes d’entre nous, des fleurs de pardon et de paix.

« Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le craint ; aussi loin qu’est l’orient de l’occident, il met loin de nous nos péchés. » (Ps 102 11,12)

Témoigner plus d’amour pour le prochain. Dans une paroisse de notre diocèse, on m’a raconté une belle initiative. Puisqu’il est difficile d’obtenir un rendez-vous de vaccination, notamment pour les personnes moins à l’aise avec l’informatique et les inscriptions en ligne, un rendez-vous de proximité a été proposé, autour d’un ordinateur, pour aider plusieurs personnes à prendre date.

Voici une fleur de « Skoazell » (s’épauler, se soutenir), cette démarche destinée à venir en aide et à s’intéresser à son voisin, sans s’imposer.

« La charité est don. Elle donne sens à notre vie. Grâce à elle, nous considérons celui qui est dans le manque comme un membre de notre propre famille, comme un ami, comme un frère. Le peu, quand il est partagé avec amour, ne s’épuise jamais mais devient une réserve de vie et de bonheur. » (Message du pape François pour le carême 2021)

Se donner davantage à la prière. En d’autres lieux, on propose un rendez-vous fixe de prière le vendredi ou encore l’écoute de la Parole de Dieu, par des « lectio divina » partagées.

En ce début du mois de mars, à quelques jours de la visite du pape François en Irak je vous invite à vous unir intensément à la prière du patriarche de Babylone et des Chaldéens, le cardinal Louis Raphaël Sako :

« Seigneur notre Dieu, bénis les efforts de François pour renforcer le dialogue et la réconciliation fraternelle et pour instaurer la confiance, consolider les valeurs de paix et de dignité humaine, en particulier pour nous, les Irakiens, témoins d’événements douloureux qui nous ont touchés. »

Que des fleurs d’amour et de vérité, de justice et de paix, viennent éclairer tous nos déserts. Bon et saint carême !

+ Mgr Denis MOUTEL Evêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Au milieu de tant de choses impossibles, choisir le possible :
7 conseils pour espérer et bien entrer en carême.

  1. Quand la tristesse nous prend, nous rappeler la dernière personne qui nous a fait du bien, descendre en son cœur et en rendre grâce.
  2. Dans la tentation de baisser les bras, penser à ceux qui comptent sur nous.
  3. Dans la difficulté de se rencontrer, garder le contact avec une personne isolée.
  4. Renoncer à nos grands projets, redonner ses chances à ce qui est petit.
  5. Sans idolâtrer la « visio », annoncer l’Évangile dans des rencontres inédites.
  6. Après tant d’annulations ou reports, faire place à l’inattendu.
  7. Quand il y a tant d’occasions de se disputer, rechercher l’unité.

+ Mgr Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Message de Mgr Denis Moutel, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, pour la clôture du Jubilé des 25 ans du diocèse de Djougou.

A l’occasion des célébrations de la clôture du Jubilé des 25 ans du diocèse de Djougou, ce dimanche 17 janvier 2021, je suis heureux de vous écrire ma reconnaissance pour les liens profonds qui unissent nos deux diocèses.

Je remercie son excellence Monseigneur Pascal N’Koue, archevêque de Parakou et administrateur apostolique de votre diocèse, de m’avoir invité pour cet événement. Malheureusement la persistance de la pandémie du coronavirus m’empêche de vous rejoindre, avec la délégation qui était prévue.

Dans ma prière d’action de grâce, je fais mémoire de Mgr Paul Vieira dont le témoignage et l’amitié ont fortement porté la relation entre nos deux diocèses. Sa mission continue autrement auprès de nous tous, dans le Christ.

Dans ces liens qui nous unissent, et en ce jubilé de votre diocèse, nous recevons le don de Dieu et nous comprenons qu’il nous rend capables de donner à notre tour : donner plutôt que prendre, être pour les autres et non pas pour soi, annoncer sans cesse l’Évangile : c’est le don de la foi, le « fidei donum » ! Merci pour les prêtres que vous nous envoyez !

Soyez heureux dans ces journées de jubilé ! Que le Seigneur vous bénisse et qu’ll vous conduise, par l’intercession de Notre-Dame de Toute Aide et de saint Yves, dans l’amour et la vérité, la justice et la paix.

+ Denis Moutel
Évêque de Saint-Brieuc

Pas comme d’habitude !

Noël « autrement », cela revient souvent dans nos conversations et aussi dans les médias. On cherche à « sauver les fêtes », dont celle de Noël. Qui peut dire qu’il n’a pas envie de retrouver les siens, même si c’est de façon plus limitée ? Si nous ne savons pas encore dans quelles conditions nous pourrons vivre les célébrations de Noël, nous nous rappellerons, dans cette fête, que nous n’avons rien à sauver… c’est Dieu qui nous sauve en nous donnant son propre Fils : « Il vous est né un Sauveur ». Déjà, en disposant la crèche dans nos maisons et nos églises, nous nous tournons davantage vers Lui.

Le temps de l’Avent nous prépare à cet événement inouï de l’histoire, à cet avènement du Très Haut, conçu de l’Esprit Saint et né de la Vierge Marie, dans l’humilité d’une mangeoire. Ce temps liturgique nous appelle à ne pas faire « comme d’habitude ». C’est le moment de quitter nos vieilles habitudes pour attendre le Seigneur, et le recevoir comme notre véritable « à-venir », c’est le moment de ne plus dire : « c’était mieux avant». Veiller, c’est garder confiance parce que le Seigneur n’abandonne jamais ses enfants, c’est guetter dans le présent les signes de sa présence, c’est le reconnaître dès aujourd’hui dans les frères et sœurs qu’il nous confie.

A Noël, nos maisons seront sûrement moins remplies, mais nos cœurs resteront ouverts aux autres. Les églises ne seront pas aussi pleines, mais Dieu nous visitera de nouveau, en Jésus le Sauveur, où que nous soyons.

Oui, mes amis, veillez, car il ne faudrait pas que le maître de la maison nous trouve endormis, « quand il arrivera, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ».

Que Dieu vous bénisse et vous donne de vivre ce temps de l’Avent dans la confiance et l’espérance !

+ Denis Moutel 
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Unis dans l’Espérance

Le jeudi 29 octobre 2020, nous avons été saisis de colère et d’émotion, plongés dans le désarroi, devant l’horreur des assassinats commis sur trois de nos frère et sœurs dans la Basilique Notre-Dame de Nice. Il nous faut combattre résolument l’islamisme fanatique, la haine et les forces de mort. Les meurtriers cherchent à nous diviser et à semer l’angoisse et le chaos.

Tandis que les pouvoirs publics doivent exercer leurs lourdes responsabilités, nous voulons résister à la peur et à la division par les seules armes dont nous disposons comme disciples du Christ : la prière et le témoignage de la fraternité.

Nous devons cette prière et ce témoignage à ceux qui n’étaient là que pour servir et pour prier Dieu qui donne la vie. Dans la solennité de la Toussaint nous continuerons à porter les trois victimes et la douleur de leurs familles. Ils ont rejoint la grande fraternité qui unit le ciel et la terre, la communion de tous ceux que Dieu appelle au bonheur.

C’est avec cette douleur que nous sommes entrés dans un 2ème confinement que chacun redoutait. Parce que la situation sanitaire de notre pays est inquiétante, nous voulons participer sans réserve à l’effort de tous pour lutter contre la pandémie. Mais nous ne quittons pas la foi, l’espérance et la charité de notre baptême. Ces temps difficiles sont une invitation à être inventifs pour rejoindre les personnes

« La parabole du bon samaritain nous montre par quelles initiatives une communauté peut être reconstruite grâce à des hommes et des femmes qui s’approprient la fragilité des autres, qui ne permettent pas qu’émerge une société d’exclusion mais qui se font proches et relèvent puis réhabilitent celui qui est à terre, pour que le bien soit commun. »
(Pape François Fratelli Tutti n° 67)

+ Denis Moutel
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Envoie-nous !

« Me voici, envoie-moi », c’est le thème qui est choisi pour la semaine missionnaire mondiale du 11 au 18 octobre. Ces mots du prophète Isaïe résonnent tout particulièrement en moi au moment du dixième anniversaire de mon ordination épiscopale, le 10 octobre 2010.

En fait, il faudrait dire « envoie-nous » car c’est l’Eglise tout entière, le Peuple de Dieu, c’est-à-dire chacun de nous, que le Seigneur envoie chaque jour pour la mission. L’itinéraire personnel d’un évêque ne peut pas être séparé de l’aventure humaine, ecclésiale, spirituelle de tous les baptisés. Avec vous, je m’entraîne, jour après jour, à être chrétien. Il y du travail !
Dans ma joie d’avoir dit oui et de vous avoir rejoints, je pense à vous qui avez répondu à l’appel du Seigneur de bien des manières. En vivant notre baptême et notre confirmation ou bien une vocation particulière, nous comprenons que l’appel entendu nous fait grandir, malgré nos réponses hésitantes ou les difficultés rencontrées.

La vie d’un évêque, ce ne sont pas seulement des choses à faire. Pour être vraiment envoyé, il convient de revenir souvent à Celui qui nous envoie. Je demande au Seigneur la grâce de pouvoir vivre la « charité pastorale » dans « les choses à faire », suivant les mots de Sainte Thérèse de Lisieux : « l’Apôtre explique comment tous les dons les plus parfaits ne sont rien sans l’Amour… la Charité est la voie excellente qui conduit sûrement à Dieu. »

Je vous dis ma profonde affection et prie pour vous. Je me confie à votre prière et je remets notre diocèse à l’intercession de Notre Dame de Toute-Aide, particulièrement en ce mois du Rosaire.

+ Denis Moutel
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Pour dépasser la peur : la confiance.

Nous ne connaissons que trop la pandémie de la « Covid-19 » et nous nous efforçons de lutter ensemble pour protéger notre entourage et les autres en général. Dans cette responsabilité, les catholiques se montrent exemplaires, je dois le dire.

Il est une autre pandémie pour laquelle notre témoignage est attendue : c’est la pandémie de l’angoisse. Jour après jour, d’heure en heure, des chaînes de télévision, que j’appelle « gyrophares » en raison de leur goût prononcé pour les catastrophes, nous abreuvent de commentaires dont les mots-clés sont : danger, risque, peur, retrait. Dans un réflexe de bonne santé, beaucoup d’entre nous choisissent de se déconnecter, non pas d’une information sanitaire utile, mais d’une ambiance anxiogène.

En effet, si nous n’y prenons pas garde, cette contagion de la peur peut contaminer nos projets, nos responsabilités, nos engagements pour cette rentrée pastorale.

Choisissons plutôt la confiance et la vigilance pour imaginer ce que nous avons à inventer, à renouveler pour annoncer l’Évangile. Avec l’aide de Dieu, après l’expérience éprouvante du confinement : ce que nous ne pouvons plus faire comme avant, ce que nous voulons renforcer et notamment notre attention aux personnes qui souffrent en raison de la crise.

A cela s’ajoute pour ce mois de la création une autre vigilance, très essentielle, notre responsabilité environnementale Le pape François invite les hommes et femmes de bonne volonté à « renouveler leur adhésion personnelle à leur vocation de gardiens de la création, en rendant grâce à Dieu pour l’œuvre merveilleuse qu’Il a confiée à nos soins et en invoquant son aide pour la protection de la création et sa miséricorde pour les péchés commis contre le monde dans lequel nous vivons »

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

« Pour la gloire de Dieu et le salut du monde »

De la pandémie à Laudato Si.

Nouvelle(s)… plus que jamais le titre de notre périodique nous appelle à l’imagination. L’ordination d’un nouveau prêtre pour notre diocèse donne une couleur particulière à ce temps de « déconfinement ».

Nous avons eu peur et voici que l’un de nous se présente à l’Église pour s’engager dans la confiance. Il est ordonné pour partager la joie de croire. Avec lui, nous voulons témoigner du dépassement de toute mort dans le Christ Sauveur.

Nous devons veiller, par précaution, à une juste distance entre nous mais le nouveau prêtre est appelé à déployer talent et générosité pour rencontrer les personnes dans la proximité. Avec lui, nous voulons recevoir le courage de « sortir » pour porter la présence et l’amour du Christ aux plus fragiles d’entre nous, au sein de « l’hôpital de campagne » que doit être l’Église.

Nous avons hâte de reprendre nos activités, mais le nouveau prêtre ne peut pas venir pour répondre à nos seules attentes, « comme avant ». Ne le soumettons pas à des programmes contraignants, à une organisation desséchante ou à un rythme épuisant. Avec lui, nous voulons goûter l’audace de la liberté et inventer de nouvelles formes de vie missionnaire.

Dans ce numéro de « Nouvelle(s) »*, nos rendez-vous sont aussi ceux de notre participation à la sauvegarde de notre « maison commune », avec le pape François. Cinq après la publication de l’encyclique « Laudato Si », nous voulons passer la vitesse supérieure pour réfléchir et agir pour la vie du monde. Dans toutes sortes de fraternités, nous voulons nous poser simplement la question : « que pouvons-nous faire ? ». Merci, David, d’en prendre ta part, dans l’activité missionnaire avec le peuple de Dieu et dans l’Eucharistie : « recevez l’offrande du peuple saint pour la présenter à Dieu. »

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

* Le numéro 4 du journal diocésain « Nouvelle(s) » est à retrouver gratuitement fin juin / début juillet dans les maisons paroissiales et les églises du diocèse de Saint-Brieuc.

Voir la grâce de Dieu à l’œuvre.

Au livre des Actes de Apôtres, la mission commence toujours par l’étonnement, la joie. Quand Barnabé passe de Jérusalem à Antioche, il découvre qu’un grand nombre de gens sont devenus croyants et se sont tournés vers le Seigneur :

« À son arrivée, voyant la grâce de Dieu à l’œuvre, il fut dans la joie. » (Actes 11,19)

Les témoins qui s’expriment ci-dessous nous offrent cette joie. Dans l’incertitude de l’épreuve que nous traversons, ils ont su voir et entendre au-delà ce de qu’ils osaient imaginer.

Ainsi, la lucidité et l’esprit de responsabilité peuvent s’accompagner d’émerveillement et de louange. C’est le premier mouvement de la foi : rejoindre librement le mouvement de l’Esprit Saint, qui « est Seigneur et qui donne la vie ».

Accueillons aussi avec reconnaissance l’annonce de la prochaine ordination presbytérale de David PLANTET, le dimanche 28 juin 2020. Nous sommes dans la joie pour l’appel de Dieu et pour la réponse de David.

A quelques semaines de la Pentecôte, ne perdons pas de vue l’œuvre de Dieu ni le chemin de la mission où il nous envoie.

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Dans le confinement, une Semaine Sainte renouvelée
Message de Mgr Denis Moutel

Personne ne pensait vivre un tel carême ! Brutalement, avec la pandémie, notre monde a été plongé dans le calme et le silence, mais aussi dans des difficultés sanitaires, économiques, sociales ou familiales, profondes, qu’il faut affronter jour après jour. En certains pays du monde, c’est la misère et la faim qui risquent de s’abattre sur des populations sans secours.

Le Peuple de Dieu est confiné lui aussi, mais uni dans le Christ. Il nous invite à le suivre dans cette Semaine Sainte et singulière, en nous laissant aimer sous les bras de Sa croix.

Il me semble que nous allons suivre autrement le Seigneur, tellement nos regards et nos perceptions sont déplacés.

  • Nous jugions les autres -et nous-mêmes- définitivement individualistes et « confinés » dans la consommation ou le « tout-à-l’égo ». Nous voyons avec surprise que nos voisins s’inquiètent pourtant des autres ou donnent un coup de main dans toutes sortes de services solidaires et civiques. Jésus, le Serviteur, nous invite à le suivre. C’est le Jeudi-Saint.
  • Nous pensions, sans y croire tout à fait, que l’homme pourrait régler beaucoup de choses par lui-même, en oubliant la sagesse, le respect de la création, la vie morale, les relations humaines. Mais ce rêve de toute-puissance vient de se briser : « l’homme augmenté » ne peut plus cacher nos fragilités. Jésus, le Crucifié, vient nous aimer jusqu’au bout dans notre vulnérabilité, dans nos morts, dans nos défaites et nos péchés. C’est le Vendredi-Saint.
  • Nous étions peut-être endormis, parfois médiocres ou « alternatifs », dans notre relation avec Dieu, notre participation à l’assemblée du dimanche, notre ferveur personnelle. Nous découvrons combien la communion eucharistique nous manque, et aussi les autres chrétiens que nous ne pouvons plus rencontrer de la même manière. Mais nous multiplions les initiatives pour nous relier, malgré tout, à l’Église vivante, qui est aussi le Corps du Christ. Jésus, le ressuscité, nous invite à la joie et à la mission. C’est le dimanche de la Résurrection, c’est Pâques.

En cette Semaine Sainte 2020, je serai en profonde communion avec vous. Que le souffle de Dieu, l’Esprit Saint, mobilise notre Espérance pour suivre le Christ et annoncer son Évangile d’une manière renouvelée.

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Seigneur, avec Toi, nous irons au désert !

Au milieu des tracas du monde et des nièmes secousses qui troublent l’Église, il n’est pas sûr que nous ayons envie de partir au désert, un lieu inhospitalier et éprouvant. J’entends plutôt des aspirations à la paix, des besoins de consolation. Mais c’est peut-être cela le désert puisqu’il s’agit d’y demeurer avec le Seigneur.

Avec toi, c’est le mot-clé. Le temps du carême nous met en présence du Christ. Être chrétien, vivre notre baptême et notre confirmation, c’est vraiment être avec lui, y compris dans nos ténèbres et nos déroutes. C’est même d’abord là qu’il se donne, dans la face obscure de nos existences : sur le bois de la croix, il nous a aimés jusqu’au bout. La révélation chrétienne ne consiste pas en une petite amélioration de la nature humaine pour pousser un peu plus loin ce que nous ferions déjà très bien. Non, c’est un salut, une question de vie ou de mort, notre passage de la mort à la vie, avec le Christ.

Nous irons. Ce « nous » est aussi un mot-clé du carême. Le carême n’est pas un itinéraire individuel : la prière communautaire et le partage (l’aumône), le sacrement de réconciliation nous appellent à créer des liens. Ce sera autant de gagné pour une société où les solitudes sont nombreuses et font du mal sans faire de bruit.

Poussés par l’Esprit. C’est lui le grand invité du carême, l’Esprit Saint qui nous unit pour dire « Notre Père », l’Esprit Saint qui réchauffe les froids, redresse les tordus et réjouit les tristes ! Que l’Esprit Saint soutienne notre confiance et nos engagements pendant ces quarante jours

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Seigneur, regarde la foi de ton Eglise !

« Seigneur, regarde la foi de ton Église ». Avec cette prière que nous disons à la messe, je veux vous confier l’assemblée diocésaine qui réunira 150 personnes le samedi 28 mars prochain. Je confie cette rencontre et l’annonce de l’Évangile à votre prière.

Près de trois ans après la clôture du synode, je souhaite faire un point d’étape : qu’avons-nous déjà vécu, quelles lois synodales ou décrets avons-nous déjà mis en œuvre, que devons-nous relancer ? Ce sera, avec notre engagement pour l’écologie intégrale, le principal sujet des échanges.

C’est l’hiver, la saison où tout semble dormir. Mais c’est aussi le temps lent et secret de nouvelles germinations. Nous voulons continuer à recevoir l’Esprit Saint pour qu’il nous donne, trois ans après le synode, « la claire vision des choses à faire et la force de l’accomplir ».

Et pour que se fasse la volonté du Seigneur, nous lui demandons sa paix et aussi la grâce de l’unité. Autrement dit, ce que nous vivons de beau, ne le gardons pas pour nous, mettons-le au service de tous, offrons-le à l’Église comme appel et comme encouragement. Et pour ce qui est difficile, dans l’annonce de l’Évangile, appuyons-nous les uns sur les autres, comme des frères et sœurs qui sont tous appelés au même témoignage.

« Oui, Seigneur, ne regarde pas nos péchés, mais la foi de ton Église. »

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Le paradis à la fin de vos jours,
Ca se prépare maintenant dans une vie fraternelle.

En Bretagne, après les vœux habituels de bonne santé et de bonheur pour chaque jour, nous souhaitons à l’autre « le paradis à la fin de votre vie ».

Ce n’est pas rien, ce n’est pas « petit joueur » ! C’est un horizon qui s’ouvre bien au-delà de ce que nous osons parfois espérer. Il me semble qu’il y a un chemin relativement accessible pour préparer cette promesse de communion en Dieu, c’est de choisir avec plus de détermination la vie fraternelle.

Pour cette année 2020, je vous propose de mettre en pratique cette indication que le pape François nous a donnée, ce 1er janvier :

« Il s’agit d’abandonner le désir de dominer les autres et d’apprendre à se regarder réciproquement comme des personnes, comme des enfants de Dieu, comme des frères. L’autre ne doit jamais être enfermé dans ce qu’il a pu dire ou faire, mais il doit être considéré selon la promesse qu’il porte en lui. » (Pape François : Message pour la journée mondiale de la paix, du 1er janvier 2020)

Autrement dit, si l’on reprend les mots du philosophe Emmanuel Levinas, il vaut mieux « envisager » l’autre plutôt que le « dévisager ». Considérer l’autre selon la promesse qu’il porte en lui, c’est le contraire de ces rumeurs ou polémiques répétées à l’envie, qui ne cessent de polluer nos médias et d’empoisonner nos relations sociales.

Et si on s’y mettait tous ensemble ?

Bonne et Sainte Année 2020.

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Le paradis à la fin de vos jours,
Ca se prépare maintenant dans une vie fraternelle.

En Bretagne, après les vœux habituels de bonne santé et de bonheur pour chaque jour, nous souhaitons à l’autre « le paradis à la fin de votre vie ».

Ce n’est pas rien, ce n’est pas « petit joueur » ! C’est un horizon qui s’ouvre bien au-delà de ce que nous osons parfois espérer. Il me semble qu’il y a un chemin relativement accessible pour préparer cette promesse de communion en Dieu, c’est de choisir avec plus de détermination la vie fraternelle.

Pour cette année 2020, je vous propose de mettre en pratique cette indication que le pape François nous a donnée, ce 1er janvier :

« Il s’agit d’abandonner le désir de dominer les autres et d’apprendre à se regarder réciproquement comme des personnes, comme des enfants de Dieu, comme des frères. L’autre ne doit jamais être enfermé dans ce qu’il a pu dire ou faire, mais il doit être considéré selon la promesse qu’il porte en lui. » (Pape François : Message pour la journée mondiale de la paix, du 1er janvier 2020)

Autrement dit, si l’on reprend les mots du philosophe Emmanuel Levinas, il vaut mieux « envisager » l’autre plutôt que le « dévisager ». Considérer l’autre selon la promesse qu’il porte en lui, c’est le contraire de ces rumeurs ou polémiques répétées à l’envie, qui ne cessent de polluer nos médias et d’empoisonner nos relations sociales.

Et si on s’y mettait tous ensemble ?

Bonne et Sainte Année 2020.

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

24 fenêtres à ouvrir jusqu’à Noël.

Les innombrables calendriers de l’Avent nous invitent à ouvrir chaque jour une fenêtre. Destiné à faire patienter les enfants pendant ces 24 jours qui nous séparent de Noël, ce calendrier très particulier fait écho à l’attente des chrétiens, du moins s’il ne se contente pas d’ouvrir sur du chocolat.

Pour ce qui est de l’attente, j’ai toujours été impressionné par le témoignage concret des moines et moniales : ce sont des champions ! Ils se lèvent nettement avant la fin de la nuit pour guetter la venue de l’Ami. Ils attendent intensément le Christ, le « soleil levant qui vient nous visiter ». Ils savent, au plus intime de leur cœur, qu’ils sont faits pour cette rencontre avec le Seigneur qui vient. S’ils demeuraient engourdis dans la torpeur de la nuit, ils pourraient rater le passage de l’être aimé. On dit même que, dans l’antiquité, certains moines dormaient tout habillés pour être vraiment prêts !

Ouvrons chaque jour une fenêtre sur une ou des personnes à aimer. Ouvrons chaque jour une fenêtre à la Parole de Dieu pour qu’elle nous entraîne à la conversion. Ouvrons chaque jour une fenêtre sur un air plus respirable en faisant le choix de la modération et du partage dans nos achats de Noël : moins de biens et plus de liens !

Bon chemin d’Avent !

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Novembre, des provisions d’espérance pour l’hiver.

Le mois des premiers frimas commence avec la joie de la Toussaint et aussi la journée plus grave de la commémoration de tous les fidèles défunts. Ces deux premiers jours du mois sont souvent réunis par commodité. C’est vrai qu’ils ont un grand point commun : l’espérance.

Malgré les lourds nuages qui s’accumulent dans l’actualité du monde et jusque dans nos vies personnelles et familiales, nous croyons et nous disons que nous ne sommes pas… des vivants promis à la mort, mais des mortels qui attendent la vie, car « si le Christ a connu la mort, puis la vie, c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants » (Ro 14, 7-12).

Se préparer à la sainteté en la choisissant dès maintenant, c’est une bonne manière d’entrer dans l’espérance et de faire ainsi du bien à tout le monde :

« Le saint est capable de vivre joyeux et avec le sens de l’humour. Tous en demeurant réaliste, il éclaire les autres avec un esprit positif et rempli d’espérance. » (Pape François Gaudete et Exsultate, exhortation apostolique sur l’appel à la sainteté, 19 mars 2018, § 122).

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Bioéthique : notre grave inquiétude.

Le parlement a commencé l’examen du projet de loi relatif à la bioéthique. L’Eglise catholique, par la voix de ses évêques comme de ses fidèles, s’est exprimée à plusieurs reprises depuis le lancement des Etats généraux. Il semble que les voix divergentes aient été peu entendues. Il est légitime, il est nécessaire de manifester notre grave inquiétude.

Ce qui est projeté pour l’assistance médicale à la procréation (PMA) institue l’absence de père et constituera une injustice pour les enfants qui naîtront ainsi. Le droit à l’enfant prend le pas sur le droit des enfants. Pour satisfaire à tout prix un désir d’enfant, on en arrive à nier les réalités du corps et du lien charnel.

Des questions sont posées aussi sur le statut de l’embryon humain et les possibles manipulations qui adviendraient dans le but de réparer ou d’augmenter l’homme.

Quel monde voulons-nous pour demain ? On énonce trop facilement des sondages ou des enquêtes pour dire que « la société est prête ». Il faut le dire avec force : ceux qui interrogent le projet de loi ne sont ni homophobes ni conservateurs. Ils s’efforcent de réfléchir et d’aimer les gens.

Comment élaborer la loi la plus juste possible, dans le respect de la personne humaine ? Que chacun s’informe, discerne et agisse pour exercer sa responsabilité citoyenne. Dans ce moment grave, que notre prière soit également au rendez-vous.

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Septembre, saison de la création

Avec le dimanche 1er septembre s’ouvrait un temps particulier d’attention et de prière pour le respect du don si précieux de la création. Le pape François avait pris cette initiative après son encyclique « Laudato Si » sur la sauvegarde de notre maison commune.

La rentrée scolaire marque la fin de la grande récréation de l’été, mais c’est toujours l’heure de la re-création. Plus que jamais, l’horizon s’est assombri en effet pour la planète, réchauffement climatique dont nous avons éprouvé les conséquences même en notre pays, et de façon plus dramatique en bien des régions du monde : fonte des glaces aux pôles, incendies gigantesques en Amazonie et ailleurs, gestion chaotique de nos déchets…

Une juste place dans l’environnement et le choix d’un style de vie respectueux vont bien au-delà de notre relation à la nature. Il s’agit aussi de la relation des hommes entre eux : insouciance et domination ou bien solidarité et attention aux plus fragiles. Avec la rentrée, nous voulons choisir la vie et l’espérance pour tous nos engagements dans la société, en famille, en Église.

Saluons en ce sens les orientations prises par la paroisse de la Bonne Nouvelle (Lannion et Pleumeur-Bodou) pour une Eglise verte. Que leurs audaces en suscitent d’autres !

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

15 août : Pâques en été !

La fête de l’Assomption de la Vierge Marie, c’est comme « la Pâque de l’été ». Marie est en effet la première bénéficiaire de la résurrection du Christ. Elle est « la femme enveloppée du soleil » dans la vision de l’Apocalypse : Soleil de Dieu, Soleil levant, le Christ qui vient nous visiter, Feu et lumière de l’Esprit.

Marie est cette sœur de notre humanité en qui la lumière de Dieu ne s’est pas perdue. En son cœur, en son oui, il n’y eut pas d’obstacle à l’Amour infini.

Marie est aussi la mère qui donne tout ce qu’elle a reçu : avec le fils qu’elle présente et qui s’offre, elle porte la lumière de Pâques dans la diversité des lieux et des invocations : Notre-Dame de La-Clarté, Notre-Dame de Bon-Secours, Notre-Dame de Toute-Aide, Notre-Dame d’Espérance.

Marie est disciple. Elle nous conduit toujours vers le Christ. Au 15 août comme au jour de Pâques nous voulons suivre le Christ dans la confiance et dans la paix. Nous voulons l’écouter avec Marie, le recevoir avec Marie, le porter avec Marie, l’annoncer avec Marie.

C’est le Père Louis-Marie Grignon de Montfort qui disait un jour à des pèlerins : « Vous appelez Marie, mais l’écho vous répond Jésus ».

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Un été de liberté, un été pour servir.

En ce début d’été, j’ai été impressionné par ces jeunes qui m’ont confié leurs projets dans le cadre d’un service d’été : camp scout. MEJ, MRJC ou autres activités de la Pastorale des Jeunes. Ils vivent ainsi ce que nous avons entendu de l’apôtre Paul, le dimanche 30 juin, dans la liturgie : « Vous frères, vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. » (Gal 5,13)

Pour ceux qui ont la chance de vraies vacances, l’été est bien un temps de liberté plus grande, plus détaché des contraintes d’horaire ou de vie professionnelle. C’est le temps des « premières fois » pour les plus jeunes : quitter la maison, dormir sous la tente, partir plus loin dans la famille, vivre un camp.

C’est le temps du don et du service pour ceux qui ont accepté une responsabilité d’encadrement de tous ces camps d’enfants et de jeunes. J’irai les visiter, au moins quelques-uns. Qu’ils soient sûrs que le temps donné n’est jamais perdu, que la vraie liberté, c’est de servir en se laissant conduire par l’Esprit Saint.

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Ils nous aideront à choisir l’Espérance

Ce mois de juin sera marqué par l’ordination de Gaëtan Lormel comme prêtre et David Plantet comme diacre. Venez nombreux le dimanche 23 juin à 15h30 en l’église Saint Michel à Saint-Brieuc.

Il serait peut-être trop facile de les regarder de loin, en train de faire des acrobaties qui susciteraient notre admiration mais aussi notre perplexité. Il serait dommage de les propulser aux avant-postes sans la participation première, essentielle, incontournable de l’ensemble du Peuple de Dieu. Il serait irresponsable de les évaluer au rythme de nos humeurs ou de nos attentes. Nous leur demanderons plutôt ce à quoi ils seront ordonnés : l’Évangile du Christ. Et nous chercherons à en vivre avec eux.

Gaëtan et David sont « de chez nous », mais ils nous seront bientôt envoyés. Ils sont avec nous, mais ils seront pour nous. Ils se présentent à l’Église et au monde comme des serviteurs, à cause de l’Évangile. Ne les mettons pas sur un piédestal, mais pas non plus dans le fossé ! Soyons simplement heureux d’être avec eux des frères et sœurs confiants et participants du même baptême, dans le Christ.

Venez nombreux à leur ordination, le dimanche 23 juin pour « choisir l’espérance ».

+ Denis MOUTEL
Évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

De quoi discutez-vous en marchant ?
Sur le chemin d’Emmaüs … Jésus les a rejoints (Lc 24, 13-35)

J’ai commencé ce mois nouveau par 15 kms de marche à Plounevez-Quintin. C’est le traditionnel circuit des quatre chapelles. Ce 1er mai, fête de Saint Joseph travailleur, marquait aussi l’ouverture du 20ème anniversaire du « Village Saint Joseph ».

De nombreuses personnes ont été relevées, au cours d’un séjour plus ou moins long, dans cette communauté accueillante et priante, joyeuse et pauvre. Rien de mieux que la marche pour ressentir profondément cette fraternité durable.

De Saint Joseph à Sainte Marie, Notre-Dame, nous restons dans la famille ! Ce mois de mai, nous ouvrirons davantage les chapelles pour venir y prier la Vierge Marie, en nous rendant parfois de l’une à l’autre « en visitation ». D’autres vivent une journée paroissiale, au Mont Saint Michel ou à Lisieux, un festival ou une semaine missionnaire.

C’est toujours vers le Christ que nous sommes conduits. Il nous explique ce qui le concerne dans les Ecritures. Mais, avec la Parole de Dieu, ce sont aussi nos compagnons de route qui sont des livres ouverts. Ils sont comme des « sacrements du Christ », frères et sœurs à connaître et à aimer.

+ Denis MOUTEL
évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Le Christ, notre espérance.

Ils sont nombreux ceux qui ont appelé « au secours » ces derniers temps, dans la société mais aussi dans l’Église, en perte de confiance, dans l’attente d’un renouveau.

Les fêtes pascales qui approchent nous conduisent à regarder le Christ qui reçoit tout du Père et qui offre tout. Sa vie donnée est source de salut : « Regarde le Christ, accroche-toi à lui, laisse-toi sauver, parce que ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. », c’est que le pape François dit aux jeunes dans sa toute récente exhortation à la jeunesse qui fait suite au synode sur les jeunes. (Pape François ‘Il vit, le Christ’ – Avril 2019)

Proches des futurs baptisés de Pâques, nous voulons plonger de nouveau aux sources du salut, dans la beauté notre baptême, dans la vie du Christ qui passe la mort pour nous ouvrir à la vie éternelle. Laissons-nous transformer « de la tête aux pieds », de l’onction des sacrements (messe chrismale) au service du lavement des pieds (jeudi saint), de la déroute du reniement à la communion de Pâques.

+ Denis MOUTEL
évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Janvier s’en est allé
Sans être trop pressé
C’était le premier mois,
Épiphanie des rois
Il faisait l’important
De cet an commençant,
Avec ses vœux offerts
Jusqu’en son 31.

Et voici Février
Qu’on ne peut comparer
C’est le mois le plus court,
Il lui manque deux jours !
Son air est bien glacé,
Ce pauvre Février ;
Que nous promet-il donc
Pour n’être pas quelconque ?

Dans l’hiver 54,
L’abbé Pierre veut se battre
C’est le premier du mois
Qu’il soulève l’émoi.
Plus de fatalité,
L’heure est à la bonté.
C’est cela Février,
Ne crains pas d’y entrer !

Et puis aussi le 2,
Qui n’est pas jour de peu,
Puisque Jésus se donne
En son Temple il pardonne.
« Me voici » pour aimer :
Pour cela, je suis né.
C’est cela Février,
Ne crains pas d’y entrer !

Très bientôt vient le 11
Le jour à peine s’allonge.
Mais Bernadette accourt
A la grotte, c’est grand jour !
Car la Vierge bénie
A sa peine a souri.
C’est cela Février,
Ne crains pas d’y entrer !

« Février rigoureux
Effraie les plus frileux »
Mais ce n’est qu’un dicton.
C’est cela Février,
Ne crains pas d’y entrer !

+ Denis Moutel
évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Le défi de la paix

Nous savons que les premières semaines de l’année 2019 seront importantes dans notre pays pour que chacun puisse exercer ses responsabilités dans la recherche du bien commun : quels principes d’équité ? Quelles solidarités et quels devoirs ? Quel renouvellement pour la démocratie, quelle Europe ? Quelle sauvegarde de la planète ?

En vous présentant mes vœux de Bonne et Sainte Année 2019, je veux vous remettre simplement un extrait du message du pape François pour la 52ème journée mondiale de la Paix : il l’adresse aux politiques, mais c’est pour tout le monde !

+ Denis MOUTEL
évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

« … La paix est une conversion du cœur et de l’âme ; et il est facile de reconnaître trois dimensions indissociables de cette paix intérieure et communautaire :

  • La paix avec soi-même, en refusant l’intransigeance, la colère et l’impatience et, comme le conseillait saint François de Sales, en exerçant ‘‘un peu de douceur avec soi-même’’, afin d’offrir ‘‘un peu de douceur aux autres’’ ;
  • La paix avec l’autre : le proche, l’ami, l’étranger, le pauvre, le souffrant… ; en osant la rencontre et en écoutant le message qu’elle porte avec elle ;
  • La paix avec la création, en redécouvrant la grandeur du don de Dieu et la part de responsabilité qui revient à chacun d’entre nous, en tant qu’habitant du monde, citoyen et acteur de l’avenir. … »

(Pape François « La bonne politique est au service de la paix » 1er janvier 2019). [Lire en intégralité]

Lumière de l’Avent pour un temps de crise

Dans le mouvement social en cours, les catholiques sont sollicités : « que dites-vous, que faites-vous ? ». Dans la vie politique, les chrétiens n’entreprennent pas habituellement d’action spécifique : ils sont citoyens, travailleurs, entrepreneurs, acteurs de la vie sociale, avec d’autres.

Pourtant, la pensée sociale de l’Église nous donne de quoi rechercher non seulement les moyens de vivre dignement mais aussi des raisons de vivre. Le temps de l’Avent nous donne quelques mots-clés et les attitudes qui vont avec.

« Restez éveillés » (Lc 21,35). C’est l’appel du premier dimanche de l’Avent. Ne pas s’endormir, ne pas se tenir à côté de la vie réelle de ceux qui peinent. Écouter, s’écouter les uns les autres, essayer de comprendre pour mieux se comprendre. Pour cela, l’Église a toujours souligné l’importance des corps intermédiaires, associations, syndicats, partis politiques, élus…

Pour les croyants, cette vigilance est aussi celle de la prière, car la prière, qui nous met en présence de Dieu, nous rend aussi plus attentifs aux autres.

La justice comme chemin de la paix.

« De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre. » (Isaïe 2,4)

Dans ce texte prophétique, les faucilles et le soc évoquent le travail, mais nous assistons justement à l’exaspération de ceux qui voient stagner le fruit de leur travail tandis qu’augmentent les dividendes versés dans les grandes entreprises ou des salaires déjà très élevés. L’expérience de la précarité et le sentiment d’abandon rendent plus insupportables ces écarts vécus comme des injustices. Il n’y a pas de paix sans justice.

La sauvegarde de la création.

La tentation est grande alors d’oublier les enjeux du climat, au risque d’un mépris des générations futures. Dès maintenant, ce sont les plus pauvres qui souffrent dans le monde du dérèglement climatique. Bien sûr, il faut du temps pour amorcer la « transition énergétique » et en partager les efforts de manière juste. Mais, par la voix du pape François, l’Église nous rappelle qu’on ne peut pas opposer justice sociale et respect de la création :

« Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale. Les possibilités de solution requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature. » (Pape François Laudato Si §139)

Oui, fais Seigneur, que nous te servions, dans la justice et la sainteté, en ta présence, tout au long de nos jours. (Cantique de Zacharie)

+ Denis MOUTEL
évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Dieu appelle en tout temps :
C’est le temps de l’humilité.

Au cours de l’année 2018, les paroles du pape François sur l’Église pourraient sembler contradictoires :

  • « La sainteté est le visage le plus beau de l’Eglise » (Pape François, Exhortation apostolique « Gaudete et exsultate » Rome, 19 mars 2018)
  • « Il est essentiel que, comme Église, nous puissions reconnaitre et condamner avec douleur et honte les atrocités commises par des personnes consacrées, par des membres du clergé, mais aussi par tous ceux qui ont la mission de veiller sur les plus vulnérables et de les protéger. » (Pape François, Lettre au Peuple de Dieu Rome, le 20 août 2018)

Il nous faut tenir ensemble ces deux messages. Parler de sainteté ne signifie pas que l’on oublierait les péchés très graves commis par des membres de l’Église. Beaucoup de personnes du diocèse, dont des prêtres bien sûr, m’ont dit leur souffrance dans la traversée de cette crise. Nous nous sommes dit souvent que c’est d’abord la souffrance des victimes d’abus sexuels qu’il faut écouter : « Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Cor 12,26).

Mais faudrait-il renoncer à annoncer l’Évangile de la Vie ? Faudrait-il renoncer à proclamer la puissance de l’Évangile de la miséricorde ? Non ! Avec la fête de tous les Saints, qui ouvre ce mois de novembre, nous nous rappelons que nous ne pouvons pas jeter par-dessus bord la boussole de la sainteté. Nous nous rappelons, avec le synode diocésain, que nous avons largement de quoi faire pour « choisir l’espérance ».

Les premiers froids d’un automne plutôt hivernal nous ont déjà touchés. Mais c’est aussi le temps de la régénération, de la croissance cachée, c’est le temps de l’humus. Et pour nous, c’est le temps de l’humilité, un temps favorable, pour ne plus revendiquer nos mérites ou nos seules forces mais faire place à Celui « qui est la source de toute sainteté ». (Prière eucharistique N°2).

+ Denis MOUTEL
évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

Thérèse, François et les autres…

Le mois d’octobre commence avec la fête de Sainte Thérèse de Lisieux, le 1er octobre. Quelques jours plus tard s’ouvrira à Rome le synode des évêques sur « les jeunes, la foi et le discernement des vocations ». Il se tiendra du 3 au 27 octobre.

Voici que, le 20 novembre 1887, Thérèse vient demande au pape l’autorisation d’entrer au Carmel. « Allons … allons … vous entrerez si le Bon Dieu le veut ! », lui dit le pape Léon XIII. Et Thérèse vivra cette entrée à peine un an plus tard, à l’âge de 15 ans.

Ils seront un peu plus âgés les 40 jeunes du monde entier qui vivront ces semaines exceptionnelles auprès du pape François et de 300 évêques, avec également quelques auditeurs. Mais l’enjeu est bien le même : comment construire sa vie, comment lui donner sens, comment accueillir les appels de Dieu dans des situations tellement diverses et parfois si éprouvantes pour les jeunes ? Sainte Thérèse dira : « Au cœur de l’Église, je serai l’amour ».

J’ai le sentiment que ce synode va nous étonner. Nous pourrons en suivre le déroulement par de nombreux témoignages et surtout prier pour tous les membres de ce synode et pour la fécondité de leurs travaux.

Notre prière rejoint aussi les nombreux jeunes qui vont s’assembler le samedi 6 octobre à Plérin, à l’invitation de la Pastorale des jeunes de notre diocèse.

Oui, c’est bien cela : Thérèse, François et les autres … tous les autres que notre prière va soutenir durant ce mois d’octobre. Que la Vierge Marie, Notre-Dame d’Espérance porte nos prières pour les jeunes du monde entier.

+ Denis MOUTEL
évêque de Saint-Brieuc et Tréguier

La Conférence des évêques de France (CEF) est constituée de l’ensemble des évêques et cardinaux. Elle se réunit deux fois par an en assemblée plénière, élit un conseil permanent et les présidents de commissions et de conseils. Un secrétariat général est au service de la Conférence pour préparer les travaux et assurer l’exécution des décisions. Dix services nationaux coordonnent l’activité pastorale pour un secteur déterminé de l’Église.

Entretien de KTO
avec Mgr Denis MOUTEL

A l’issue de l’Assemblée Plénière 2010 des Évêques à Lourdes, entretien de KTO avec Mgr Denis MOUTEL, nouvellement évêque. Il aborde sa vocation,  son parcours, et sa mission.

Synode "Choisir l'espérance" (2017)

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Lettre pastorale "Chemins d'espérance" (2022)

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