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Retour sur la conférence de Jean-Marie Petitclerc, prêtre et éducateur salésien

Mardi 26 novembre 2024, le Père Jean-Marie Petitclerc, prêtre et éducateur salésien, a donné une conférence sur la co-éducation au Lycée Marie-Balavenne (Saint-Brieuc), ou comment favoriser le dialogue, faire alliance entre co-éducateurs pour servir le développement intégral du jeune au XXIème siècle. Cette soirée était organisée par la Direction diocésaine de l’Enseignement catholique des Côtes d’Armor dans le cadre d’un cycle de rendez-vous intitulés « Le Printemps des Possibles ».

"La fraternité est un devoir"

« Nous sommes surpris, parfois angoissés, de la montée de la violence dans notre société. Aucun lieu du vivre-ensemble n’est épargné », commence le Père Jean-Marie Petitclerc. « La convivialité et l’éducation sont le fruit de la paix et cela s’apprend. » Le Père Jean-Marie Petitclerc étaye son propos par la figure de Don Bosco, fondateur de la société de Saint-François-de-Sales, qui a imaginé une éducation par la douceur, la confiance et l’amour. « Gérer la violence n’est pas inné. Le recours à la médiation et à l’arbitrage s’apprennent. Aujourd’hui, un des plus grands défis que la société a à relever est celui de l’éducation. »

Le Père Jean-Marie Petitclerc a travaillé quarante ans dans des foyers d’adolescents et comme éducateur de rue. « La culture de la rue est celle de l’entre pairs. Il n’y a qu’un adulte qui peut accompagner un jeune et transmettre des repères. Un adulte est forcément en position éducatif face à un jeune, tout citoyen devrait se sentir concerné ! » L’éducateur salésien a appelé les personnes réunies à la conférence à travailler le concept de fraternité. « La fraternité n’est pas qu’un droit, c’est aussi un devoir. La fraternité est la clé de voûte de notre devise républicaine. Nous devons éduquer à la fraternité, sans cela ce sera la faillite du vivre-ensemble. »

Construire l'alliance parents / enseignants

« Nous connaissons une évolution de la famille avec un primat de l’affectif sur l’institutionnel. Les parents ont de plus en plus de mal à dire non », constate le Père Jean-Marie Petitclerc. Ce dernier observe que si les jeunes sont de moins en moins impressionnés par l’adulte qu’ils ont en face d’eux, ils ont néanmoins besoin de se sentir aimés pour grandir et s’épanouir. L’éducateur salésien a également rappelé que la famille doit être le premier lien d’apprentissage des règles – avant l’école – « mais n’oublions pas que les parents sont d’anciens élèves qui ont eux-mêmes une relation particulière avec l’école ! Un professeur ne convoque pas le parent, il l’invite », sourit-il.

Le Père Jean-Marie Petitclerc a souligné que parents et enseignants ont un même point de départ : vouloir le meilleur pour le jeune. « Un des travaux essentiels de l’éducateur est d’aider le jeune à passer du rêve au projet. C’est au jeune de construire son orientation professionnelle mais accompagnons-le dans son processus de construction. Quand un jeune se questionne sur son orientation, je lui propose de passer à la chapelle avant d’aller au CDI (Centre de documentation et d’information) : pas forcément pour prier mais pour se poser et faire le vide en lui. »

"Obéir ne veut pas dire se soumettre"

Le Père Jean-Marie Petitclerc a rappelé l’importance que le jeune sente que ses parents et ses professeurs ont confiance en lui. « Obéir ne veut pas dire se soumettre. Obéir, c’est écouter une voix qui fait autorité. Jésus a une parole d’autorité car il y a une cohérence entre ses paroles et ses actes. Les jeunes sont sensibles à cela. » L’éducateur salésien a insisté sur le fait que nous ne pouvons éduquer que si on est porteur d’espérance. « Je t’aime comme tu es et pas comme je voudrais que tu sois. Ne confondons pas le champ de la performance et celui de la personne. On ne dit pas la même chose entre ‘ta copie est nulle’ et ‘tu es nul’. Ne jugez pas, pour ne pas être jugés (Mt 7,1) ». 

Au terme de la conférence, un professeur a pris la parole pour dénoncer les dérives de l’intelligence artificielle. « L’Homme a mis des millions d’années à marcher ; aujourd’hui, il y a une accélération des rapports qui va trop vite… » « La révolution à laquelle nous assistons n’est pas que technologique, le rapport aux autres est également différent« , assure l’éducateur salésien. « Les réseaux sociaux ont supprimé toute hiérarchisation. Le savoir n’est pas une somme de connaissances, mais la hiérarchisation des connaissances. Inévitablement, l’école va être bouleversée mais ne subissons pas, soyons acteurs de notre temps ! La qualité de la relation est fondamentale. »

Dernier ouvrage du Père Jean-Marie Petitclerc

Religieux et éducateur engagé de longue date auprès des jeunes, Jean-Marie Petitclerc constate, comme beaucoup d’entre nous, la crise de la transmission qui traverse nos sociétés, brisant parfois le lien entre les générations. On la perçoit à travers des signes multiples : crise dans la culture et dans l’enseignement de certaines connaissances essentielles , crise dans les valeurs sociales communes illustrées par la violence des jeunes , crise aussi dans le domaine religieux avec la difficulté pour les adultes de communiquer leur foi… Face à une telle situation, nombre d’enseignants, d’éducateurs, de parents, de grands-parents et même d’acteurs de la vie publique tirent la sonnette d’alarme. Comment répondre à tous ces défis ? Que pouvons-nous transmettre ? Sur quels éléments positifs s’appuyer ? Jean-Marie Petitclerc propose quelques pistes stimulantes pour incarner cet indispensable passage de témoin.  Jean-Marie Petitclerc est salésien de don Bosco, prêtre et éducateur de terrain.

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