"Diacres pour une Église servante", un article de Serge Kerrien, diacre permanent
A l’occasion de la fête de Saint Étienne, dimanche 26 décembre, premier diacre et premier martyr de la chrétienté, découvrez un article de Serge Kerrien, diacre permanent, intitulé « Diacres pour une Église servante ».
En effet, l’Église a une triple tâche à assurer dans le monde : la Liturgie, l’Annonce de la Parole et la Charité. Ces trois tâches sont essentielles et inséparables. Pour qu’elles soient accomplies, l’évêque d’un diocèse – qui ne peut pas être partout – associe à sa mission des collaborateurs et, de façon spécifique, des prêtres et des diacres. Ces derniers vont prendre une part de sa mission mais toujours selon la modalité du service.
"Diacres pour une Église servante"
Notre Église diocésaine a vécu en septembre l’ordination de trois diacres en chemin vers le sacerdoce ; en octobre, ce fut l’ordination d’un diacre permanent, marié et père de famille. Le rituel d’ordination est le même, sauf une question particulière à l’épouse du diacre marié. Pourtant, nous vivrons deux célébrations d’ordination. Pourquoi ?
La double figure du Christ.
Pour répondre à la question, il nous faut regarder la double figure du Christ, pasteur et serviteur. Jésus lui-même désigne cette double figure : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22,27), « Je suis le vrai berger » (Jn 10, 11). Dans l’Église, Corps du Christ, les dons et les rôles sont répartis pour le bien de tous. Ainsi, les besoins de l’Eglise vont faire émerger deux figures : celle du pasteur, portée par l’évêque et les prêtres ; celle du serviteur, portée par les diacres. La conformation au Christ qui a fait don de sa vie, le service de la Parole, des sacrements et de la charité, exprimés dans la liturgie, disent bien que le ministère du diacre est un ministère de service.
Le service d’abord.
Dans l’Église, tous les fidèles sont appelés à servir ; quelques un seulement (évêques et prêtre) sont ordonnés comme pasteurs ; dans l’Eglise catholique, tous les évêques et prêtres sont d’abord ordonnés diacres. On signifie ainsi qu’on ne peut entrer au service du Christ qu’n empruntant le chemin du serviteur. C’est bien le service qui est premier et chacun, quelle que soit sa place, doit s’en souvenir : il n’y a de pouvoir que celui du service.
Le temps du diaconat.
C’est là que se rend visible la différence entre les deux types de diaconat. Pour les futurs prêtres, le temps du diaconat est une étape vers le ministère presbytéral, car la notion de service ne peut être absente de la vie du prêtre. Exerçant concrètement le diaconat dans les communautés où ils sont insérés, les séminaristes apprennent ce qu’il est : service liturgique, préparation aux sacrements, attention aux pauvres, engagement caritatif. Devenus prêtres, ils ne cessent pas d’être diacres mais ils colorent leur triple ministère de gouvernement, d’enseignement et de sanctification, de leur expérience diaconale du service toujours premier.
Le diacre permanent est appelé à vivre de manière définitive les trois dimensions de la diaconie : service de la Parole, de la charité, de la liturgie. Tout cela en collaboration avec les prêtres et les laïcs. Cet engagement à vie requiert, s’il est marié, l’accord de son épouse. Il vit la plupart du temps son ministère au cœur de monde, en exerçant sa profession. Il témoigne ainsi de la présence attentive de l’Église dans la vie des hommes. Son engagement l’invite aussi à rejoindre les plus pauvres, les malades, tous les blessés de la vie. Et s’il est présent dans la liturgie, ce n’est pas seulement pour proclamer la Parole. Il rappelle à chaque baptisé que l’exercice concret de la charité dit la vérité de nos eucharisties. Il porte aussi dans sa prière l’attention à tous ceux qui souffrent.
Le sacrement de l’ordre, quelque soit son degré, est donc un sacrement pour les autres, avec un accent spécifique que porte le diaconat, qu’il soit permanent ou en vue du ministère presbytéral. L’Église et toute communauté chrétienne ne peuvent que s’enrichir du ministère diaconal, pourvu qu’il soit bien compris et bien mis en œuvre dans une collaboration étroite avec les prêtres et les laïcs, chacun faisant ce qui lui revient.
Ainsi apparaît, pour le service de tous, le double visage du Christ, pasteur et serviteur.
Serge Kerrien
Diacre permanent sur la
paroisse d’Etables-sur-Mer
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