Retour sur le rassemblement KERYGMA visant à dynamiser l'évangélisation en France

• Philippe Portier, « Peut-on parler de la fin du religieux ? »

Le christianisme a-t-il encore sa chance dans le monde contemporain ? Depuis les essors de la modernité, le pouvoir politique et la loi des Hommes ne sont plus tendus vers Dieu mais vers la logique des droits qui nous appartiennent en propre. Le monde devient de plus en plus hétérogène, hétéroclite et pluriel. Plus la modernité s’affirme, moins le religieux a d’importance. Cependant, je voudrais développer cette thèse comme quoi le christianisme a sa chance et a encore une possibilité d’avenir ! L’Église dispose d’un enracinement à travers le réseau des paroisses, des diocèses, des monastères, des écoles privées… L’Église dispose d’une conceptualité susceptible de construire un monde alternatif au sujet de l’écologie, du bien commun… Notre monde d’aujourd’hui est un monde en attente de sens, porteur d’un désir d’épaisseur anthropologique. Comment donner chaire à la nouvelle évangélisation ?

• Mgr Vincent Jordy, « Croyons-nous que Dieu agit dans nos vies ? »

Nous sommes appelés à discerner l’œuvre de Dieu au sein de notre histoire. L’élan missionnaire ne va pas de soi. Une compréhension ambiguë de la liberté religieuse semble faire passer l’évangélisation au second plan. Si l’Église n’annonce plus le Christ, elle disparaîtra car elle n’a été fondée que pour cela. L’Action catholique des années 30 était un point commun entre croyants et non-pratiquants : une culture chrétienne qui rejoignait l’autre. Aujourd’hui, pour l’Homme nouveau, il faut une nouvelle évangélisation. La nouvelle évangélisation, pour être féconde, ne doit pas rechercher les conversions de masse. Celui qui évangélise doit se décentrer de lui-même à l’image de saint Paul. L’évangélisation doit être une voix dans la voie de l’Église.

• Isabelle Morel, directrice de l’Institut Supérieur de Pastorale Catéchétique (ISPC)

Nous avons toujours à comprendre comment parler à nos contemporains. Il est normal de se demander si quelque chose de nouveau est à entendre aujourd’hui. Le fondement de notre tradition, Jésus Christ mort et ressuscité, voilà quelque chose de solide ! Notre tradition ne peut être tournée que vers l’avenir. Le Pape François affirme que le chemin de la synodalité est le chemin que Dieu attend pour le troisième millénaire. Nos actions et nos réflexions pastorales sont liées à nos manières de vivre ensemble et de comprendre notre place dans la société et dans l’Église. Comment proclamer le kerygme de manière audible et en actes crédibles ? Il s’agit de confronter nos pratiques catéchétiques selon nos lieux et modes de vie. C’est indispensable pour être au service de l’évangélisation et de la mission !

• Mgr Bustillo, archevêque d’Ajaccio créé cardinal le 30 septembre 2023 par le Pape François

La nostalgie rouille la mémoire. Certes, il y a des difficultés mais restons optimistes. Nous transportons notre patrimoine ecclésial d’un port à l’autre, d’une rive à l’autre. L’action n’est pas spectaculaire mais elle est efficace. Par cette vision, nous favorisons la communication. Jésus l’avait dit : « Passons sur l’autre rive ». Soyons audacieux ! Comment, en tant que chrétiens baptisés, vivre notre notre mission ? L’Homme moderne oublie la vie : on a perdu le côté gratuit et beau de la vie, l’élévation et la transcendance. Nous, chrétiens, nous ne sommes pas à l’abri de mettre à la première place l’action et la gestion… hémorragie de sens. Dans l’ordinaire, la médiocrité est à nos portes. Les chrétiens ne peuvent pas avoir une vie superficielle.  Le Seigneur doit être replacé au centre de notre vie missionnaire.  Il nous rappelle qu’on ne peut pas se limiter à exister. Nous sommes disciples avant d’être missionnaires. Le disciple se laisse guider, il écoute, il se forme. Nous, chrétiens, nous ne sommes pas là pour donner des leçons. Le Pape François nous provoque mais n’oublions pas que dans « provocation » il y a « vocation ».