Obsèques religieuses. "De nombreuses personnes décèdent sans famille, sans ami"
Roselyne Rebour accompagne bénévolement des personnes décédées seules, sans proches pour les entourer, durant les obsèques religieuses au sein du diocèse de Saint-Brieuc. Parfois méconnue, cette dernière nous explique sa mission ; l’occasion peut-être de faire naître de nouvelles vocations dans l’Église catholique en Côtes d’Armor.
« Je fais partie du Collectif Fraternité Dignité Cimetière qui assure l’organisation d’obsèques dignes et de sépultures décentes en faveur des personnes isolées et/ou sans ressources », explique d’emblée Roselyne Rebour. Organisation laïque, des membres de ce Collectif finissent par l’interpeler au sujet d’un possible accompagnement du ou de la défunt(e) dans une célébration religieuse, la sachant également investie dans sa paroisse.« Un jour, Georges Thomas (responsable diocésain de la Fraternité chrétienne des personnes malades et handicapées) me dit organiser les obsèques religieuses d’une personne seule. Je suis donc partie l’accompagner et le soutenir. Lors de la célébration, il n’y avait que lui de présent… que nous. Quelle image donne-t-on de l’Église ? »
De cette expérience vécue ensemble, Roselyne Rebour et Georges Thomas commencent à réfléchir à ce qu’ils pourraient mettre en place. « Il est vrai que de nombreuses personnes décèdent sans famille, sans ami… Cela s’explique : on rentre de plus en plus tard dans la vie active, parfois loin de ses racines familiales. Une fois à la retraite, quand on revient, on ne connaît plus personne. Finir seul peut arriver à tout le monde. Des personnes en Ehpad n’ont pas toujours d’enfants ou de petits-enfants, parfois ils sont à l’étranger », constate-t-elle. « Ne pourrions-nous pas sensibiliser nos communautés paroissiales afin que le ou la défunt(e) puisse être inhumer dans la dignité ? Pas dans l’anonymat… Quand on est chrétien, on ne peut pas accepter cela, nous ne pouvons pas rester indifférent. Pourquoi ne pas donner 1h de son temps lorsque nous en avons l’occasion ! Nous pourrions activer nos réseaux chrétiens pour toucher des personnes qui n’auraient pas penser à nous rejoindre ».
Roselyne Rebour, qui a notamment été correspondante à Ouest-France en Ille-et-Vilaine, engagée à Radio Alpha et accompagnatrice de jeunes vers la Confirmation, avoue cependant « ne pas toujours penser aux moyens de communication actuels » pour toucher de nouvelles vocations qui seraient intéressées par sa démarche. « Lorsque je dis que je prépare des obsèques religieuses pour des personnes décédées seules, les personnes sont conscientes d’un manque et sont heureuses que cette présence puisse exister », explique-t-elle. « Une présence d’Église est essentielle. Nous ne pouvons pas parler de communauté lorsqu’on enterre un défunt isolé. C’est frustrant… Je suis prête à faire le tour des paroisses pour sensibiliser les guides funérailles. Chaque paroisse ne fonctionne pas de la même façon mais tout guide de prière est en lien avec les pompes funèbres qui pourrait mettre en mouvement des personnes autour de lui », imagine Roselyne Rebour.
Roselyne Rebour a notamment participé à des formations de guide funéraille proposées par le Service de pastorale liturgique et sacramentelle du diocèse de Saint-Brieuc. « J’ai une lettre de mission pour accompagner les cérémonies religieuses, cela ne s’improvise pas. Les formations nous forgent, elles nous font grandir dans notre foi et dans notre façon de cheminer. La bonne volonté ne suffit pas, se former est indispensable ! », assure-t-elle. « Les formations nous donnent un cadre, elles nous rattachent au diocèse. J’aurais passé toute ma vie dans une mission d’Église, mes engagements ecclésiaux ont été les meilleurs moments de ma vie. Cela m’aura permis de relativiser, ma foi me porte. »
Roselyne Rebour aimerait qu’une petite équipe d’accompagnement se mette en place sur le diocèse de Saint-Brieuc afin que soient accompagnées les personnes qui décèdent seules. « Je dis souvent que les gens qui passent du temps à faire du bien aux autres font de leur vie une œuvre d’art. J’utilise souvent cette expression lorsque je dois faire un commentaire d’Évangile. C’est vrai que quand on prépare des funérailles, on entre dans l’intimité de la famille. On fait attention aux mots qu’on emploie. S’occuper des obsèques est une belle aventure, c’est une aventure sacrée », conclut-elle. « C’est un beau cadeau que Dieu m’a fait en m’emmenant là, nous recevons de beaux témoignages. Ce sont les personnes que nous rencontrons qui nous font avancer. »
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