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Actualité

« A Pâques, nous ne célébrons pas des rites mais un Mystère »

Alors que nous fêtons Pâques cette année le dimanche 20 avril, nous sommes allés rencontrer la Communauté du Chemin Neuf installée au sein de l’Abbaye de Boquen, à Plénée-Jugon, afin qu’ils nous parlent de la philosophie de leur mouvement. Vous souhaitez en savoir plus ? Rejoindre la communauté pour une fête liturgique et/ou une retraite spirituelle ? Contact : Communauté du Chemin Neuf – Abbaye Notre-Dame de Boquen, 22640 Plénée-Jugon. Téléphone : 02 96 30 22 36 – Site : www.abbayedeboquen.fr

Comment la fête de Pâques fait sens pour vous au sein de votre Communauté ?

« L’Œcuménisme est important dans notre spiritualité communautaire. Or, c’est un heureux et très exceptionnel hasard des calendriers (1), ou plutôt un don de la Providence qu’en 2025 la fête de Pâques célébrée par les Catholiques et les Protestants coïncide avec celle fêtée par les Églises orthodoxes et orientales : quelle chance ! », souligne Sœur Denise, responsable de la Communauté du Chemin-Neuf à Boquen. « Nous aurons à cœur à Boquen d’essayer de le signifier d’une manière ou d’une autre dans la liturgie du Triduum pascal. D’autant plus que c’est aussi l’année où toutes les confessions chrétiennes célèbrent les 1700 ans du premier Concile œcuménique de Nicée et la promulgation du Credo, symbole et patrimoine vivant de notre foi commune. »

« C’est certes un moment rare dans le calendrier liturgique mais rappelons-nous que nous sommes appelés à célébrer la fête de Pâques tous les jours », sourit le père Serge Clémenté. « Le Seigneur ne nous attend pas sur une date en particulier !  Un jour, au terme d’une retraite spirituelle, une dame nous a dit être née à Boquen ! » Témoin de ce témoignage vécu sur place, Sœur Denise ajoute : « Oui, nous pouvons vivre plusieurs ‘pâques’ dans notre vie. Il n’est pas rare que des retraitants disent avoir touché du doigt, ici à l’abbaye, l’œuvre de Miséricorde et de Résurrection de Jésus, et être passés d’une certaine forme de mort à une vie nouvelle. Mystère que nous célébrons plus particulièrement lors de la Semaine Sainte, mais qui reste effectivement à accueillir et à vivre chaque jour. »

« Durant les retraites spirituelles proposées à l’Abbaye, la Communauté et les retraitants aiment revenir aux fondamentaux, aux sacrements du Baptême et de l’Eucharistie, cela encourage chacun à vivre la Pâques durant toute l’année », insiste le père Serge. « Ainsi, seul, en couple ou en famille, les chrétiens sont amenés à vivre, comme à Boquen, des réconciliations profondes et des guérisons intérieures. »

(1) Catholiques et Protestants fêtent Pâques suivant le calendrier grégorien adopté par le pape Grégoire XIII, en 1582, et l’es Églises Orientales et Orthodoxes suit le calendrier julien, introduit par Jules César en 46 avant Jésus-Christ.

Comment vivez-vous concrètement la Semaine Sainte à Boquen ?

« En essayant humblement, comme beaucoup d’autres chrétiens, de soigner autant que possible la liturgie à partir du rituel proposé par l’Église. Par exemple, le Jeudi Saint pour le lavement des pieds : notre frère Serge enlève ses vêtements liturgiques. Il se revêt d’un simple tablier bleu qui nous sert habituellement pour les travaux ménagers, et lave les pieds de douze personnes, enfants, jeunes ou adultes », explique Sr Denise. « Il prend son temps en donnant une parole personnelle à chacun : c’est un geste très simple et en même temps très beau, très profond. En cette fête qui commémore et actualise l’institution de l’Eucharistie par Jésus lors de la Cène, nous ne pouvons pas oublier de prier, tout particulièrement avec amitié et compassion fraternelle, pour tous ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas communier parce qu’empêchés par leur situation de vie, ou par une impossibilité extérieure comme l’absence de célébration, l’isolement, un climat de tension politique… » A cela, Sr Christa précise qu’il n’y a pas de liturgie à Boquen, le Samedi Saint. « Nous restons dans l’attente. C’est important d’essayer de durer dans le silence et la solitude, d’accepter un certain vide, sans s’agiter trop vite pour préparer la célébration de la Vigile Pascale. »

« Il y a une quinzaine d’années, j’étais en Martinique pour animer avec mes frères et sœurs du Chemin Neuf une retraite spirituelle lors de la Semaine Sainte », se souvient Sr Denise. « Ils ont eu la bonne idée, pour aider à vivre le Samedi saint, de construire une sorte de tombeau vide où les personnes, et même des familles entières, pouvaient librement entrer pour se recueillir en silence, prier ensemble, prendre un temps de réconciliation. Nous étions invités à accueillir le silence, l’absence de Jésus mort, le vide du tombeau… Cette expérience, les échanges et les témoignages qui ont suivi m’ont bouleversée. Plusieurs ont partagé avoir pu réaccueillir dans le tombeau une expérience douloureuse de mort vécue, dans un climat de douceur et d’apaisement profond : pour une mère, la mort prématurée d’un bébé ; pour un couple, la mort d’un enfant, d’un conjoint, ou une rupture conjugale brutale. C’était très émouvant de sentir combien le rapprochement inattendu de ces témoignages autour de la mort et de la séparation étaient, sans exception, accompagnés d’une grâce presque palpable d’onction de réconfort et d’espérance. Jésus, dans le silence de son absence, avait agi dans les cœurs et les âmes. Cette célébration m’a beaucoup marquée. À Pâques, nous ne célébrons pas des rites mais nous accueillons un Mystère. Il est important de nous attacher à la personne de Jésus. Lui qui, au matin de Pâques, est venu nous dire que les épreuves, les souffrances et la mort n’ont pas le dernier mot ». C’est là toute notre espérance et notre foi.

Témoignages

Alix, membre de la Communion du Chemin Neuf, émue par la figure de Violette Dorange, benjamine du Vendée Globe 2025 devenue la plus jeune à terminer cette course. « Elle est passée de la grande solitude en mer à une arrivée dans une foule en exaltation qui la célébrait autant que le vainqueur… Elle était bouleversée par cet accueil. La population s’est donné les moyens de célébrer le retour de chaque navigateur, du premier au dernier et pas seulement du premier arrivé !  Jésus aussi était présent à tous, pour les derniers, pour les plus petits. »

Sœur Christa, membre de la Communauté du Chemin Neuf. « Quand j’étais jeune, j’ai participé au GBU (groupe œcuménique biblique universitaire). J’y ai vraiment ressenti que Jésus était mort pour moi. Dieu me tendait sa main et Il attendait que je la saisisse. Il y a eu un avant et un après. Pâques a une symbolique importante pour moi. J’aimerais que les personnes vivent cette fête aussi intensément que moi, qu’une parole puisse les toucher. Jésus transforme et redonne la vie, nous avons tous à vivre cette rencontre personnelle. »

Guillaume, membre de la Communauté du Chemin Neuf. « Les paroles d’il y a 2.000 ans sont très actuelles. Entre 2017 et 2018, nous avons passé un an en famille au Centre international de formation animé par la Communauté du Chemin Neuf à Saragosse, en Espagne. Pendant la Semaine Sainte, nous avons participé à un Chemin de Croix populaire, théâtral. Cela m’a permis de prendre conscience de mes péchés, du mal que l’on fait. Et quelque part de faire le lien avec les propos d’une victime libérée après que le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame se soit volontairement substitué à elle comme otage : Un homme est mort pour que je vive.’ Pour Jésus, c’est exactement ça. »

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