Retour sur la soirée "Démocratie" avec Edmond Hervé
Jeudi 28 novembre, s’est tenue une soirée d’études et d’échanges sur le thème « La démocratie au défi de ce temps » au lycée Sacré-Cœur, à Saint-Brieuc avec comme invité Edmond Hervé, ancien maire de Rennes et ancien ministre. Introduite par Mgr Denis Moutel, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, la soirée fut animée par Dominique Chapron, rédacteur-en-chef de RCF Côtes d’Armor.
Extraits marquants
« Le sujet qui m’a été proposé est vaste. Quand on est face à un tel sujet, et qu’on est en 2019, il faut déjà essayer de cerner le contexte », débute en ces termes Edmond Hervé. « Pour notre pays aujourd’hui, la morosité et la crise l’emportent sur l’espoir et l’espérance ». Edmond Hervé s’est dit frappé du nombre « d’intellectuels ou de journalistes qui écrivent de façon si pessimistes »… soulignant aussi « la méfiance » que portaient les citoyens à l’égard « des élus, des autorités, des médias, des élites, des institutions ».
« Il faut que nous essayions d’aller de l’avant mais des gens ne veulent pas », a-t-il déploré, appelant à ne pas « se contenter d’une nation divisée ». Celui-ci s’est dit également « sidéré » par le nombre d’individus qui « annoncent la fin du monde », « les collapsologues ». Edmond Hervé a appelé à lutter contre le « grand effondrement », comme annoncé par ce mouvement basé sur l’étude de la chute de la civilisation industrielle et de ce qui pourrait lui succéder ; « idée qui est aujourd’hui internationale ».
Edmond Hervé a développé son point de vue concernant le fonctionnement-même de la démocratie qui ne peut marcher sans institution ni cadre. Certes, « les normes – quelle que soit les sociétés – ont été démultipliées mais si on déconstruit, c’est l’anarchie et la loi du plus fort s’imposera », a-t-il prévenu, prenant comme exemple la construction de l’Union Européenne, « fruit d’une grande intervention » à travers notamment la décision forte d’adopter une monnaie unique, alors même que « l’Allemagne était très attachée au Deutsche Mark ».
Edmond Hervé a appelé à la préservation de la Terre, notre maison commune, aussi bien à travers une vraie politique écologique mais aussi à travers l’importance du travail digne. « La Terre est notre humanité où doit se vivre une conjonction de solidarités ». L’ancien maire de Rennes a questionné l’assemblée, extrapolant volontairement son propos : « Est-ce tolérable qu’à quelques heures d’avion de Saint-Brieuc, on meurt de faim ? », ramenant le débat autour des questions d’immigration. « Il existe différentes raisons de migrer : regroupement familial, droit d’asile… Ce sont des droits humains ». Edmond Hervé a enjoint d’« aller de l’avant » et, par conséquent, « ne pas faire de l’autre un bouc-émissaire ». « Pour aller de l’avant, il faut que nous retrouvions la boussole car elle donne un cap, une orientation ».
« Avec les Gilets Jaunes, nous n’avons jamais autant entendu parler de démocratie directe », se souvient-il. « Mais il faut continuer à défendre la démocratie représentative et délibérative car cela permet de conférer une responsabilité »… tout en rappelant que les citoyens sont, certes, « attachés à la démocratie sans pour autant faire de politique », soulignant ainsi une contradiction. « Notre premier devoir, quand on croit à la démocratie, est de croire en nos assemblées délibérantes. »
En parallèle, Edmond Hervé a appelé les politiques à se remémorer « les textes et les valeurs » qui les animent lorsqu’il s’agit de donner du sens à leur décision. « En quoi cette décision apporte-t-elle à la personne humaine ? Pas à l’individu ! Terme de que je trouve exécrable… Mais bien à la personne humaine », mettant en exergue la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. L’ancien ministre a appelé à « remettre de la justice sociale au cœur du débat et préparer l’avenir en permettant à chacun de prendre sa part ».
Edmond Hervé a souhaité s’exprimer sur le terme de « fraternité » que l’« on retrouve dans la trilogie républicaine ». « J’entends dire parfois que c’est un concept philosophique qui n’aurait pas de modèle juridique et qui se limiterait à un comportement qui ne crée pas d’obligation. Comment faire alors un droit du travail ou un droit de la famille sans qu’il ne soit inspiré par la fraternité ? Il y a des idées qu’il faut débattre et des idées qu’il faut combattre », a-t-il appuyé en prenant l’exemple de cette phrase souvent entendue : « C’était mieux avant ». « Sur le statut de la femme, il n’y a pas de match », a-t-il rétorqué.
« Si vous vous intéressés à la démocratie, ne soyez jamais découragés. Le vie politique est de faire vivre les valeurs républicaines. Faisons vivre les engagements et ne soyons pas spectateurs. » – Edmond Hervé.
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