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L’évangélisation à l’école de Madeleine Delbrêl

Le 18 novembre dernier, une journée de formation a permis à ceux qui le souhaitaient de réfléchir en quoi la vie de Madeleine Delbrêl et sa pensée peuvent inspirer des chemins d’évangélisation pour notre temps. Un article d’Annick Bertho, membre de l’équipe des Amis de Madeleine Delbrêl 22.

Trente personnes étaient réunies à la Maison Saint Yves, à Saint-Brieuc. Cette journée avait été préparée par l’équipe Madeleine Delbrêl du diocèse. Il s’agissait de se mettre à l’écoute de cette laïque de la première moitié du XXème siècle qui, avec deux amies, a choisi au nom de l’Évangile, de « vivre parmi les pauvres et les incroyants » dans la banlieue rouge d’Ivry-sur-Seine. Par son expérience et ses intuitions missionnaires, Madeleine Delbrêl a marqué le concile Vatican II. Elle est encore source d’inspiration aujourd’hui, pour de nombreuses personnes qui veulent vivre une vie authentiquement évangélique au cœur du monde. L’intervenant était le Père Bernard Pitaud, ancien professeur de l’Institut Catholique de Paris, qui a beaucoup travaillé ses écrits. Il a très vite conquis son auditoire tant il est imprégné de la vie et de la spiritualité de Madeleine Delbrêl.

Si Madeleine Delbrêl avait au cœur le feu de la Mission, elle n’avait pas de stratégies de conquête. Elle a vécu son témoignage de chrétienne au plus près des gens qu’elle rencontrait, dans la rue, dans la foule du métro, dans son travail d’assistante sociale, auprès de ses équipes et de ses nombreux engagements. Il s’agissait pour elle, non « pas d’agir pour le Christ mais d’être le Christ » au milieu des gens. Pour cela, le premier travail de l’évangélisateur est de s’évangéliser lui-même par une lente transformation à l’écoute de La Parole de Dieu, méditée quotidiennement. C’est en « vivant le Christ » que l’on devient missionnaire, c’était le secret de Madeleine Delbrêl. C’est d’ailleurs ce que dit encore aujourd’hui le pape François à savoir que chacun(e) est appelé(e) à se convertir pour rendre le Christ plus visible dans sa vie et ainsi de le communiquer : « Une fois que nous avons reçu la Parole – écrit Madeleine Delbrêl – nous n’avons pas le droit de la garder, nous appartenons dès lors, à ceux qui l’attendent. »

Quelle était l’attitude de « l’éblouie de Dieu » (c’est ainsi que Madeleine Delbrêl se nommait elle-même après sa conversion) qu’elle était, par rapport à ceux qui ne partageaient pas sa foi ? Madeleine Delbrêl participait aux nombreuses actions de solidarités, avec eux (entr’autres avec la municipalité communiste qui l’avait embauchée) tout en restant authentique : elle refusait systématiquement tout compromis avec sa foi. Elle a ainsi inauguré un nouveau type de relation missionnaire, basé sur la rencontre, l’écoute, le dialogue, l’amitié.

Et par rapport aux « pauvres » si nombreux, dans les usines et dans les HBM (Habitation Bon Marché, qui précède nos HLM) d’Ivry-sur-Seine à l’époque, qu’est-ce qui l’animait ? Ce n’était pas une prise de position sociale ou politique, qui la poussait ; Madeleine Delbrêl allait vers eux et les soutenait, parce que c’est eux, que Jésus, le Christ, aimait, en premier.

« Missionnaires sans bateaux, réveillés de notre torpeur, vers quelles terres sans Dieu, irons-nous, par quelles routes, avec quel message ? » – Madeleine Delbrêl

« S’il y a un lieu qu’il faut quitter, c’est notre lieu chrétien qu’il soit, seulement nous ou tout un noyau social. » – Madeleine Delbrêl

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