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Retour sur la rencontre Terres d’Espérance 2022 à Châteauneuf-de-Galaure

Comment proposer, dans la grande diversité du monde rural d’aujourd’hui, la joie de l’Évangile ? Quel avenir pour l’Église, quelles formes de présence chrétienne inventer ? Comment nous faire proche et nous mettre à l’écoute de ceux qui nous entourent, plus particulièrement en ces temps de bouleversements et de crise sanitaire, économique, écologique, humaine, et proposer la lumière de l’espérance chrétienne ? C’est pour cela que les évêques de France ont initié le projet « Terres d’Espérance », rencontre nationale s’est déroulée en avril dernier dans la Drôme afin d’aborder ces questions, partager des initiatives, de nous rencontrer et de se mettre ensemble à l’écoute de l’Esprit Saint.

Délégation diocésaine à Terres d’espérance 2022

A l’origine, des évêques ont souhaité ce rassemblement national de l’Église en rural. Dès 2017, les diocèses ont été sollicités pour entrer dans une dynamique d’observation des réalités de leur territoire ; 300 initiatives ont ainsi été remontées, expériences variées de chrétiens engagés, de groupes d’Eglise, de mouvements… Après deux reports du rassemblement pour causes sanitaires, ce sont plus de 500 personnes qui ont enfin pu se retrouver à Châteauneuf-de-Galaure du 24 au 26 avril 2022 : trois jours d’immersion, dans la très grande diversité des acteurs de l’Eglise en rural. La délégation de notre diocèse comptait 9 participants, dont Mgr Denis Moutel.

Du message d’ouverture des évêques, retenons ce passage de Mgr Laurent Le Boulch évoquant le besoin d’une Église qui soit ferment de fraternité, dans des campagnes où s’affrontent parfois des visions opposées, et qui doivent composer aujourd’hui avec l’arrivée de néoruraux. Dans une table ronde sur le dynamisme des communautés chrétiennes, Mgr Yves Le Saux relatait une prise de conscience à l’issue d’un synode diocésain : « la présence ecclésiale a évolué : le repère n’est plus la paroisse-le curé, mais les chrétiens qui sont là, dans la proximité simple ». Des champs d’expérimentations sont à défricher ; il n’y a pas de modèle unique reproductible. Ici, on tente « les nouvelles missions », pour « aller vers »… Là, on expérimente des fraternités presbytérales… Garder le souci de la charité proche (deuils, précarités, fragilités), ainsi que celui de partager la Parole et la prière, même quand il n’y a plus la possibilité d’avoir la messe… Il faut oser inventer, saisir les opportunités des circonstances.

Les tables rondes et les nombreux ateliers offraient de découvrir des initiatives de personnes, d’associations… où transparaissaient des valeurs chrétiennes, parfois des engagements en Église :

  1. Dans un diocèse on se soucie d’une pétition contre la mise en place d’un CADA (centre d’accueil de demandeurs d’asiles) dans un village. Une mobilisation dans la durée, et élargie, pour réunir toutes sortes de compétences, a conduit à une mise en scène adaptée du petit prince de Saint-Exupéry, jouée par les migrants et des acteurs du monde culturel local (lycéens). Toute une expérience de déplacement personnel et spirituel pour les personnes impliquées…
  2. Un ingénieur agronome se détourne d’un parcours professionnel dans lequel il s’est trouvé en opposition de valeurs. Embauché ensuite comme directeur d’une ADAPEI, il s’ouvre à la richesse de la relation avec les personnes handicapées mentales, et se confronte à la gestion de leurs ateliers de maraîchage. De fil en aiguille, il va devenir la cheville ouvrière du projet alimentaire territorial de la région de Tarbes, expérimentant le défi de faire dialoguer les nombreuses parties prenantes, y compris les cadres des sanctuaires de Lourdes.
  3. Dans la table ronde sur les défis agricoles, les témoins ont situé leurs engagements en Église : l’un est diacre, engagé avec sa femme dans la préparation au mariage, un autre est engagé dans les journées paysannes… Leurs convictions influencent leurs choix professionnels :
  • Accueil pédagogique sur la ferme, et projet d’ateliers pour des personnes en voie de sortir de prison.
  • Choix liés au respect de l’environnement
  • Choix de la vente directe pour retrouver un lien avec le consommateur.
  • Recherche d’un équilibre humain (temps de travail, relations sociales).

En concluant les échanges, l’animateur soulignait la difficulté actuelle de la profession à se réunir pour écrire un vrai projet, agricole, alimentaire, énergétique.

Plusieurs temps de célébration nous ont réunis dans la chapelle du foyer de charité Notre Dame de Galaure (dont l’histoire est liée à celle de Marthe Robin). De jeunes musiciens ont accompagné ces temps spirituels, mais aussi les pauses (avec de la musique folk). La convivialité n’était pas en reste, avec une soirée consacrée au spectacle « au commencement le vert était dans la pomme »

Et maintenant ? La délégation de notre diocèse se reverra en septembre pour définir un projet qui aiguise notre attention aux réalités de « nos terres d’Espérance en Côtes d’Armor » !

Reportage de KTO sur place

Du 22 au 24 avril, près de 500 personnes avaient rendez-vous à Châteneuf-de-Galaure pour trois journées de dialogue et de prière sur le thème de la ruralité. Avec 80% de la population française vivant sur 20% du territoire, les milieux ruraux représentent des enjeux importants pour l’Église : évangéliser, faire vivre les communautés avec moins de prêtres, répondre aux problématiques environnementales. Un reportage de KTO TV.

Aller plus loin

  • Discours d’ouverture de Mgr Jacques Habert, évêque de Bayeux-Lisieux

Extraits. « Un appel à la responsabilité, il faut ici s’entendre sur le terme de responsabilité. Ce n’est pas d’abord la responsabilité qui nous écrase et nous culpabilise. Certes nous sommes convoqués à cette vigilance. Je parle ici de la responsabilité de celui qui prend la mesure du trésor qu’il possède. Ce trésor je le prends au § 77 de Laudato Si : L’amour de Dieu est la raison fondamentale de toute la création. Par conséquent, chaque créature est l’objet de la tendresse du Père, qui lui donne une place dans le monde. […] Notre rassemblement terres d’Espérance porte toute cette dimension de la proposition de la foi, de l’évangélisation, de la présence de l’Église et des chrétiens dans des lieux souvent pauvres en ce domaine.

  • Discours de Mgr Laurent Le Boulc’h, évêque de Coutances et d’Avranches, au sanctuaire de Châteauneuf-de-Galaure

Extraits. « Après des dizaines d’années où les populations se sont toujours plus éloignées du rural, les villes attirant de plus en plus jusqu’à devenir de gigantesques mégapoles, voici que, dans notre pays, un autre mouvement a commencé à s’engager, accéléré par le confinement. […] Terres d’espérance, notre rassemblement en est un signe lui aussi. Il y a, ne serait-ce que cinq ans, je ne suis pas certain qu’une telle initiative aurait vu le jour. Le rural alors n’attirait pas beaucoup les regards, y compris dans l’Église catholique. Bien des raisons peuvent expliquer ce regain d’intérêt : la crise écologique, la saturation des villes, le besoin de retrouver pieds et de respirer, la résistance à l’accélération… Chers amis, le rural est de retour, mais un défi majeur l’attend pour qu’il soit terre d’espérance. »

  • Zoom sur les initiatives locales

Dans chaque diocèse français, des groupes de chrétiens sont porteurs d’initiatives pastorales innovantes ayant pour but de maintenir une dynamique communautaire et de vivre la mission de l’Église en rural. Vous trouverez sur le site officiel de la Mission de l’Église en rural un certain nombre d’expériences porteuses d’espérance, qui ont pour vocation à être partagées.

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