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Retour sur le pèlerinage en Provence, "première évangélisation de la Gaule"

Du 22 au 27 mai 2023, s’est déroulé un premier pèlerinage en Provence, « première évangélisation de la Gaule », proposé par le service des pèlerinages du diocèse de Saint-Brieuc. Pour mieux connaître l’histoire de l’évangélisation de la Provence par des contemporains du Christ et nous recueillir devant des édifices remarquables, pour mieux comprendre l’actualité du message du Christ à travers la sainte Baume, Aix-en-Provence, Cotignac, les Saintes Maries de la Mer, Le Thoronet, Senanques, l’abbaye saint Victor, Jean Cassien…

Photos du pèlerinage en Provence

Pèlerinage en Provence - Mai 2023

© Anne Buchon, Service diocésain des pèlerinages

Témoignage de Jacqueline Amirand, pèlerine

Quel beau pèlerinage nous a organisé le Diocèse de Saint Brieuc… un pur bonheur… Dès l’accueil dans le car, à 3h du matin, le ton était donné : nous savions que le maître-mot de ce voyage serait la convivialité. Beaucoup de gentillesse, de chaleur humaine se dégageaient parmi tous les participants. Après avoir traversé toute la France en diagonale et une belle journée de voyage, nous sommes enfin arrivés, heureux de pouvoir nous restaurer et surtout prendre un repos bien mérité.

Rando à la Sainte-Baume. Quel bonheur d’assister à la messe dans cet endroit magique rempli d’histoire où Marie-Madeleine, la Sainte de la Miséricorde citée 18 fois dans les évangiles, est envoyée annoncer aux disciples la résurrection de Jésus devenant ainsi l’Apôtre des apôtres et la première femme missionnaire de la Bonne Nouvelle. La grotte est d’abord une curiosité géologique : sa barre rocheuse a surgi des fonds marins à l’ère secondaire. La grotte naturelle est devenue un des lieux de pèlerinage les plus anciens du monde chrétien. Sainte Marie-Madeleine comme Jésus à Nazareth y aurait vécu 30 années de vie cachée. C’est dans cette Sainte Baume qu’elle a trouvé refuge à son arrivée en Provence.

Nous avons continué de suivre Marie-Madeleine en visitant la Basilique de Saint-Maximim, le tombeau de Marie-Madeleine. Suite à la découverte des reliques de Sainte Marie-Madeleine par Charles II d’Anjou et de leur authentification par le Pape Boniface VIII, la Basilique fut érigée dès 1295 pour accueillir des foules de pèlerins. C’est la plus belle et la plus grande basilique gothique de Provence. Il se dégage de l’ensemble une grande homogénéité de style et une parfaite harmonie. Les reliques de Marie-Madeleine y sont entreposées dans la crypte.

Journée à la découverte de certains des édifices remarquables à Marseille. Le site le plus emblématique, c’est évidemment Notre Dame de la Garde. Un guide nous attendait à « la Bonne Mère » pour nous expliquer ses origines et son histoire. La Basilique a été construite sur un ancien fort militaire qui lui sert d’assises en remplacement d’une chapelle construite en 1214. Cet emplacement lui donna son nom puisque au sommet de cette colline se trouvait une vigie. C’est l’architecte Jacques Espérandieu (un nom prédestiné ?) qui la réalisa en style romano-byzanthin.Elle fut consacrée en 1864.

Point culminant surplombant la ville de Marseille, notamment le Vieux-port et la maison du « fada », la « Bonne Mère » offre une vue imprenable sur la mer et sur les îles du Frioul au Sud (où nous apercevons le Château d’if qui en 1634 devint une prison d’État). Il hébergea certains prisonniers célèbres dont Mirabeau et, le plus célèbre d’entre eux évidemment, c’est Edmond Dantès, ou Comte de Monté Christo. Mais nous sommes à Marseille et la fiction rejoint très souvent la réalité puisque l’on peut y visiter sa cellule qui a été classée monument historique en 1926. Eh oui, la magie de la Provence, c’est aussi ça !). Le nom de « Bonne Mère » lui fut donné au cours des siècles par les pèlerins qui se mettaient sous sa protection. C’est sous ce nom peu protocolaire mais lourd de signification que les Marseillais continuent de la vénérer. Elle fut couronnée le 21 juin 1931 devant 300.000 personnes. L’édifice est construit sur six niveaux et comprend même un restaurant. Quelle séquence émotion cette matinée dans cet endroit plus que magique pour la régionale que je suis… ! Oh Ma Bonne Mère… ! Comme j’étais heureuse de te revoir. Je reviendrai, je dépéris sans toi…

L’après-midi, descente à pied pour ceux qui le pouvaient (en car pour les autres) de la « Bonne Mère » vers l’atelier de la fabrique des santons Marcel Carbonel ouvert depuis 1935. La fabrication ainsi que toutes les décorations des santons et accessoires sont réalisées exclusivement à la main à l’aide de gouaches fabriquées dans leurs ateliers à Marseille. Ce travail minutieux est réalisé par de véritables artistes.

Ensuite, direction pour une jolie visite de l ‘abbaye Saint-Victor : elle est édifiée sur les tombes des martyrs chrétiens du IIIe siècle et très certainement celle de Saint Victor, martyr de la persécution romaine vers 304. La basilique est l’un des plus anciens monuments religieux de Marseille, datant de 440. Au XIe, construction de l’église supérieure. Développement du culte des martyrs, des Saints et de la Vierge Noire. Notre Dame de Confession, dont on peut admirer la statue dans la crypte, est vénérée particulièrement durant les fêtes de la Chandeleur. La crypte est remplie de trésors que nous avons eu la chance de visiter. Au XVIIIe siècle, l’abbaye devient laïque et, par la suite, se voit dépouillée de ses trésors : ses reliques sont brûlées, son or et son argent servent à battre des monnaies, les bâtiments deviennent une prison et (selon les dires), c’est grâce à cela que l’édifice est encore debout aujourd’hui, faute de quoi il aurait été rasé. La ville de Marseille et le Ministère des Affaires Culturelles entreprennent des fouilles et restaurent l’église pour lui donner son aspect actuel, dotée d’un maître d’autel en pierre et bronze. Au début des années 1960, des fouilles sont organisées à l’abbaye et une restauration complète est entamée. Depuis 1968, l’abbaye est devenue le musée d’art chrétien du 1er millénaire le plus important en Provence. Attachée à l’histoire de Saint Victor, on trouve la légende des navettes. Ce sont des biscuits traditionnels marseillais liés aux fêtes de la Chandeleur particulièrement célébrées en cette église. La forme de ces navettes serait une évocation de la barque qui aurait amené sur le rivage du Lacydon les premiers évangélistes (calanque du Lacydon qui forme aujourd’hui le vieux-port). Ces biscuits sont encore de nos jours cuits dans le four datant de 1781 que l’on peut visiter dans la plus ancienne boulangerie marseillaise à proximité de la basilique Saint-Victor. Nous avons eu la chance de les goûter, elles sont dé-li-cieu-ses (parole de cannoise). Dommage, quelques personnes n’ont pas apprécié la fleur d’oranger et les biscuits un peu estouffaga !

Ensuite petite promenade autour du vieux-port qui est une calanque naturelle, et découverte de l’avenue de la Canebière pour ceux et celles qui ne la connaissaient pas. Elle tire son nom du provençal canebe (chanvre), ce nom apparaît en 1667 lors de travaux ordonnés par Louis XIV. Ensuite après cette journée magique, retour à l’hôtel pour un bon repas préparé par les frères dominicains qui nous accueillaient dans leur hôtellerie.

Le matin, direction l’Abbaye de Sénanque, une des quatre sœurs cisterciennes fondées en Provence en 1148 après le Thoronet, Aiguebelle et Silvacane. L’abbaye appartient à un ordre monastique puissant porté par l’aura de Saint Bernard. La communauté suit la règle de Saint-Benoît et vit du travail des Frères : culture du lavandin, oliveraie, rucher, visite de l’Abbaye, hôtellerie et boutique monastique permettent de subvenir aux besoins de la communauté, mais surtout de faire face aux lourdes charges d’entretien et de restauration de l’Abbaye de Sénanque. Nous avons pu assister à la messe avec les frères. Quel beau moment ils nous ont offert…

L’après-midi, en route pour le Palais des Papes en Avignon. Il constitue le plus important édifice gothique de l’occident chrétien construit durant cette période et témoigne de la présence des neuf papes qui vont se succéder en Avignon au cours du XIVe siècle. L’Italie, à cette époque, n’était pas unifiée (le processus d’unification s’est conclut le 17 mars 1761) et était divisée par des luttes intestines. Rome était peu sûre, la grande insécurité qui régnait à l’époque avait contraint le pape à quitter la ville sainte. La construction du Palais des Papes s’effectue en mois de 20 ans, de 1335 à 1352. Elle est l’œuvre principalement de deux papes bâtisseurs : Benoît XII qui fait construire le premier palais pontifical (dit palais vieux) et Clément VI qui fait édifier de nouvelles extensions (dit palais neuf). Un guide nous a donné toutes les informations concernant ce mythique édifice. Les historiens ont souligné le creuset qu’il représenta pour les artisans et artistes venus de l’Europe entière qui y confrontaient leurs savoirs. Sur ses murs, demeurent de spectaculaires décors qui constituent un panorama de la peinture du XIVe siècle. C’est dans cette confrontation de cultures que l’on peut trouver une explication au rayonnement que le palais exerça en son temps. Cette fascination a traversé les siècles et attire encore des milliers de visiteurs venus du monde entier pour admirer ce monument incomparable.

On ne part pas d’Avignon sans faire un détour pour admirer le pont d’Avignon, ou pont Saint-Bénezet. Construit à partir du XIIe siècle, il facilitait la traversée du Rhône. En revanche, il permettait de contrôler efficacement le trafic et prélever les droits de péage, conformément au rôle de poste-frontière entre l’État pontifical et le Royaume de France qui lui était dévolu. Apparemment les crues du Rhône et les guerres sont à l’origine de la destruction d’une partie du pont. Un pont qui ne va nulle part, c’est assez original. Les Avignonnais l’ont fait… et on vient le voir du monde entier.

Belle journée en Arles. La communauté d’Arles est l’une des premières de la Gaule avec la présence d’un évêque attestée dès 254. Nous avons visité la très belle anciennement cathédrale d’Arles qui est dorénavant église paroissiale. Elle obtiendra un temps le rang de primatiale des Gaules et demeurera siège d’un archevêché jusqu’à la Révolution. Ensuite, nous sommes allés découvrir les richesses du cloître Saint-Trophime. Notre guide était particulièrement bien renseignée sur cette merveille et nous a transmis sa passion pour ce bel édifice. Construit en plein Moyen-Age (entre le XIIe et le XIVe siècle), Saint-Trophime est classé Monument Historique et Patrimoine mondial de l’Unesco. Il est construit pour une partie en art gothique et l’autre en art roman. Les deux premières galeries romanes présentent des sculptures d’une exceptionnelle qualité, véritables fleurons de l’art roman provençal. L’édifice sera complété au XIVe siècle par deux autres galeries de style gothique.

L’après-midi, petit espace-temps récréatif au musée de l’Arles antique. Impressionnant de voir ce que nos ancêtres nous ont laissé. Le musée départemental Arles antique, qui abrite des collections exceptionnelles, est devenu un haut lieu du patrimoine culturel des Bouches-du-Rhône. Situé près des vestiges du cirque romain, au bord du Rhône, le musée offre à ses visiteurs une large vision de l’archéologie d’Arles et de ses environs du Néolithique à l’Antiquité tardive. Un musée n’est pas seulement une collection de beaux objets, il a pour projet de faire découvrir et comprendre le passé. Nous avons toutes les réponses en sortant de ce musée.

Je reviens de ce pèlerinage des étoiles plein les yeux et plein le cœur. J’y ai fait de merveilleuses rencontres dans ce groupe si généreux en belles harmonies. Que du bonheur, tout le monde ensemble sur un même chœur, un seul groupe uni.

Le pèlerinage avait été organisé afin que le culturel se mêle harmonieusement et judicieusement avec le religieux. J’étais dans une région très chère à mon cœur et je l’ai découverte d’une autre façon, très enrichissante. Le religieux est très présent en Provence et il rend cette région encore plus attrayante et attachante à la Cannoise de cœur que je suis. Je l’aime encore bien plus maintenant… Les beaux enseignements que nous avons reçus pendant les trajets sur les différents sites, les beaux rêves du Père Jean Le Rétif (accompagnateur spirituel du Service diocésain des pèlerinages) m’ont aidée à comprendre les interrogations de ma nouvelle existence, désormais ici en Bretagne. J’ai compris pourquoi j’étais ici : je veux être la petite fleur jaune du châtelain… Je sais que quelqu’un comprendra ce que cela veut dire… Merci de m’avoir aidée.

Merci à Madame Anne Buchon, secrétaire des pèlerinages, et Monsieur Jean-Luc Strugarek, directeur des pèlerinages, pour la très belle organisation logistique de ce voyage. Merci, merci, merci.

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