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Se former à la laïcité pour mieux comprendre le cadre législatif

Vendredi 20 février 2023, une journée de formation autour de la laïcité s’est déroulée à la Maison diocésaine de Rennes en présence de laïcs en mission dans différents services et mouvements de l’Eglise catholique. Plusieurs Costarmoricains engagés au sein de la catéchèse, de la pastorale des jeunes, de l’aumônerie de l’enseignement public ou issue de l’enseignement catholique ont participé à ce temps-fort.

Qu’est-ce que la laïcité ?

« Le cadre philosophique et législatif est, pour beaucoup, méconnu et insuffisamment partagé. Faute de compréhension, la raison est dépassée par le subjectif et l’émotion favorisant les crispations, les tensions, les approximations et les réactions juridiquement inappropriées », soulignent en introduction de la journée les organisateurs. « En réponse à cela, une journée de formation commune ouverte à tous, à la demande des responsables des services de l’aumônerie de l’enseignement public. Pour certains, c’est une nouvelle approche, pour d’autres une piqûre de rappel, et pour tous une journée de compréhension. »

La laïcité garantit la liberté de conscience. De celle-ci découle la liberté de manifester ses croyances ou convictions dans les limites du respect de l’ordre public. La laïcité implique la neutralité de l’État et impose l’égalité de tous devant la loi sans distinction de religion ou conviction. La laïcité garantit aux croyants et aux non-croyants le même droit à la liberté d’expression de leurs croyances ou convictions. Elle assure aussi bien le droit d’avoir ou de ne pas avoir de religion, d’en changer ou de ne plus en avoir. Elle garantit le libre exercice des cultes et la liberté de religion, mais aussi la liberté vis-à-vis de la religion : personne ne peut être contraint au respect de dogmes ou prescriptions religieuses. La laïcité implique la séparation de l’État et des organisations religieuses. L’ordre politique est fondé sur la seule souveraineté du peuple des citoyens, et l’Etat —qui ne reconnaît et ne salarie aucun culte— ne régit pas le fonctionnement interne des organisations religieuses. De cette séparation se déduit la neutralité de l’Etat, des collectivités territoriales et des services publics, non de ses usagers. La République laïque impose ainsi l’égalité des citoyens face à l’administration et au service public, quelles que soient leurs convictions ou croyances.

Retour sur les interventions

  • Abbé Jean Joncheraie, prêtre du diocèse d’Angers, sociologue et spécialiste de la sociologie des religions et en théologie pratique

L’abbé Jean Joncheraie a pris la parole en début de matinée afin de redonner le contexte de la laïcité. « De plus en plus controversée, la Loi de séparation des Églises et de l’État (1905) est toujours en vigueur aujourd’hui avec, aujourd’hui, quelques aménagements. C’est une loi ancienne qui permet d’assurer la liberté de croire et de ne pas croire. » Celui-ci a souligné avec force que « séparation [entre Églises et État] ne veut pas dire ignorance ou opposition ». L’abbé Jean Joncheraie a questionné l’assemblée à plusieurs reprises, montrant toute la complexité du débat : « Qu’est-ce que le religieux aujourd’hui et comment le nommer ? Le religieux est-ce seulement en référence aux religions ? Il y a-t-il du religieux en-dehors des religions ? » Celui-ci a néanmoins rappelé que la laïcité n’était pas une « exception française » mais une « version française d’un débat beaucoup plus large » visant à « régler les relations entre religions et sociétés ». Se former à la laïcité, un des fondements de la République française, permet ainsi de « passer d’une laïcité d’incompétence à une laïcité d’intelligence » ayant pour but de se « défaire d’une ignorance envers les religions qui ne conduit qu’à une défiance mutuelle ». L’abbé Jean Joncheraie a expliqué qu’on peut « tout à fait évoquer le fait religieux dans l’espace laïc. Ce n’est plus le culte qui est reconnu mais la liberté de croire ou non » ; rappelant qu’en France, « c’est grâce au cadre juridique de la laïcité que les diverses opinions peuvent s’exprimer ». En conclusion de son intervention, ce dernier a appelé à ne pas faire de la laïcité une philosophie. « Pour moi, la laïcité reste quelque chose de positif mais à ne pas utiliser comme un porte-drapeau contre les religions. »

  • Abbé Armand Guézingar, prêtre du diocèse de Quimper, professeur à l’Université catholique de l’Ouest et au séminaire Saint-Yves de Rennes

L’abbé Armand Guézingar a quant à lui souligné que « la loi de 1905 exprime la rencontre d’une juste séparation du pouvoir ». Pour celui-ci, « le débat n’est pas entre religion et politique mais entre temporel et spirituel ». L’abbé Armand Guézingar a rappelé aux participants que « nous ne naissions pas chrétiens, nous le devenions par le baptême » ; favorisant ainsi « l’émergence d’une conscience morale personnelle ». Celui-ci a insisté sur le fait que « la politique a un rôle à jouer dans la participation de tous » au projet de société, chrétiens compris ; s’opposant cependant à l’idée qu’il puisse avoir « une politique ou une économie chrétienne », seulement « une manière chrétienne de faire de la politique et de l’économie ». L’abbé Armand Guézingar a ainsi conclu son propos en rappelant que la « dignité humaine repos[ait] sur la liberté de croire ou non » mais que seule « la liberté religieuse amen[ait] la paix véritable ».

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