Retour sur l'Assemblée diocésaine du 25 novembre 2023 au Sanctuaire de Querrien
L’Assemblée diocésaine, qui s’est déroulée au Sanctuaire Notre-Dame de Toute-Aide à Querrien (La Prénessaye) le samedi 25 novembre 2023, avait pour thème « La mission entre inconfort et audace ». Les participants ont pris plusieurs temps de témoignage et d’approfondissement en tablées durant la journée avant une mise en commun en assemblée. L’après-midi, les échanges se sont poursuivis sur le thème « Quel pas de plus pour la transformation missionnaire en notre diocèse ? » en tablées et en assemblée.
Mot d’introduction de Mgr Denis Moutel (extraits)
« Prendre sa place dans la mission de l’Église, c’est revenir sans cesse à celui qui nous envoie en mission : Jésus, le Christ. Je vous invite à vivre cette assemblée diocésaine comme une vraie rencontre avec le Christ. Le pape Benoît nous dit l’importance de cette rencontre dans les premières lignes de ‘Dieu est amour’ : ‘A l’origine du fait chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée mais la rencontre avec un événement, avec une Personne qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive.’ […] L’audace est ce don de l’Esprit Saint qui nous conduit à espérer demain, même si aujourd’hui a été un terne. L’audace, nous la recevons ensemble parce que nous ne sommes pas seuls, nous formons tant bien que mal l’Église du Christ qui continuer de s’assembler, qui n’arrête pas d’initier les plus jeunes ou qui ne connaissent pas le Christ. L’audace, c’est de rester ensemble alors que nous aurions parfois des raisons de nous disputer plus encore que ce que nous faisons. […]
Avec l’inconfort et avec l’audace, il y a l’expérience de l’amour que nous avons reçu, l’expérience d’être regardé, d’être sauvé. Nous croyons que ces gestes de salut et ces paroles de bienveillance ont une source : nous sommes insérés dans un amour qui vient du Père et qui retourne au Père dans le Christ. Bien sûr, il s’agit là d’un regard de foi. […] Il s’agit d’entrer dans un regard spirituel, de discerner ce que Dieu opère dans l’histoire d’aujourd’hui et dans nos communautés. Il s’agit de découvrir comment l’Esprit Saint nous conduit. Nos rendez-vous diocésains, comme cette assemblée, nous aident à nous inscrire dans ce mouvement de l’amour de Dieu pour tous ses enfants. Au terme de cette assemblée, nous n’aurons peut-être pas trouvé des solutions ou des recettes pour nous aider dans la mission, là où nous sommes. Mais nous aurons laissé grandir en nous un espace pour l’espérance et nous aurons peut-être mieux appris à discerner l’Esprit Saint à l’œuvre. Et cela dilate le cœur et cela donne de la joie ! »
Questions débattues en tablées durant la journée :
* Qu’avons-nous reconnu comme fruits de cette expérience, en quoi est-elle porteuse d’Évangile ?
* Quels sont les ingrédients qui ont contribué à cette dynamique ?
* A quelle expérimentation concrète nous sentons-nous appelés « pour avancer sur le chemin d’une conversion pastorale et missionnaire » ? (Evangelii gaudium n°25)
* Quelles sont les coopérations possibles et les ressources utiles au sein du diocèse de Saint-Brieuc pour aller plus loin ?
De KERYGMA à l’assemblée diocésaine
En amont du rassemblement KERYGMA, qui s’est déroulé en octobre 2023, « il y a eu une première période autour d’une équipe d’une dizaine de personnes de différentes pastorales appelée par Mgr Moutel à se retrouver pour échanger sur l’évangélisation dans notre diocèse, sur ce qui bouge… Quelles sont les petites pousses ? Quels sont nos freins ? Qu’est-ce qui est en train de mourir et qu’est-ce qui est en train de naître ? », a expliqué Jennifer Airault, responsable diocésaine du Service de catéchèse et de catéchuménat. « Ces échanges ont fait l’objet de remontées au niveau de la Province ecclésiastique de Rennes, puis au niveau national. Beaucoup de diocèses en France ont joué le jeu de cette première étape, ce qui a permis de fournir de la matière au rassemblement KERYGMA que nous avons vécu à Lourde il y a un mois. »
Ce que confirme Anaïs Merdrignac, adjointe au Service de catéchèse et de catéchuménat du diocèse de Saint-Brieuc. « La délégation Costarmoricaine a rassemblé une cinquantaine de personnes aux profils très variés par les pastorales mais aussi les territoires géographiques. Avec cette assemblée diocésaine, nous rentrons dans une nouvelle phase : celle de la transmission à nos frères et sœurs de ce qu’on a découvert et travaillé ensemble… et apporter du grain à moudre à notre mission ! » Jennifer Airault a mis en parallèle le rassemblement KERYGMA et l’assemblée diocésaine, véritables « démarches synodales ». Ces démarches invitent les participants « à regarder ce qui est en train de se vivre, à porter ensemble la mission de l’évangélisation et à être des témoins ».
« C’est le mouvement qui permet l’équilibre », a pris la parole Angèle Guinard, paroissienne de Lamballe et membre de l’équipe épiscopale. « Le maître-mot des petits pas est l’audace ! »
« Notre mission première est de témoigner »
« Dans nos paroisses, dans nos communautés paroissiales, il est important que nous comprenions pourquoi nous n’osons pas assez », a interpellé Hervé Guévellou, diacre permanent et délégué général du diocèse de Saint-Brieuc depuis le 1er septembre 2023. « C’est important de prendre de la hauteur pour comprendre pourquoi nous n’osons pas davantage dans l’innovation. Nous avons entendu l’expérience des petits pas, de ne pas attendre d’être au top pour se lancer dans des initiatives nouvelles et d’oser créer », a-t-il encouragé les participants. « L’essentiel est de revenir à la source de Qui fait notre foi et de ne pas oublier qu’avant d’être un organisme bien structuré, nous sommes appelés à être des disciples missionnaires ancrés au Christ. Notre mission première est de témoigner, c’est important qu’on se le redise durant cette journée en assemblée. »
Hervé Guévellou a donné trois axes en début de journée :
- Une communauté qui part en mission, c’est le temps des audaces
- Une communauté qui fait corps, c’est l’idée de la co-responsabilité
- Une communauté qui vit ensemble, c’est la dimension de la fraternité
Hervé Guévellou a souligné l’importance de la formation des EAP (équipes d’animation pastorale) avec notamment cet axe important de travailler sur les assemblées paroissiales, « un axe fort qui était dans la lettre pastorale ‘Chemins d’espérance’ de notre évêque. Nous pouvons souligner que le 18 novembre dernier, s’est tenue une grande assemblée pour la Communauté pastorale du Pays de Guingamp ». S’est également mise en place une équipe missionnaire d’accompagnement sur ces paroisses, « signe fort de synodalité au service d’un nouveau projet pastoral à imaginer ». Ces éléments concrets marquent « une volonté d’avancer ». « Il reste encore beaucoup à faire mais ce rappel révèle que le diocèse de Saint-Brieuc est bien en marche », a rappelé Hervé Guévellou. « Il nous faut surtout apprendre à marcher ensemble en se rappelant toujours le but premier de cette marche : le Christ. »
Nous avons beaucoup parlé de périphéries : les périphéries ne sont pas que des lieux géographiques, il peut y avoir des périphéries sociales et spirituelles. Un autre point d’attention dans cette lettre était de passer du pouvoir au service au nom de notre baptême. Cette lettre encourage aussi à une plus large participation de tous, quel que soit notre vocation, mais aussi à de nouvelles formes de fraternité et de proximité. C’est l’idée, bien sûr, de la synodalité. Une insistance pour ne pas oublier les pauvres et tous ceux qui se sentent marginalisés, exclus.
Réflexion théologique de Mathieu Colin
« L’Église n’a pas seulement une mission, elle est mission. Elle est envoyée. Son identité, elle la tient du Christ. Dire que l’Église est mission, cela veut dire qu’elle n’est ni la source ni le but, l’Église existe pour quelque chose… mais pour quoi ? L’Église est mission, elle n’existe pas pour elle-même mais pour évangéliser, pour nous conduire tous vers le Royaume. Le Pape François parle des conversions à vivre dans les paroisses, en adoptant un renouvellement missionnaire :
‘J’imagine un choix missionnaire capable de transformer toute chose afin que les habitudes, les styles, les horaires, le langage et toute structure ecclésiale devienne un canal adéquat pour l’évangélisation du monde actuel, plus que pour l’auto-préservation. La réforme des structures, qui exige la conversion pastorale, ne peut se comprendre qu’en ce sens : faire en sorte qu’elles deviennent toutes plus missionnaires, que la pastorale ordinaire en toutes ses instances soit plus expansive et ouverte, qu’elle mette les agents pastoraux en constante attitude de “sortie” et favorise ainsi la réponse positive de tous ceux auxquels Jésus offre son amitié. Comme le disait Jean-Paul II aux évêques de l’Océanie, « tout renouvellement dans l’Église doit avoir pour but la mission, afin de ne pas tomber dans le risque d’une Église centrée sur elle-même.(La joie de l’Évangile, n°27)
Le comité d’organisation des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) 2023 avait souhaité faire un geste pour la sauvegarde de l’environnement au terme du rassemblement à Lisbonne, au Portugal ; geste encouragé par le Pape François. « Pour compenser quelque peu l’empreinte carbone des jeunes qui ont parcouru le monde cet été, il avait été proposé de planter un arbre dans chaque pays et chaque lieu où nous nous trouvons. Nous sommes donc rassemblés aujourd’hui au Sanctuaire de Querrien autour de cet arbre, un érable du Japon », a expliqué Mgr Denis Moutel. La plantation est intervenue au début d’après-midi, quelques instants avant la reprise des travaux en assemblée diocésaine, en la fête de Sainte Catherine. « A la Sainte Catherine, tout bois prend racine », dit le dicton.
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